Pour la première fois en cinq ans, Statistique Canada a rendu publics les résultats de l’enquête du Système d’information sur le personnel d’enseignement dans les universités et les collèges (SPEUC). Le gouvernement fédéral a annoncé en septembre 2016 le rétablissement de cette enquête, qui avait pris fin en 2012 en raison des réductions de financement du gouvernement précédent. Les dernières données sur le personnel enseignant permanent, les chargés de cours et les instructeurs pour 2016-2017 ont été recueillies dans 112 universités et établissements affiliés publics.
Depuis 2010-2011, le nombre de professeurs à temps plein a connu une légère hausse de 1,6 pour cent. La hausse la plus marquée se situe principalement parmi les professeurs titulaires et les professeurs agrégés (respectivement 8,6 et 5,2 pour cent), alors que le nombre de professeurs adjoints a diminué de 15,9 pour cent. Le nombre de professeurs de niveau débutant et de professeurs sans permanence avec un contrat d’au moins 12 mois a aussi diminué de 2,1 pour cent.
Les femmes progressent dans les rangs supérieurs
Les femmes composent maintenant près de 40 pour cent du personnel enseignant à temps plein dans les universités, comparativement à 36,6 pour cent il y a cinq ans, et elles sont trois fois plus nombreuses dans ces postes qu’en 1970. Au cours des dernières années, les femmes ont progressé principalement dans les rangs de professeurs titulaires et de professeurs agrégés : entre 2011 et 2016, leur nombre a augmenté de 28,3 pour cent parmi les professeurs titulaires et de 18,2 pour cent parmi les professeurs agrégés. Par comparaison, et malgré le fait qu’ils sont toujours majoritaires, le nombre d’hommes dans ces postes a connu une modeste augmentation d’environ trois pour cent.
Parallèlement, le nombre de femmes occupant des postes de professeurs adjoints a diminué de 12,1 pour cent, et leur nombre a augmenté de 2,3 pour cent dans les postes de rang inférieur. Le nombre d’hommes occupant des postes de professeurs adjoints a pour sa part chuté de 19,2 pour cent, et leur nombre a augmenté de 1,9 pour cent dans les postes de professeurs ne menant pas à la permanence.
Un corps professoral vieillissant
L’âge médian des professeurs à temps plein est de 51 ans, et ce chiffre augmente aux rangs supérieurs. Il est de 39 ans pour les professeurs adjoints, de 49 ans pour les professeurs agrégés, et de 57 ans pour les professeurs titulaires. Depuis que la retraite obligatoire a été abolie, au milieu des années 2000 en Ontario, le nombre de professeurs de plus de 65 ans a rapidement augmenté et atteint 10,3 pour cent du corps professoral en 2016. Ce groupe est aussi celui où les salaires médians étaient les plus élevés, soit 172 560 $ pour les hommes et 166 990 $ pour les femmes.
Augmentation du salaire médian
Le salaire médian d’un professeur à temps plein s’élève maintenant à 129 194 $, soit une augmentation de 6,6 pour cent depuis cinq ans, attribuable en grande partie à la proportion accrue de professeurs dans les rangs supérieurs. Le salaire médian d’un professeur titulaire est de 160 161 $, celui d’un professeur agrégé, de 126 413 $, celui d’un professeur adjoint de 99 323 $, et celui d’un professeur débutant de 94 515 $.
L’écart salarial entre les hommes et les femmes est assez mince à tous les échelons; les femmes gagnent, selon leur rang, entre 95 et 98 pour cent du salaire de leurs collègues masculins.
Prochaines étapes pour le SPEUC
Selon Teresa Omiecinski, gestionnaire du SPEUC à Statistique Canada, les données pour l’année 2016-2017 ont été recueillies grâce à « l’incroyable soutien » des établissements. Elle dit avoir été impressionnée par la rapidité avec laquelle les universités ont répondu à l’enquête, ce qui a permis de publier des données préliminaires de 75 établissements dès avril dernier. (Les données préliminaires sur les salaires sont utiles pour les établissements et les associations de professeurs lors des négociations salariales.)
Pendant les cinq années d’interruption de l’enquête du SPEUC, environ 60 pour cent des universités canadiennes ont recueilli des données entre elles par l’entremise du National Faculty Data Pool, précise Mme Omiecinski. Son ministère procède actuellement à l’analyse de ces données pour la période de 2011-2012 à 2015-2016 afin de répartir approximativement les données et de combler les lacunes du SPEUC.
Mme Omiecinski s’attend à ce que les données préliminaires pour 2017-2018 soient publiées en avril 2018. En ce qui concerne les changements potentiels à venir, elle explique que Statistique Canada mène actuellement une étude de faisabilité triennale qui portera sur la collecte de données relatives au personnel enseignant à temps partiel dans les universités et les collèges. (Une annonce a été faite à cet égard par la ministre des Sciences Kirsty Duncan lors d’une récente conférence sur les politiques scientifiques.) En ce qui concerne la possibilité pour le SPEUC de recueillir d’autres données démographiques (comme la race), Mme Omiecinski explique que la question est examinée dans le cadre de l’étude faisabilité et des consultations menées auprès de fournisseurs de données et d’utilisateurs de données. « C’est assurément une question qui nous intéresse », conclut-elle.