Le milieu universitaire presse le gouvernement de donner suite aux recommandations du rapport Naylor
Partout au Canada, chercheurs, administrateurs universitaires, étudiants et autres ont entrepris des démarches sans précédent pour inciter le gouvernement à ne pas ignorer les recommandations du rapport Naylor.
Le milieu universitaire canadien fait feu de tout bois pour inciter le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations du rapport du Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la science fondamentale, aussi appelé « rapport Naylor ».
Commandé en juin 2016 par la ministre Kirsty Duncan et publié en avril dernier, ce rapport est l’œuvre d’un comité présidé par David Naylor, ancien recteur de l’Université de Toronto. Constatant que le Canada accuse un retard dans le domaine de la science par rapport à ses pairs, le rapport recommande d’augmenter de manière importante le financement de la recherche fondamentale indépendante. La mise en œuvre de l’intégralité de ses recommandations ferait passer le financement annuel des activités liées à la recherche accordé par le gouvernement fédéral de 3,5 à 4,8 milliards de dollars sur quatre ans.
Le rapport Naylor recommande également une meilleure coordination entre les organismes subventionnaires, et la création d’un organisme national chargé de conseiller le gouvernement en matière de priorités scientifiques.
Le rapport Naylor a déjà été approuvé par des chercheurs, des administrateurs universitaires, des étudiants et des groupes scientifiques de partout au Canada, qui ont uni leurs voix pour demander au gouvernement de ne pas en ignorer les recommandations.
Universités Canada a pour sa part décidé d’axer sur la mise en œuvre des recommandations du rapport Naylor la totalité de son mémoire soumis dans le cadre des consultations prébudgétaires menées par le gouvernement fédéral. « Universités Canada approuve le rapport Naylor dans son intégralité, précise Pari Johnston, vice-présidente, Politiques et affaires publiques, de l’organisation. Ce rapport doit guider l’action du gouvernement en matière de recherche universitaire. » (Universités Canada est l’éditeur d’Affaires universitaires.)
En plus de rencontrer elle-même des représentants de nombreux ministères, Universités Canada prodigue à ses membres des conseils sur la manière de s’entretenir avec leurs députés locaux pour les convaincre de l’importance de suivre les recommandations du rapport Naylor.
L’organisme de promotion de la science Evidence for Democracy propose lui aussi une formation à ses partisans, sous la forme de deux webinaires sur les relations avec le gouvernement, qui explique comment obtenir des rencontres avec les députés, discuter du rapport avec eux et assurer le suivi. Plus de 60 personnes ont déjà suivi cette formation. « Un nombre sans précédent de chercheurs ont pu rencontrer leurs députés », précise la directrice générale d’Evidence for Democracy, Katie Gibbs.
Selon Jim Woodgett, directeur de recherche au Lunenfeld-Tannenbaum Research Institute de Toronto et défenseur notoire du rapport, il est important de faire de la sensibilisation au-delà du niveau ministériel. « Les ministres du Cabinet sont déjà très au fait de la question, mais ce n’est pas le cas des députés d’arrière-ban et des autres intervenants », a-t-il précisé.
Universités Canada a mis sur pied un site Web comportant des exemples de recherche, des données et des messages clés à utiliser lors de rencontres avec les parlementaires et les ministres. Le site Web d’Evidence for Democracy contient un formulaire à l’intention des ministres et des députés, ainsi que des conseils pour mettre sur pied des campagnes de rédaction de lettres et d’autres initiatives. Un mot-clic a même été créé pour les utilisateurs de Twitter : #SupportTheReport. « Nous proposons aux chercheurs des outils, une formation et un soutien pour les inciter à agir », explique Mme Gibbs, précisant que beaucoup de gens ignorent que tout le monde peut soumettre un mémoire dans le cadre de la consultation prébudgétaire menée par le gouvernement fédéral.
Des organisations étudiantes prennent aussi part à l’action. Science and Policy Exchange, une organisation située à l’Université McGill, qui s’emploie à véhiculer le point de vue des étudiants dans le cadre des débats stratégiques, les incite actuellement à signer à l’intention du premier ministre, Justin Trudeau, une lettre ouverte appuyant les recommandations du rapport Naylor. Plus de 900 signatures ont déjà été recueillies. « Les étudiants ne mesuraient pas l’importance de ce rapport pour eux, souligne Shawn McGuirk, coprésident de l’organisation. Nous avons dû leur en faire prendre conscience. »
Ce qui intéresse avant tout les étudiants, ce n’est pas en quoi le financement recommandé par le rapport Naylor aidera le Canada à rivaliser avec le reste du monde en science, mais plutôt comment le financement de la recherche indépendante servira à former la prochaine génération de chercheurs et contribuera ainsi à l’atteinte des objectifs gouvernementaux en matière de création d’emplois de qualité et de promotion de la diversité (et ce, non seulement dans le milieu universitaire, car les étudiants se tournent de plus en plus vers des professions « satellites » une fois diplômés). « Il existe une immense diversité parmi les étudiants, précise Vanessa Sung, coprésidente de Science and Policy Exchange. Le fait d’investir en eux aide à promouvoir la diversité aux plus hauts échelons, dans toutes les professions. »
Dans une série d’entrevues accordées en juin aux médias, la ministre Duncan s’est dite d’accord avec nombre des recommandations du rapport Naylor, particulièrement avec la nécessité de promouvoir l’équité et la diversité dans le milieu de la recherche. Plus récemment, dans une brève vidéo mise en ligne le 17 août, elle a confirmé que le gouvernement créera bel et bien un conseil consultatif national sur la recherche et l’innovation, en plus de mettre sur pied un organisme qui veillera à la coordination et à la pérennité des organismes subventionnaires de recherche fédérale. La ministre demeure toutefois muette au sujet des recommandations du rapport concernant le financement de la recherche.
Mme Johnston précise qu’Universités Canada se réjouit de ces annonces, mais continuera à plaider pour que le budget de 2018 comporte des mesures visant la mise en œuvre des recommandations du rapport Naylor en matière de financement. « Le gouvernement actuel connaît la valeur des données probantes et de la science, tout comme l’importance d’investir dans la recherche, ajoute Mme Johnston. Nous sommes conscients du fait que la mise en œuvre des recommandations du rapport Naylor pourra prendre quelques années, mais il importe que le gouvernement s’engage concrètement dès le prochain budget. »
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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