C’est un courriel qui lui a d’abord mis la puce à l’oreille. Misao Dean, professeure d’anglais à l’Université de Victoria, en a trouvé le contenu étrange : pourquoi une émission-débat de la droite américaine s’intéresserait-elle à ses travaux sur le symbolisme du canoé au Canada?
Pendant l’heure suivante, d’autres courriels ont suivi. Ces messages provenaient de tous les coins du monde et n’avaient rien d’aimable : menaces, insultes obscènes, appels à son congédiement, etc. À 10 h, Mme Dean était en état de choc. « Je ne savais que faire ni comment réagir. »
Elle l’ignorait encore, mais elle était devenue la cible d’une campagne organisée par la droite alternative. Des mois auparavant, en mars 2016, elle avait donné une entrevue à la radio de la CBC à propos de son livre intitulé Inheriting a Canoe Paddle: The Canoe in Discourses of English-Canadian Nationalism (University of Toronto Press, 2013). Dans cet ouvrage, elle analyse le symbolisme du canoé au Canada et soutient que cette embarcation, largement considérée comme un symbole patrimonial canadien, incarne aussi la puissance coloniale. Pendant l’entrevue, Mme Dean a demandé aux canoéistes de réfléchir à leur identité canadienne lorsqu’ils parlent du plaisir qu’ils retirent de ce sport. « J’ai essayé de m’exprimer sans offenser les canoéistes, dont je fais partie. »
Après l’entrevue, rien d’inhabituel ne s’est produit. À l’automne 2016, soit quelques jours avant la réception des courriels, Mme Dean a décidé de téléverser ses travaux sur le site Academia.edu, dans l’espoir d’élargir son auditoire. Peu après, un auteur du Royaume-Uni a rédigé un article sur les travaux de Mme Dean mentionnant l’entrevue de la CBC. L’article a paru sur le site Heat Street, un site Web de la droite aujourd’hui fermé. Le magazine Times Higher Education s’est intéressé à l’affaire, puis la chaîne Fox News. Le cyberharcèlement a débuté presque aussitôt, sous la forme de courriels à Mme Dean et à la direction de l’Université, mais aussi dans les réseaux sociaux.
« J’ai été traumatisée. Ma fille (qui est tombée sur une vidéo du militant de droite Milo Yiannopoulos se moquant de sa mère) a été traumatisée également. »
Mme Dean a dénoncé la situation auprès du doyen associé de son département, qui a demandé l’aide de la direction de l’Université et de l’équipe de relations publiques. Elle affirme qu’elle a souffert d’insomnie et s’est présentée à ses cours avec une nervosité croissante. L’équipe des technologies d’information (TI) a fini par prendre son compte de courriel en charge pour filtrer les messages haineux, et ses cours ont fait l’objet d’une surveillance accrue par les services de sécurité.
Le cyberharcèlement, aussi appelé cyberintimidation, est un phénomène qui s’accentue dans le monde entier. Selon le Pew Research Center, en 2017, environ quatre Américains sur dix ont été victimes de harcèlement en ligne et 62 pour cent considéraient qu’il s’agit d’un problème important. Dans l’ensemble, les hommes sont plus susceptibles de faire l’objet de diverses formes de harcèlement, mais les femmes – les jeunes femmes en particulier – sont beaucoup plus nombreuses à subir du harcèlement sexuel.
Le harcèlement se présente sous différentes formes : courriels personnels, messages texte et publications dans les réseaux sociaux, mais aussi campagnes publiques sur des plateformes en ligne. Les publications injurieuses, offensantes et mensongères deviennent virales, et les sites comme Facebook, Twitter et Reddit, lorsqu’ils daignent réagir, prennent énormément de temps à mettre des mesures en place. Les sources de cyberharcèlement peuvent être anonymes ou connues. Il peut s’agir d’initiatives individuelles ou de campagnes organisées. Dans le milieu de l’enseignement postsecondaire, personne n’est à l’abri : étudiants, professeurs et membres du personnel, tous échelons confondus, peuvent être visés. Les motifs de cyberintimidation sont tout aussi variés : vengeance personnelle, convictions politiques, attirance sexuelle, mécontentement envers des notes, etc.
