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Expliquer au grand public le rôle des animaux d’assistance en classe

« J’aimerais que les autres étudiants cessent d’être déstabilisés par le chien-guide d’un de leurs camarades de classe », souligne Michelle Woolfrey, étudiante de l’Université Ryerson.

par SUZANNE BOWNESS | 06 JUILLET 18

Bien qu’elle explore le monde à travers les yeux de son chien-guide, Michelle Woolfrey veut apprendre aux gens à voir plus loin que son handicap. « Je ne mords pas. Je suis plutôt gentille. Tout comme vous, j’aime Netflix. Je suis une étudiante comme les autres. Je suis simplement aveugle », explique-t-elle.

En plus d’étudier à l’Université Ryerson, Mme Woolfrey est une conférencière d’expérience qui, par le truchement de son entreprise, Blind Girl Inc., prononce des allocutions sur l’accessibilité, les handicaps et l’inclusion dans de nombreux établissements, comme l’Université Ryerson, l’Université de Waterloo et l’Université York. En mai, elle a aidé les participants à la conférence Designing for Diverse Abilities de l’Université de Guelph à comprendre le rôle des animaux d’assistance en classe.

L’étudiante de l’Université Ryerson et conférencière Michelle Woolfrey avec son chien-guide Thomson.

Mme Woolfrey amorce ses conférences en relatant une partie de son propre parcours. À 16 ans, son système optique a été détruit par une rare maladie cérébrale qui l’a laissée aveugle (elle perçoit toutefois un peu d’ombres et de lumières). Intimidée à l’école, elle a finalement été transférée à l’école W. Ross Macdonald pour personnes sourdes et sourdes-aveugles de Brantford, en Ontario. Elle y a découvert les avantages des chiens-guides au contact d’une amie. « Elle m’a montré comment son chien-guide l’aidait et à quel point il la rendait plus indépendante. J’ai été conquise », se souvient-elle.

Mme Woolfrey en est aujourd’hui à son troisième chien-guide, un caniche royal nommé Liscio (photo ci-dessous) qui a été entraîné à l’école pour chiens-guides de la Fondation des Lions du Canada à Oakville, en Ontario. L’utilisation d’une canne blanche (laquelle doit être maîtrisée avant de demander un chien-guide) repose sur la perception tactile de ce qui vous entoure. Avec un chien-guide, vous vous en remettez au sens de l’orientation de l’animal, ce qui est très différent. « Le maître doit avoir une grande confiance en son chien pour ne pas craindre les incidents », explique Mme Woolfrey, en ajoutant que Liscio la guide sur le campus, dans les transports en commun et trains de banlieue ainsi qu’un peu partout au centre-ville de Toronto. « Il assure ma sécurité et me mène habituellement à bon port. »

Mme Woolfrey profite aussi de ses conférences pour expliquer les comportements à adopter en présence d’un animal d’assistance. Elle explique par exemple que certaines personnes ignorent qu’il ne faut pas toucher ni même parler à un chien en service. « Il est important que les interactions avec l’équipe [le chien d’assistance et son maître] ne soient pas une distraction pour l’animal », souligne-t-elle. Mais cela ne vous empêche pas d’offrir votre aide. « Si vous voyez que l’équipe est dans une position fâcheuse ou si vous pensez pouvoir lui venir en aide, demandez respectueusement si vous pouvez faire quelque chose », conseille-t-elle.

Mais attention : il ne faut pas non plus ignorer le maître par crainte de déranger l’animal. « J’aimerais que les autres étudiants cessent d’être déstabilisés par le chien-guide d’un de leurs camarades de classe et se sentent à l’aise de me parler. » Mme Woolfrey indique que ses compagnons de classe ont tendance à réagir de deux façons : en étant soit indifférents, soit trop gentils. Ceux qui l’abordent gentiment tentent parfois de caresser son chien et s’offusquent lorsqu’elle leur demande de ne pas le faire.

Ces réactions sont souvent le fruit des idées fausses qui circulent par rapport aux personnes handicapées et aux animaux d’assistance, et c’est ce que Mme Woolfrey tente de corriger dans ses ateliers. Pour ce faire, elle parle des droits légaux et des lois sur les animaux d’assistance, des papiers et des renseignements sur le handicap qu’une école est en droit de demander et des attentes à l’égard des animaux d’assistance en classe. Elle traite aussi des différences entre les animaux d’assistance, de thérapie et de soutien émotionnel. Les gens connaissent les chiens-guides, mais ne savent pas toujours que des animaux viennent aussi en aide à des gens atteints, par exemple, de diabète, d’autisme, de narcolepsie ou d’un trouble de stress post-traumatique.

Maintenant en quatrième année de son deuxième programme de premier cycle, Mme Woolfrey étudie les droits de la personne et le droit en vue de faire son entrée à la Faculté de droit. Au cours de ses sept années à l’université, elle dit avoir constaté plusieurs changements quant à la perception et à l’intégration des personnes handicapées. Même si les aménagements sont bien mieux accueillis qu’avant, elle affirme que l’accessibilité générale et, en particulier, la conception des lieux doivent être améliorées. « J’aimerais que les gens comprennent que même si nous aurons toujours besoin d’aménagements, l’accessibilité est la voie de l’avenir », souligne-t-elle. Si les universités étaient plus accessibles pour tous, « beaucoup moins d’aménagements personnalisés seraient nécessaires et les personnes handicapées se sentiraient beaucoup moins marginalisées. »

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