Comment viser une carrière alternative sans faire de deuils
Ne pas devenir professeur ne devrait jamais mener à l’abandon de tes passions.
Comme pour beaucoup de titulaires de doctorat ou de doctorants en fin de parcours, envisager de ne pas devenir professeur ou de quitter le monde universitaire te semble presque l’équivalent d’un deuil.
Un deuil de tes rêves, un deuil de tes ambitions, mais surtout un deuil de tes passions.
Mais est-ce obligatoirement le cas?
Ayant fait cette transition il y a quelques années, je peux t’assurer que non!
Pour que tout se passe bien, il faut non seulement bien t’outiller à entrer sur le marché de l’emploi, mais surtout bien te connaître toi-même.
En effet, le professorat est loin d’être un emploi unidimensionnel. Si cette carrière t’attirait, il est primordial de comprendre pourquoi : quels sont les aspects de la vie aux cycles supérieurs qui te plaisaient le plus et que tu souhaites retrouver dans ton futur emploi?
Voici quelques pistes de réflexion.
Recherche, gestion de projets et entrepreneuriat scientifique
Si on te demande pourquoi tu as continué à étudier aux cycles supérieurs, il y a fort à parier que tu répondras que c’est parce que tu adores la recherche.
Ne pas devenir professeur signifie donc ne plus pouvoir faire de recherche, non?
En fait, rien n’est plus faux.
Tout d’abord, plus on avance dans sa carrière professorale, moins on a le temps de faire de la recherche soi-même, comme l’a démontré David Matthews dans le très intéressant article « If you love research, academia may not be for you ».
Or, la recherche (qu’elle soit en laboratoire ou non) n’est pas du tout cantonnée aux campus universitaires.
Mène ton enquête pour voir quelles sont les avenues possibles dans des entreprises qui ont un département de recherche et développement (R-D), mais aussi dans des ministères et des organismes à but non lucratif qui œuvrent dans ton secteur.
Par exemple, la prochaine fois que tu assisteras à un congrès ou une conférence remarque bien la provenance des intervenants et des participants. Elle sera sûrement bien plus diversifiée que tu ne l’aurais cru de prime abord.
Les universités souhaitent en effet de plus en plus inclure les parties prenantes dans l’idéation et la réalisation de leurs projets de recherche. Même en travaillant en dehors du milieu universitaire, il peut toujours être possible de t’impliquer dans l’avancement de la connaissance et demeurer bien actif dans cette communauté scientifique.
Certes, tu ne feras peut-être pas de la recherche précisément sur ton sujet de thèse, mais le fait d’élargir tes horizons, d’apprendre toute la vie et de faire de la gestion de projets stimulants n’en vaut-il pas la chandelle?
Dans certains domaines, être professeur est presque l’équivalent d’être à la tête d’une petite ou moyenne entreprise. Si c’est cet aspect qui t’attire, pourquoi ne pas songer à créer ou à joindre une jeune pousse? Pour t’aider, de plus en plus d’universités canadiennes offrent des services d’accompagnement à l’entrepreneuriat scientifique. Renseigne-toi bien et n’aie pas peur de te lancer!
Enseignement, formation et mobilisation des connaissances
Pour toi, c’est plutôt l’enseignement qui t’interpelle?
Tu peux bien évidemment transmettre tes connaissances à l’université en ayant des charges de cours. D’autres paliers d’enseignement sont peut-être accessibles, comme le collégial.
D’autres voies, moins traditionnelles, peuvent aussi exister, notamment celle de devenir formatrice ou formateur. En effet, que ce soit sous la forme d’ateliers, de séminaires ou de webinaires, les employeurs encouragent de plus en plus leur personnel à suivre des formations de toutes sortes.
Ces formations sont tantôt créées à l’interne, tantôt le produit de firmes spécialisées. Vois ce qui est proposé dans ton champ d’expertise… et surtout ce qui ne l’est pas! Il peut y avoir là un bon filon à exploiter.
Rappelle-toi aussi que la mobilisation des connaissances va bien au-delà des salles de classe et que l’impact que tu peux avoir en dehors du milieu scolaire en sera peut-être d’autant plus grand.
Rédaction et communication scientifique
Tu connais assurément l’adage « Publish or perish ».
Et si je te disais que tu pouvais publier sans avoir ce poids sur les épaules!
Les études supérieures ont sûrement fait de toi un as non seulement de la rédaction (sous différents formats : comptes-rendus, rapports, articles, conférences, etc.), mais aussi de l’édition, de la révision et de la vulgarisation. Des compétences en forte demande dans bien des milieux.
À une époque où la vérité est attaquée de toutes parts, n’hésite pas à développer et à mettre de l’avant tes talents en communication scientifique, et ce, que ce soit sous la forme d’un livre ou d’un blogue, dans un média traditionnel ou sur le Web, à l’écrit ou en vidéo.
Qui sait, seras-tu la prochaine ou le prochain à tenir ici une chronique!
La vie, ce n’est pas seulement le travail
En survalorisant le professorat, on néglige souvent le fait qu’il s’agit d’un métier fort exigeant, surtout en début de carrière, qui implique de nombreux sacrifices, pas toujours très sains.
Contrairement à ce qui est véhiculé dans le milieu universitaire, avoir une carrière alternative est en fait le meilleur moyen de ne pas faire le deuil de certaines de tes passions… puisque la vie, ce n’est pas seulement le travail.
As-tu mis de côté certaines activités récréatives pendant tes études supérieures? Ça te dirait de reprendre ta place dans la ligue d’Ultimate Frisbee de ta ville, d’enfin lire la saga fantastique que tous les critiques encensent ou de recommencer tes cours de mandarin?
Alléchant comme offre, non? Et ce n’est pas une publicité trompeuse.
Personnellement, j’ai pu recommencer à jouer du trombone dans un orchestre symphonique amateur et je me suis récemment mis à l’ébénisterie! Donc, oui, c’est bel et bien possible!
La prochaine fois que tu dois parler de carrières alternatives à tes amis, à ta famille… ou pire à ta directrice de thèse, je te mets au défi de le faire sans gêne et sans honte, mais plutôt avec la fierté de tout ce que tu pourrais accomplir!
Postes vedettes
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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