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À mon avis

Collaborer avec l’association étudiante en temps de crise

Le dialogue ouvert et le respect mutuel facilitent grandement la résolution des différends entre les groupes étudiants et l’université.

par KATHRYN LEBLANC | 19 AVRIL 18

La nature des relations entre les associations étudiantes et les administrateurs universitaires est bien curieuse. Les deux parties sont confrontées à de nombreux enjeux communs, mais elles semblent souvent choisir des points de vue divergents. Lorsque le sujet est délicat, il arrive que le ton monte et que le débat se transporte dans les médias.

Pendant mes études à l’Université d’Ottawa, j’ai dirigé les communications de l’association étudiante. Ce poste m’a permis de beaucoup réfléchir aux moyens de rapprocher ces deux parties. J’ai donc formulé les cinq conseils suivants, qui aideront les administrateurs à bien se préparer à collaborer avec l’association étudiante de leur université :

  1. Tisser des liens étroits avec les leaders étudiants

Les échanges avec les leaders étudiants doivent idéalement commencer bien avant les crises. Lorsqu’une relation existe déjà entre les parties, la communication est beaucoup plus facile en période de crise.

Je vous conseille de prévoir une réunion annuelle avec l’association étudiante dès que son équipe est formée. Pendant cette rencontre, vous pourrez vous informer des priorités définies par les étudiants pour l’année ainsi que de leurs plans de préparation aux situations de crise et de relations avec les médias. Tisser des liens forts avec le responsable des demandes des médias s’avérera stratégiquement avantageux pour votre équipe. Cette relation peut reposer sur des échanges avec le président de l’association ou un employé à temps plein. Vous pouvez par ailleurs proposer aux leaders étudiants une séance de formation sur les relations avec les médias, offerte par votre personnel de direction.

En situation de crise de relations publiques, vous pourriez offrir à l’association étudiante les conseils stratégiques de votre bureau des relations avec les médias. Les offres de collaboration sincères sont toujours bien accueillies – lorsqu’elles ne sont pas présentées avec condescendance. Les leaders étudiants apprécieront probablement vos conseils, surtout s’il s’agit d’une situation qui attire l’attention du pays tout entier.

  1. Comprendre la culture de l’association étudiante

Les associations étudiantes ne sont pas toutes pareilles. Certaines sont affiliées à des organisations nationales, comme la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, et d’autres sont indépendantes ou relèvent d’associations régionales. Bon nombre d’entre elles sont de tendance progressiste et se réclament de la gauche. D’autres se rapprochent du centre.

Au terme de l’année universitaire, je vous recommande de demander aux leaders étudiants sortants quelles répercussions leurs échanges avec l’administration ont eues sur leur travail. Le journal de l’université est également une mine de renseignements sur la culture de l’association étudiante. Vous pouvez même remonter au contenu publié au cours des cinq dernières années.

  1. Faire un suivi des médias

Pour rester au fait des sujets qui intéressent l’association étudiante, suivez ce que publient les médias régionaux, les journaux du campus et les comptes de médias sociaux de l’université. Attardez-vous aux groupes Facebook et comptes Twitter appelés « Aperçu à [votre université] » ou autre variante.

Vous pouvez aussi surveiller les associations étudiantes d’autres universités. Si un mouvement pour les énergies propres prend naissance dans un établissement voisin, l’association de votre université pourrait lui emboîter le pas. Connaître les dossiers qui mobilisent vos étudiants vous aidera à vous préparer à collaborer avec l’association. Le résultat sera optimal si vous êtes au courant des développements et prenez les devants pour échanger avec les leaders étudiants sur le sujet.

  1. Faire de l’association étudiante une alliée (pas une ennemie)

En plus de défendre les droits de leurs membres, les associations étudiantes comptent des dizaines, voire des centaines, d’employés et gèrent des millions de dollars. Les conflits entre les associations et leurs universités peuvent s’éterniser et dégénérer. Si vous entretenez déjà des liens solides avec les leaders étudiants, vous aurez plus de facilité à gérer ensemble les situations de crise. L’association étudiante pourra également vous fournir des renseignements précieux.

Par ailleurs, soyez conscient du rapport de force inégal qui existe, par exemple entre un recteur et un représentant étudiant dans la vingtaine. Évitez à tout prix les gestes hostiles, qui peuvent dans ce contexte exacerber le conflit. Les associations étudiantes cherchent pour la plupart à ébranler les structures racistes et patriarcales. Elles analysent vos actions dans une perspective de justice sociale. Prendre conscience de cette réalité vous aidera à ne pas attiser les tensions avec l’association étudiante.

  1. S’appuyer sur les études de cas

Année après année, les mêmes sujets animent les campus universitaires : avortement, liberté de parole, accessibilité, frais de scolarité, agressions sexuelles, santé mentale et autres. Si vous prenez connaissance des études de cas sur ces sujets, vous pourrez vous préparer à tous les scénarios possibles. Vous devrez peut-être vous pencher sur d’autres éléments pertinents à votre université ou dans votre région.

  1. Ne pas s’immiscer dans les affaires internes de l’association

Les dirigeants universitaires ne devraient pas commenter les affaires internes des associations étudiantes. Si un scandale touche un leader étudiant ou un employé de l’association, il vaut mieux ne pas vous en mêler. Si on vous questionne, expliquez que l’association étudiante possède sa propre structure de gouvernance et que la situation ne relève pas de l’administration de l’université.

Les relations entre les universités et les associations étudiantes n’auront jamais rien d’un long fleuve tranquille. Toutefois, le dialogue et la collaboration peuvent aplanir les différends. Pour améliorer la communication, les administrateurs doivent traiter avec respect les membres de l’association et leur offrir suffisamment de ressources. Si une crise de relations publiques touche votre établissement, vous pourrez vous appuyer sur vos liens étroits avec l’association étudiante et votre analyse des études de cas pour gérer efficacement la situation.

Kathryn LeBlanc est vice-présidente, services et communications, de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa. Son mandat d’un an se termine en mai.

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