Afin d’analyser le problème dans les établissements d’enseignement supérieur, Wanda Cassidy et ses collègues ont mené une enquête auprès des membres du corps professoral et des étudiants de quatre universités canadiennes sans les nommer. Mme Cassidy est professeure à la Faculté d’éducation et directrice du Centre for Education, Law and Society à l’Université Simon Fraser. Ils ont découvert qu’environ le quart des participants au sondage – une proportion qui était la même pour les membres du corps professoral et les étudiants – avait été victime de cyberharcèlement l’année précédente. Pour les professeurs, un peu plus de la moitié des cyberintimidateurs étaient des étudiants et le reste, des collègues. Pour les étudiants, le portrait était différent : le harcèlement était le fait d’étrangers la plupart du temps, mais aussi d’amis et de connaissances de l’Université. Les cas d’étudiants harcelés par un membre du corps professoral étaient rares.
Mme Cassidy, qui a mené des études similaires chez des élèves de la première à la huitième année, dit que les conséquences sont les mêmes, peu importe l’âge : « En général, l’effet est dévastateur. »
Les victimes mentionnent une longue liste de conséquences physiques et psychologiques telles que maux de ventre, insomnie, anxiété, dépression et retrait social. Ces répercussions durent longtemps après la réception du dernier courriel ou message texte. Les professeurs craignent de donner leur cours, ignorant si leur harceleur anonyme est l’un des étudiants assis devant eux. De nombreuses victimes affirment que le harcèlement a nui à leur carrière. Certains étudiants quittent l’université, et des professeurs affirment avoir été privés de tâches d’enseignement à cause de commentaires laissés sur les sites Web d’évaluation ou avoir démissionné en raison du harcèlement que certains collègues exerçaient à leur endroit.
Mme Cassidy et son équipe ont réalisé les entrevues en 2014 et publié les résultats de leurs travaux dans de nombreuses sources, y compris dans le livre Cyberbullying at University in International Contexts (Routledge, 2018). Au cours des cinq ans qui ont suivi le début de l’enquête initiale, la dépendance de la population envers les téléphones intelligents, le courriel et les réseaux sociaux comme modes de communication s’est encore accrue. De fait, les harceleurs peuvent attaquer leurs victimes encore plus facilement. « Lorsque j’ai commencé à étudier le harcèlement, il n’y avait que Facebook et Messenger. Aujourd’hui, les moyens dont disposent les harceleurs sont si nombreux que je dois demander à ma fille de 26 ans de me tenir à jour », souligne Mme Cassidy.
Parallèlement, la pression exercée sur les universitaires pour qu’ils diffusent leurs travaux sur les forums publics s’intensifie; certains organismes de financement rendent même cette publication obligatoire. De nombreux universitaires utilisent Twitter à cette fin et se soumettent à des entrevues dans les médias. De plus, leurs coordonnées figurent habituellement sur le site Web de l’Université.
Il est difficile de trouver un équilibre entre les obligations de publier et les risques que cette exposition comporte, croit Mme Dean. Selon elle, les universitaires sont tenus de diffuser leurs travaux de recherche, mais ils ne devraient pas se sentir obligés de rester dans la mire de gens qui déforment leur opinion pour semer la controverse. « On a mal interprété mes travaux dans le but de créer un sous-discours. »
Emma Vossen, chercheuse postdoctorale à l’Université York, connaît bien cette réalité. Pour son mémoire, elle a étudié l’accessibilité des jeux, l’identité des joueurs et la culture qui règne dans le milieu des jeux vidéo – un sujet qui l’a placée au coeur du « Gamergate », une vaste campagne de harcèlement ciblant les femmes dans ce milieu. Pendant des années, Mme Vossen a été victime de harcèlement par intermittence, chaque vague étant souvent déclenchée par une apparition télévisuelle ou la publication d’un nouvel article.
Parfois, elle se retirait complètement de la scène. « Il m’est arrivé de tout éteindre et de refuser de donner des conférences pendant plus d’un an. Je finissais par reprendre mes activités, mais je me suis censurée pendant un certain temps, cela ne fait aucun doute. »
Son collègue, Steve Wilcox, professeur adjoint de conception et de développement de jeux à l’Université Wilfrid Laurier, s’intéresse aux mêmes questions que Mme Vossen, mais il dit n’avoir jamais fait l’objet de cyberharcèlement. Dans ce domaine d’enseignement, les hommes ne semblent pas être la cible première des attaques, ce qui prouve que le sexisme et la misogynie sont les principales motivations des harceleurs, selon lui.
« Cela signifie que dans le milieu de l’enseignement des jeux vidéo, les femmes se heurtent à un appauvrissement de leur vie publique en tant qu’universitaires – avec toutes les conséquences professionnelles que cela comporte dans un marché de l’emploi déjà saturé – ou diffusent leurs travaux en s’exposant au harcèlement, aux atteintes à la vie privée et à un sentiment général d’insécurité et d’hostilité. »
Shandell Houlden, doctorante à l’Université McMaster et adjointe à la recherche à l’Université Royal Roads, et sa collègue Chandell Gosse, aussi chercheuse à l’Université Royal Roads et doctorante à l’Université Western, ont entrepris un projet pluriannuel sur le cyberharcèlement à l’encontre des femmes universitaires. Elles ont d’abord réalisé des entrevues qualitatives auprès de 14 femmes universitaires qui ont été victimes de cyberharcèlement. Elles ont ensuite effectué une enquête quantitative sur les incidents de harcèlement, la réaction des universitaires qui en ont été victimes et les mesures prises par l’établissement. À ce jour, c’est-à-dire à mi-chemin du projet, 180 personnes y ont participé.
Même si elles n’ont pas encore analysé toutes les données, les chercheuses en dégagent déjà quelques tendances. Elles ont, entre autres, constaté que le cyberharcèlement est vite devenu un problème important et que la responsabilité de trouver une solution incombe souvent aux victimes, et non aux établissements. Les obstacles sont particulièrement importants pour les personnes en situation précaire, à savoir les étudiants aux cycles supérieurs et les titulaires de postes non permanents. Ces personnes essaient de se tailler une place et ne reçoivent pas le même soutien que les titulaires de poste permanent, explique Mme Houlden.
« Elles craignent de devenir un fardeau trop grand si leur présence en ligne est source de conflits. Il s’agit d’un problème important auquel les établissements doivent remédier. »
Stéphane Villeneuve, professeur à la Faculté d’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), dirige une étude sur la cyberintimidation des professeurs à l’UQAM et à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il s’intéresse particulièrement au lien entre le cyberharcèlement, le sexe et l’appartenance à une minorité visible. À ce jour, 150 membres du corps professoral ont participé au projet, et M. Villeneuve espère en recruter le double à terme.
Même à ce stade précoce du projet, il est étonné des réponses qu’il reçoit. Plusieurs professeurs lui ont demandé conseil en privé; ils subissent du harcèlement et ne savent pas où obtenir de l’aide. Un professeur en colère lui a écrit pour lui demander de ne pas étudier le cyberharcèlement entre membres du corps professoral, car il s’agit d’un sujet trop délicat. « Je n’étais pas tout à fait de cet avis », précise-t-il.
Le cyberharcèlement augmente à un rythme tel que les universités n’ont pas de politiques pour s’y attaquer. L’équipe de Mme Cassidy à l’Université Simon Fraser a analysé 465 politiques de 74 universités et a constaté que la plupart d’entre elles portaient sur le comportement des étudiants, la discrimination et le harcèlement, mais que plusieurs ne mentionnaient pas expressément l’espace numérique (les résultats sont parus en 2015 dans la Revue canadienne d’enseignement supérieur). Seulement le tiers des politiques faisait référence aux comportements en ligne.
