Passer au contenu principal
À mon avis

La pandémie de COVID-19 nuit à la santé mentale des doctorants

Voici trois mesures que les universités canadiennes peuvent adopter pour améliorer la situation.

par MEGAN DOUGLAS | 30 DÉC 20

Lorsque j’ai commencé mon doctorat il y a trois ans, j’étais loin d’en imaginer les répercussions sur ma santé mentale. Avant la pandémie, je me trouvais déjà stressée et isolée à cause de mon travail. Quand la COVID-19 a frappé, cette situation a été exacerbée; en plus de devoir me passer de mes amis et de mon thérapeute, j’étais inquiète de ne pas pouvoir payer mon loyer, terminer mon programme à temps et trouver un emploi après l’obtention de mon doctorat.

Je ne suis pas la seule qui éprouve des difficultés : au Canada, les problèmes de santé mentale sont à la hausse chez les étudiants aux cycles supérieurs. Selon une étude récente menée dans 45 établissements d’enseignement canadiens par le Réseau torontois en matière de politiques scientifiques (TSPN), près de 75 pour cent des étudiants à la maîtrise et au doctorat, toutes disciplines confondues, ont rapporté un déclin de leur santé mentale lié à la pandémie. Ces étudiants se sentent fortement stressés, anxieux, déprimés et accablés. Les risques de maladie mentale sont encore plus élevés chez les femmes et les étudiants issus des groupes sous-représentés, dont les personnes de couleur et les membres de la communauté LGBTQ. Les universités pourraient en faire beaucoup plus afin d’aplanir les obstacles auxquels leurs étudiants font face : seulement 39 pour cent des personnes ayant participé à l’étude du TSPN croient que leur établissement offre un soutien suffisant en matière de santé mentale. Voici trois mesures que les universités canadiennes peuvent adopter pour améliorer la situation.

Services de counseling en mode virtuel

Même si beaucoup d’universités canadiennes offrent des services de counseling sur les campus, peu d’entre elles ont réagi assez rapidement pour offrir du soutien professionnel à distance (p. ex. par téléphone ou Skype). Les universités doivent veiller à ce que tous les étudiants puissent avoir accès gratuitement aux services d’un thérapeute à distance, et les professeurs doivent inciter les étudiants à demander ce soutien avant l’apparition des signes de maladie mentale, et non après. Grâce à cette démarche proactive, le soutien en matière de santé mentale pourra mieux atténuer le stress et l’anxiété avant l’apparition de problèmes.

Davantage de rencontres accrues avec les superviseurs

Pour les doctorants, le travail à distance signifie moins de rencontres individuelles avec leur superviseur. Puisque ces rencontres ont lieu à distance, les superviseurs ont de la difficulté à évaluer le bien-être des étudiants. Certains superviseurs croient qu’il ne leur incombe pas de s’informer du bien-être mental des étudiants et d’offrir du soutien à cet égard, ou qu’ils n’ont pas les compétences pour le faire. Or, pour de nombreux doctorants, ces rencontres sont la seule occasion d’échanger avec un membre du corps professoral. Les appels peuvent leur servir à exprimer leurs difficultés et leurs frustrations, et à demander de l’aide. Les superviseurs devraient envisager d’accroître les contacts et d’en modifier l’objectif afin de sortir du cadre de l’orientation et de s’intéresser au bien-être des étudiants. Les superviseurs eux-mêmes sont bien sûr aux prises avec une charge de travail sans précédent. Nombre d’entre eux risquent l’épuisement professionnel et n’ont sans doute ni le temps ni l’énergie de s’occuper de leurs étudiants adéquatement. Par conséquent, les universités doivent aussi prêter attention aux besoins en matière de santé mentale de leurs professeurs.

Équilibre travail-vie personnelle exemplaire

Bien que de nombreux professeurs respectent les directives en matière de santé de leur établissement, entre autres sur le port du masque et la distanciation sociale, il leur reste beaucoup à faire pour montrer l’exemple sur le plan de l’équilibre travail-vie personnelle. Le télétravail est devenu la norme durant la pandémie, et il peut être difficile de respecter un horaire lorsque la distinction entre la semaine et le weekend s’estompe. De nombreux collègues m’ont affirmé avoir déjà reçu des courriels de leur superviseur en soirée ou le samedi. Les superviseurs adaptent probablement leur horaire en fonction des défis liés au télétravail, par exemple en essayant d’équilibrer la correction des travaux et l’éducation à domicile de leurs enfants. Cependant, ces heures de travail irrégulières peuvent donner l’impression aux étudiants qu’ils doivent faire de même et les mener à l’épuisement. Professeurs et superviseurs doivent prendre conscience du stress qu’ils peuvent engendrer chez les étudiants en ne respectant pas un horaire de travail défini.

En raison de la pandémie de COVID-19, la maladie mentale est à la hausse chez les doctorants canadiens. Les universités doivent apporter des changements institutionnels qui améliorent l’accès des étudiants à des services de counseling en mode virtuel. Elles doivent aussi inciter les superviseurs à accroître leurs contacts avec les étudiants et à donner l’exemple en ce qui concerne l’équilibre travail-vie personnelle. Avec la pandémie et le travail à distance qui se poursuivent, il est plus important que jamais que les universités offrent un soutien en matière de santé mentale adéquat et proactif à leurs étudiants aux cycles supérieurs.

Megan Douglas est une doctorante canadienne à l’Université d’Édimbourg. Elle mène une étude sur la santé mentale des chercheurs pour le Centre de recherches pour le développement international du Canada.

COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *