Le changement est inévitable, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. La vie ne reste pas figée; les établissements d’enseignement non plus. Parfois, le changement est bien accueilli. Parfois, il dérange. J’ai toujours considéré le changement comme une occasion d’améliorer les choses ou de les faire différemment. Cette ouverture m’a aidée à traverser des périodes de changement stimulantes, et d’autres, plus houleuses.
Chaque nouveau chef d’établissement apporte sa propre vision et sa manière de la concrétiser. Sans pour autant être d’accord avec tout, il est alors essentiel de faire preuve d’ouverture aux nouvelles idées. L’ouverture d’esprit et la souplesse permettent de prendre en considération d’autres points de vue et de nouvelles idées audacieuses, même si ces idées nous dérangent.
Le changement ne se fait pas toujours sans heurts. J’ai tiré au fil du temps quelques leçons utiles : ne jamais perdre de vue sa vision et ses objectifs; toujours faire preuve de respect, et, malgré les différences, rester intègre; et enfin, toujours défendre ses idéaux.
Une vision doit s’accompagner d’objectifs ou de résultats précis à atteindre. Au quotidien, il est souvent facile de se perdre dans les détails opérationnels. Comprenez-moi bien : les détails opérationnels ont leur importance et font partie du travail des administrateurs, mais il ne faut pas oublier de prendre du recul à l’occasion, comme me le rappelait souvent un de mes mentors. L’expérience m’a appris qu’une trop grande attention portée aux détails empêche d’avoir une vue d’ensemble et de progresser vers l’atteinte d’objectifs plus vastes.
Au fil du temps, j’ai appris une leçon qui m’a beaucoup aidée : il faut instaurer ses propres mécanismes de reddition de comptes pour s’obliger à prendre une pause et à réfléchir. Je le fais régulièrement en passant en revue mes objectifs annuels, qui s’inscrivent dans la vision globale de l’établissement. Dans le cadre de cet exercice, je fournis régulièrement des rapports écrits – de mon propre chef ou à la demande de mon superviseur – pour m’aider à rester concentrée sur mes objectifs personnels et la vision de l’établissement.
En période de changement, les décisions et l’orientation ne font pas toujours l’unanimité. Dans ce contexte, il importe de respecter les différences. De mon point de vue, les bons dirigeants savent qu’il est possible d’être en désaccord dans le respect. La réalité est parfois différente, et il arrive que les personnes touchées entretiennent des sentiments contradictoires. Dans pareille situation, il est sans doute sage de garder l’esprit ouvert et de réfléchir avant d’agir.
Comme dirigeant, il vient un moment où il faut tout simplement faire confiance à ses pairs et accueillir le changement à bras ouverts. Ça peut sembler plus facile à dire qu’à faire, mais il faut parfois s’en remettre à son intuition et se dire que ceux qui nous entourent veulent aussi le meilleur pour l’établissement. C’est un exercice ardu pour les dirigeants qui ont appris à donner des réponses et à prendre des décisions sans zone grise.
L’intégrité est un autre élément important du processus de changement. À mes yeux, elle est synonyme d’honnêteté, de justice et d’éthique. L’intégrité, c’est vivre avec un sentiment d’honnêteté. C’est être fidèle à soi-même, à sa nature et à ses convictions.
Au début de ma carrière, il m’arrivait souvent d’admirer d’autres dirigeants et d’envier leur style. Aujourd’hui, je sais à quel point il est important de rester soi-même et fidèle à ses valeurs. Les dirigeants sont appelés à relever de nombreux défis, dont celui de s’adapter à un environnement en constante évolution, à prendre des décisions et à les appliquer. Travailler avec honnêteté, c’est savoir reconnaître ses forces, rester soi-même et agir dans le respect de ses valeurs fondamentales.
En terminant, je veux insister sur l’importance de défendre ses convictions. En période de changement, les dirigeants doivent souvent jongler avec différents facteurs qui les poussent à remettre en question leur vision, leur capacité à rester respectueux et leur intégrité. Dans ce contexte, j’ai découvert qu’il est important de penser à la « debwewin », ce qui signifie « vérité » en anishnaabe. Pour y parvenir, je me pose des questions fondamentales : Qui es-tu? Pourquoi es-tu ici? Quelle est ta vérité?
Pour rester fidèle à soi-même, à sa « vérité », il faut parfois aller contre vents et marées et défendre ses convictions. Dans le cadre de mon travail, j’ai dû le faire plus souvent qu’autrement. Par exemple, nous sommes tous appelés à agir pour répondre aux besoins des apprenants autochtones et tenir adéquatement compte de leurs points de vue. Pour les établissements, c’est un virage important. Pour les peuples autochtones, c’est une éducation conforme à la vérité. J’espère que vous saurez faire preuve d’ouverture et apporterez les changements nécessaires au sein de vos établissements d’enseignement.