D’une manière plus générale, Mme Cassidy croit que le Canada devrait suivre l’exemple de l’Australie et créer un poste de commissaire à la cybersécurité. Ce bureau gouvernemental fournit des ressources éducatives sur la cybersécurité, enquête sur les cas de cyberintimidation signalés et définit les étapes à suivre pour le signalement. « Ce modèle est très intéressant, explique-t-elle, et je crois que le Canada devrait s’en inspirer. En étudiant les mesures adoptées dans d’autres pays, nous pouvons commencer à changer les choses. »
À l’Université Royal Roads, Mmes Houlden et Gosse estiment que leurs travaux démontrent que les réactions des universités au cyberharcèlement « vont dans toutes les directions ». Certaines victimes se sentent appuyées, d’autres non, et bon nombre d’elles ne savent pas où obtenir de l’aide. Des recherches indiquent que de nombreuses femmes victimes de harcèlement réduisent leur présence en ligne au minimum pour se protéger. Mais cette protection devient difficile quand l’université oblige ses professeurs à publier leur adresse de courriel sur son site Web.
Selon Reuben Kellen, conseiller en services aux membres à l’Association des professeurs de l’Université de Victoria, cette situation est délicate à gérer. « Je crois que dans certains cas, l’administration [des universités] devrait accepter que les professeurs retirent leurs coordonnées, mais en l’absence de motifs clairs et de mécanismes permettant aux étudiants de joindre leur professeur en cas de besoin légitime, je pense qu’elle serait aussi en droit de refuser. »
Recommandations à l’intention des dirigeants d’établissement
- Dotez-vous d’un plan de communication proactif contre le cyberharcèlement, qui inclut le personnel de l’université et du département responsable des relations publiques départementales et des médias sociaux.
- Nommez une ou plusieurs personnes qui s’y connaissent en cybersécurité, en médias sociaux et en harcèlement pour venir en aide aux membres du corps professoral et aux chercheurs.
- Sensibilisez le personnel enseignant et administratif en créant un guide d’une page qui comprend une définition du cyberharcèlement ainsi que des liens et des coordonnées à utiliser pour joindre les services de sécurité, de counseling, de TI, etc.
- Exploitez les diverses ressources universitaires (TI, service de sécurité du campus, etc.) pour protéger les chercheurs; filtrez les courriels, sécurisez les sites Web de l’établissement et prenez toutes les autres mesures de sécurité nécessaires.
- Reconnaissez les conséquences psychologiques du cyberharcèlement et mettez des services de counseling d’urgence à la disposition des victimes.
Source : Best Practices for Conducting Risky Research and Protecting Yourself from Online Harassment, Data & Society Research Institute, 2016.
Au cours des semaines qui ont suivi les élections provinciales du printemps dernier en Alberta, Melanee Thomas, professeure agrégée à la Faculté de sciences politiques de l’Université de Calgary, a reçu de nombreux courriels importuns. Les auteurs, tous de sexe masculin, mettaient ses compétences en doute et critiquaient ses travaux sur le sexe et les comportements en politique. Dans un fil Twitter, Mme Thomas a pressé les universités d’inciter les chercheurs à échanger davantage avec la population et demandé la mise en place d’outils additionnels pour protéger les chercheurs contre le harcèlement.
Elle aimerait que les universités créent une « escouade volante » – une sorte d’équipe d’urgence organisée – qui interviendrait chaque fois qu’un chercheur est inondé d’appels et de courriels offensants. Cette équipe pourrait trier les communications et ainsi permettre aux professeurs de se concentrer sur des tâches constructives. « C’est surtout pendant le semestre, lorsque les étudiants ont besoin de moi, que j’aimerais que quelqu’un m’aide à gérer tout ça. J’ai besoin que quelqu’un filtre mes messages pour que je puisse me concentrer sur les tâches qui m’ont été attribuées. »
Les experts qui étudient le harcèlement – et les personnes qui le subissent – disent que les universités doivent mieux protéger les victimes et réduire leur fardeau. M. Villeneuve souhaite que des directives précises en cas de cyberharcèlement soient élaborées à l’intention des professeurs et qu’elles soient diffusées à grande échelle.
