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Universitaire à vie

Privilégié et rempli d’espoir

Un enseignant de kinésiologie à la retraite continue de nourrir sa passion en mentorant des étudiant.e.s, des enseignant.e.s, des professionnel.le.s de l’entraînement et des guides de plein air.

par BRAD KILB | 18 JUILLET 23

Enseigner à la Faculté de kinésiologie de l’Université de Calgary pendant 46 ans était pour moi rien de moins qu’un rêve. J’avais un poste privilégié qui concordait parfaitement avec mes passions et mes talents. En plus d’enseigner dans le cadre du programme d’intervention plein air, j’ai été entraîneur des équipes de volleyball des Dinos. C’est un véritable privilège de me faire appeler « prof », « coach » et « papa ». J’ai aidé des étudiant.e.s dans leur développement, mentoré de jeunes adultes souhaitant définir leur parcours professionnel, aidé des athlètes d’élite à parfaire leurs compétences et à bâtir leur confiance, et accompagné des personnes qui traversaient un deuil, une douleur que je connais trop bien, car j’ai perdu deux de mes fils en bas âge. C’est ma raison d’être.

Mes labos sont devenus des espaces pour la création d’expériences profondes et de relations marquantes et durables. Ces moments propices à l’enseignement, prévus ou non, étaient pour moi des occasions de développer le leadership de mes étudiant.e.s et de les amener à se découvrir. L’un de mes objectifs, en tant que mentor et entraîneur, était de transformer les « gens qui commentent » en « enseignant.e.s ». Le premier groupe ne fait que soulever des problèmes, alors que le second leur trouve des solutions.

Ce qui me remplit d’espoir, c’est de voir comment les étudiant.e.s réagissent dans divers contextes. Par exemple, si une embarcation chavirait pendant un cours portant sur la sécurité en canoë sur lac, je m’abstenais d’intervenir et les laissais s’occuper du sauvetage. Leurs compétences en leadership ont également fait surface alors que mes étudiant.e.s m’ont extirpé d’une avalanche pendant une sortie de ski de randonnée nordique (le groupe était en lieu sûr tandis que je testais la stabilité de la pente). Ces personnes étaient extrêmement compétentes, prêtes à intervenir, à prendre le contrôle de la situation et, surtout, à trouver des solutions. C’est de ça dont nous avons besoin au sortir de la pandémie. Ces jeunes gens nous guideront vers la nouvelle normalité. J’en ai vu beaucoup au fil des décennies et je suis convaincu du succès de leurs efforts pour réparer ce monde de plus en plus fractionné.

Je me rends compte que la retraite n’est pas si différente de la vie active que je menais auparavant. Bien sûr, je n’ai plus à préparer de cours, à concevoir des activités pratiques, à assister à des réunions départementales (hourra!), ni à passer des heures à évaluer des travaux, mais je n’ai pas changé : je reste curieux, aventureux et prompt à faire part de mon savoir. Je ne passerai certainement pas le reste de mes jours à regarder Netflix.

Les expéditions en eau vive de ma jeunesse ont été remplacées par des balades en canoë sur un lac avec mes petits-enfants. Au lieu de faire de longues randonnées en montagne sur plusieurs jours, je dirige un traîneau tiré par six chiens dans les vallées des Rocheuses. Les descentes éreintantes sur des pistes noires ont fait place aux traversées de doux manteaux blancs en skis de fond.

Même en tant que retraité, l’instinct du mentor ne disparaît pas. Je continue à prendre un café une fois par semaine avec deux ou trois étudiant.e.s ou professionnel.le.s (toujours dans un environnement ouvert et public, selon la « règle de deux », bien connue du milieu sportif), une activité que je trouve extrêmement enrichissante. J’en ressors toujours avec l’impression d’avoir animé une séance transformatrice, mais aussi avec un sentiment d’épanouissement. Après avoir été entraîneur d’athlètes élites pendant plus de cinq décennies, j’aime beaucoup mentorer des gens qui en sont à leurs débuts dans ce rôle et qui ont du mal à définir ce que signifie réellement le succès. Je crois que si les personnes retraitées faisaient davantage profiter les plus jeunes de leur expérience et expertise, notre société serait la première à en bénéficier.

J’ai aussi trouvé le temps de publier mes mémoires : My Love Affair with Fear. J’espère que mon lectorat saura appliquer l’argument principal du livre : il faut considérer la peur comme une alliée et non comme une ennemie.

En tant qu’éducateur, je sculptais l’avenir de mes étudiant.e.s.; aujourd’hui, attiré par la culture autochtone de la côte Ouest, c’est le bois que je sculpte. J’ai été apprenti aux côtés de maîtres de Haida Gwaii, et on trouve maintenant chez moi des masques, des canoës et des rames haïdas ainsi qu’un totem haut de trois mètres.

Est-ce que je m’ennuie des salles de cours et du gymnase? Oui, les défis du métier et les interactions sociales me manquent. Mais je réalise que je peux avoir tout cela même en étant retraité. Ma curiosité m’amène à relever des défis qui sont plus adaptés à mon âge, mais tout aussi gratifiants. Je me garde en forme, mais j’ai plus de temps pour avoir des discussions profondes, sans contraintes, et passer de bons moments en famille. J’espère que vous aussi pourrez profiter de votre retraite en étant passionné.e.s et rempli.e.s de gratitude, en faisant preuve de curiosité et en savourant le bonheur. Mes années sur le campus ont ouvert la voie à des décennies d’expériences encore plus enrichissantes.

Brad Kilb est enseignant émérite de kinésiologie à l’Université de Calgary. En plus d’y avoir été intronisé au Temple de la renommée de l’excellence en enseignement de l’établissement, il a été nommé entraîneur de l’année de U SPORTS, a remporté plusieurs championnats universitaires nationaux en volleyball et est un sauveteur expert en eau vive de renommée internationale. Son film Rescues for River Runners a remporté une médaille d’or au Festival du film de montagne de Banff. Pour en savoir plus, visitez le www.bradkilb.com.

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