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Cap sur les compétences

L’intégrité universitaire à l’ère de ChatGPT

L’évolution des technologies peut à la fois freiner et favoriser l’intégrité universitaire.

par LOLEEN BERDAHL | 27 JUIN 23

Nous sommes de retour pour la suite de la série en trois parties sur l’intégrité universitaire sous la bannière Cap sur les compétences. Cette semaine encore, Susan Bens, spécialiste du développement éducatif au centre Gwenna Moss pour l’enseignement et l’apprentissage de l’Université de la Saskatchewan, se joint à moi pour discuter d’inconduite universitaire. La semaine dernière, Mme Bens et moi avons abordé les raisons de l’inconduite et expliqué comment, à la lumière de cette information, repenser les approches d’enseignement pour encourager l’intégrité. Aujourd’hui, nous étudions le cas épineux de ChatGPT (et des autres technologies d’intelligence artificielle [IA] génératrices de contenu); et la semaine prochaine, nous vous expliquerons comment concevoir des cours qui favorisent l’intégrité universitaire.

ChatGPT et l’inconduite universitaire

Étant capable de rédiger des textes cohérents suivant des instructions données, ChatGPT présente un risque considérable d’usage abusif. C’est un problème qui, en 2023, préoccupe considérablement le corps enseignant, les centres d’enseignement et d’apprentissage et les dirigeant.e.s universitaires, d’autant plus qu’avec la pandémie et l’enseignement à distance, on s’inquiétait déjà beaucoup des cas d’inconduite et de tricherie contractuelle. Des praticien.ne.s du Canada ont répertorié une panoplie de problèmes connexes dans un recueil de réflexions. Selon une étude canadienne sur les perspectives du corps professoral, il n’est pas rare que l’inconduite universitaire suscite de la frustration – et même du désespoir – lorsque l’enseignement se fait à distance. Et après tous ces changements, alors que nous retournions enfin à la normale, ChatGPT entre en scène et récolte plus d’un million d’usagers en cinq jours à peine.

Mais est-ce que l’utilisation de ChatGPT est synonyme d’inconduite? Ça dépend. Si une évaluation interdit explicitement le recours à une aide externe comme celle de ChatGPT ou encore si un.e étudiant.e présente les textes générés par l’outil comme les siens, alors oui, probablement que ça représente un cas d’inconduite. Un article abordant les recommandations pour l’utilisation éthique de l’IA en éducation propose une définition qui englobe à la fois la tricherie contractuelle et les IA génératrices de texte :

« La production de travail universitaire, en tout ou en partie, aux fins de crédits, de progression ou de reconnaissance universitaires, en échange de paiement ou d’autre service ou non, à l’aide d’une assistance humaine ou technologique prohibée ou non déclarée représente une génération non autorisée de contenu. »

Il pourrait s’avérer pertinent d’ajouter cette définition, telle quelle ou modifiée, aux politiques de votre établissement ou à vos plans de cours.

ChatGPT et l’intégrité universitaire

Qu’on le veuille ou non, ChatGPT et ses cousins font désormais partie intégrante du milieu pédagogique. Nous étudierons donc son utilité pour l’enseignement et l’apprentissage, et non l’éthique de son évolution et ses répercussions sur la société. Comme mentionné dans une rubrique précédente sous la bannière Cap sur les compétences, « accueillir le changement, c’est plus que simplement l’accepter; c’est se demander comment exploiter la technologie pour améliorer le milieu universitaire ». Comment, alors, exploiter ce bouleversement technologique pour favoriser l’intégrité universitaire?

La semaine dernière, nous avons exposé six raisons pouvant expliquer l’inconduite universitaire. ChatGPT et les technologies semblables soulèvent des interrogations et compliquent la question de l’intégrité universitaire, mais offrent aussi certaines possibilités, telles que :

 

Raison de l’inconduite Question soulevée par ChatGPT Possibilité offerte par ChatGPT
Manque d’intérêt pour le contenu
  • En quoi ChatGPT influe-t-il sur le matériel, les objectifs d’apprentissage et les liens attendus chez nos étudiant.e.s?
  • Utilisez ChatGPT pour générer de nouvelles idées d’enseignement.
  • Présentez ChatGPT comme un outil de raisonnement, qui peut aider à vérifier les faits, évaluer la partialité, contre-vérifier, améliorer, évaluer, élargir, modifier et justifier.
Manque de compétences
  • Quelles compétences doivent maintenant posséder les étudiant.e.s pour préserver l’intégrité universitaire?
  • Améliorez la littératie numérique des étudiant.e.s en leur apprenant à utiliser correctement et éthiquement ce puissant outil de création de contenu.
Malentendu
  • Comment est-ce possible pour les étudiant.e.s de se souvenir des professeur.e.s qui permettent le recours à ChatGPT et des diverses règles à suivre?
Manque d’intérêt pour l’enseignant.e
  • Dans un contexte où la technologie peut imiter le dialogue humain et même l’enseignement privé et personnalisé, quel est le rôle des enseignant.e.s?
Tolérance de l’inconduite
  • Comment assurer l’équité du système, puisque le recours à ChatGPT est difficile à détecter et que l’utilisation d’outils à cet effet soulève des questions de protection de la vie privée et du droit d’auteur?
  • Exigez que les étudiant.e.s documentent leur processus d’utilisation de ChatGPT et respectent les normes bibliographiques, puisque la détection automatique des textes générés par l’IA n’est pas au point (et ne le sera peut-être jamais).
Stress
  • ChatGPT est un outil particulièrement rapide et accessible. Comment résister à son attrait, surtout en période de stress?
  • Soulagez le stress étudiant (et favorisez le bien-être) et dissuadez la procrastination en facilitant la préparation aux examens et la réalisation de travaux d’envergure.

La semaine prochaine, nous vous expliquerons comment concevoir des cours qui favorisent l’intégrité universitaire à partir de ce que vous avez appris ces deux dernières semaines. D’ici là, n’hésitez pas à envoyer cette rubrique à vos collègues pour les informer des répercussions de ChatGPT et autres technologies semblables sur l’intégrité universitaire.

À PROPOS LOLEEN BERDAHL
Loleen Berdahl
Loleen Berdahl est une universitaire primée. Elle est aussi directrice générale de l’École supérieure de politique publique Johnson Shoyama (Université de la Saskatchewan et Université de Regina), ainsi que professeure et ancienne responsable du programme de sciences politiques de l’Université de la Saskatchewan. Depuis 2016, Mme Berdahl participe à des conférences et visite des campus universitaires d’un bout à l’autre du Canada pour parler de la formation et du perfectionnement professionnels des étudiants. Ses travaux de recherche dans ce domaine sont financés par le programme de subventions Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines. Parmi ses plus récentes publications, mentionnons les ouvrages Work Your Career: Get What You Want from Your Social Sciences or Humanities PhD (University of Toronto Press; en collaboration avec Jonathan Malloy) et Explorations: Conducting Empirical Research in Canadian Political Science (Oxford University Press; 4e édition rédigée en collaboration avec Jason Roy).
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