« La technologie nous sert de plus en plus à communiquer avec les étudiants et cela pose problème, car ils se sentent tout-puissants derrière leur clavier. Ils n’ont plus d’empathie. Ils écrivent des choses qu’ils n’oseraient jamais dire en présence de leur interlocuteur. Il faut donc expliquer aux professeurs comment réagir et comment bien utiliser la technologie, parce qu’ils ne la maîtrisent pas tous. »
Selon Tonya Callaghan, professeure agrégée à la Werklund School of Education de l’Université de Calgary, les universités doivent trouver des façons créatives de protéger et d’indemniser les universitaires militants qui sont souvent victimes de harcèlement. Par exemple, les universités pourraient adapter les tâches d’enseignement ou de service des universitaires afin de tenir compte des conséquences personnelles de leurs activités militantes.
Ces recommandations, Mme Callaghan les tire de sa propre expérience. Celle-ci, qui s’identifie comme lesbienne, est l’auteure du livre Homophobia in the Hallways (University of Toronto Press, 2018) qui traite de l’homophobie dans les écoles catholiques. Elle coordonne également une option du programme de maîtrise en éducation appelée Advancing Healthy and Socially Just Schools and Communities (promotion d’écoles et de collectivités saines et socialement équitables). Elle estime qu’il est de son devoir de diffuser ses travaux sur la discrimination et de promouvoir son programme en ligne. Elle fait donc l’objet de cyberintimidation, et a récemment reçu des menaces de mort.
« C’est épuisant sur le plan émotionnel et psychologique, explique-t-elle. Peu de gens comprennent l’importance du travail des universitaires qui, comme moi, dénoncent l’injustice sociale et l’oppression, ainsi que les conséquences émotionnelles, psychologiques et physiques qui en découlent. Le prix que nous payons pour notre travail est très élevé. Par conséquent, je crois que nous devrions être indemnisés de manière appropriée. »
Le Data & Society Research Institute, à New York, a établi une liste de pratiques exemplaires pour les universitaires qui mènent des travaux de recherche risqués et qui veulent se protéger du cyberharcèlement ainsi que des recommandations pour les administrateurs (voir l’encadré intitulé Recommandations à l’intention des dirigeants d’établissement, à la page 25). À toutes les victimes actuelles de cyberharcèlement, Mme Houlden recommande de prendre des mesures de sécurité de base telles qu’une protection par mot de passe et une vérification à deux étapes. En cas d’incident particulier, elle conseille également de faire une saisie d’écran et de la conserver comme preuve.
Selon Mme Gosse, les victimes devraient aborder la violence en ligne comme toute autre forme de violence. « Demandez des soins au besoin, entretenez un réseau social solide et ne laissez personne dépasser vos limites. Ne craignez pas de bloquer ou de signaler quelqu’un qui vous importune. »
Pour Mme Dean, la situation s’est calmée. Lorsque le service des relations publiques de l’Université de Victoria lui a demandé si elle souhaitait dénoncer publiquement le harcèlement ou laisser la controverse s’essouffler, elle a choisi la seconde option. Pendant des mois, l’Université a filtré les messages haineux et peu à peu, le harcèlement a pris fin. Tout comme l’insomnie et l’anxiété, quelque temps après.
Mme Dean affirme que cet incident, dont elle garde tout de même un vif souvenir, a éveillé sa fibre militante. Récemment, elle s’est jointe au comité créé par l’Université pour élaborer une procédure en matière de harcèlement. Elle souhaite que la procédure protège l’ensemble du milieu universitaire, et non seulement les échelons supérieurs du corps professoral. « De nombreuses personnes m’ont soutenue, en partie parce que j’enseigne depuis 30 ans. [Mais] d’autres n’enseignent pas depuis aussi longtemps. Il nous faut régler ce problème épineux. »