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Parole aux leaders

La voie vers la réconciliation

Les nouveaux engagements d’Universités Canada à l’égard de la vérité et de la réconciliation forment un document évolutif.

par CYNTHIA WESLEY-ESQUIMAUX | 01 SEP 23

En juin 2015, David Barnard, alors recteur de l’Université du Manitoba et président du conseil d’administration d’Universités Canada (éditrice d’Affaires universitaires), avait présenté publiquement les 13 nouveaux principes de l’association en matière de réconciliation. Ceux-ci étaient appuyés par ses quelque 90 membres. Par l’adoption de ces principes, les administrations et les corps professoraux des universités canadiennes s’engageaient à faire en sorte que les personnes autochtones soient pleinement représentées à tous les niveaux des établissements d’enseignement du pays et à tenir compte de leurs besoins et de leur vision pour un avenir meilleur.

Les principes visaient notamment à : multiplier les possibilités offertes aux étudiant.e.s autochtones à tous les échelons des établissements; reconnaître l’importance de l’autochtonisation des activités de formation, entre autres par la modernisation de leurs programmes d’études et de soutien et des activités d’accueil et méthodes pédagogiques; reconnaître l’importance d’un leadership pédagogique autochtone en améliorant la représentation au sein de la structure de gouvernance ainsi que parmi les corps professoral, professionnel et administratif; favoriser les partenariats avec les établissements d’enseignement et les collectivités autochtones locales; et continuer à favoriser la consultation et la collaboration pour répondre aux besoins des étudiant.e.s autochtones.

« Nous avons déjà entrepris la décolonisation de nos universités en intégrant les savoirs, les points de vue et les visions autochtones dans nos programmes et nos services, et en offrant une formation pertinente aux personnes qui enseignent à notre population étudiante et qui interagissent avec elle. Lorsque la compréhension des cultures des personnes des Premières Nations, métisses et d’autres peuples autochtones sera acquise sur tous les campus, un véritable changement s’opérera non seulement au sein de l’université, mais également dans les multiples sphères sociales qu’elle influence », avait expliqué M. Barnard dans une lettre d’opinion publiée dans plusieurs journaux en 2015.

Les principes représentaient un cadre pour l’engagement et le changement à tous les paliers. Ils visaient à stimuler la participation des étudiant.e.s autochtones et la création d’espaces pour enseigner l’histoire autochtone, mettre en lumière les événements contemporains, protéger les langues et mettre en avant la culture autochtones Ils comprenaient également une volonté de soutenir les universitaires autochtones, garantissant leur représentation au sein de postes décisionnels et d’autorité.

Toutefois, la route n’a pas été facile : la discrimination et les stéréotypes sont coriaces. Les personnes autochtones et l’administration des universités ont dû admettre certaines failles dans les décisions d’embauche. On sent toujours un manque de sécurité culturelle, et le personnel et les universitaires autochtones subissent les contrecoups de ce que beaucoup voient comme une inclusion forcée des exigences en matière de savoirs et de contenus autochtones. On a constaté certaines nominations douteuses et remis en question les origines autochtones de certaines personnes partout au Canada.

Malgré tout, nous avons connu de belles réussites. En avril 2023, les membres d’Universités Canada ont renouvelé leur engagement à l’égard de la vérité et de la réconciliation ainsi que leur désir d’atteindre un équilibre et de bâtir une relation de réciprocité. Puisque bien des traités canadiens sont considérés comme évolutifs par les personnes autochtones, les nouveaux engagements le seront aussi. Au-delà de l’inspiration, c’est un pas vers la véritable réconciliation. Pour que nos efforts mutuels portent leurs fruits, les relations entre les universités, les gouvernements fédéral et provinciaux, la population canadienne et les personnes autochtones doivent subir un profond changement.

En renouvelant leurs engagements à l’égard de la vérité et de la réconciliation, les universités affirment leur détermination à : respecter et à intégrer l’expertise, les savoirs et les cultures autochtones aux politiques, aux structures et à la gouvernance; encourager la réussite étudiante des personnes autochtones; travailler à l’autochtonisation de l’enseignement et de l’apprentissage; privilégier une approche de recherche coopérative, mutuellement bénéfique et basée sur le respect; créer des partenariats solides avec les collectivités autochtones; et soutenir les personnes autochtones au sein des universités canadiennes.

Les réalités de l’oppression et de la discrimination prolongées n’ont pas été faciles à accepter pour bien des gens et certain.e.s ignorent encore l’histoire des personnes autochtones au pays et les sévices infligés sous le couvert de l’éducation. Il y a beaucoup à réparer. Personne n’a dit que la voie de la réconciliation serait sans embûches.

Les nouveaux engagements sont le fruit d’un travail collaboratif entre les administrations, les corps professoraux (dont moi-même, depuis l’Université Lakehead) et les membres de communautés autochtones. Le projet est enthousiasmant et nous avons confiance qu’ensemble, nous pouvons y arriver.

À PROPOS CYNTHIA WESLEY-ESQUIMAUX
Cynthia Wesley-Esquimaux
Cynthia Wesley-Esquimaux est la première présidente de la vérité et la réconciliation à l’Université Lakehead.
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