En avant toute : comment les universités peuvent relancer la productivité du Canada
Pour moderniser sa stratégie de productivité, le Canada doit miser sur les universités.

Le Canada tire de l’arrière au chapitre de la productivité. Nous perdons du terrain face à d’autres pays, en particulier les États-Unis, notre principal partenaire commercial. Nous risquons de prendre encore plus de retard, dans un contexte où l’économie mondiale est bousculée par la volonté des États-Unis de renforcer ses propres secteurs manufacturier et technologique par des subventions, des droits de douane et des initiatives de relocalisation.
« En avant toute » a beau être un cri de ralliement efficace, si nous n’arrivons pas à tirer un avantage durable de cette période difficile, les conséquences économiques se feront sentir pendant des générations. Il nous faut une stratégie plus audacieuse et intégrée, capable de mobiliser les gouvernements, les industries ainsi que nos universités de calibre mondial, qui attirent et forment les talents de demain.
Avant tout, il faut bâtir une main-d’œuvre technologique hautement qualifiée, en formant davantage de personnes dans des secteurs comme l’intelligence artificielle, la science des données et d’autres technologies de pointe. L’une des principales faiblesses du Canada reste la lenteur avec laquelle les entreprises adoptent l’IA, l’automatisation et les solutions infonuagiques — non par méconnaissance, mais faute de personnel suffisamment qualifié pour les exploiter efficacement. Nous savons quoi faire, mais pas comment — et les universités, en tant que partenaires, font partie de la solution.
Selon le rapport de 2024 de l’Institut Vecteur sur les compétences émergentes en IA, il y a un besoin pressant de spécialistes en apprentissage automatique, en ingénierie des données et en cybersécurité. La littératie numérique doit devenir une compétence fondamentale, intégrée dès le parcours scolaire, de la maternelle aux études supérieures. Les industries devraient participer activement à l’élaboration des programmes d’études et offrir des occasions d’apprentissage concrètes en milieu professionnel. Dans l’économie actuelle, il ne suffit pas de former plus de spécialistes en programmation. Il nous faut des personnes capables de comprendre les implications sociales de l’intelligence artificielle, de concevoir des modèles d’affaires éthiques, de créer des ponts entre les secteurs et de combiner les savoirs scientifiques et humanistes pour élaborer des solutions novatrices. C’est précisément l’objectif d’une formation universitaire de qualité.
Nous devons élargir notre définition des compétences technologiques pour que les populations étudiante et active puissent utiliser les technologies de manière efficace. Les sciences humaines, la pensée critique et la rédaction analytique doivent être intégrées à la formation technologique pour relever les grands défis d’aujourd’hui et de demain.
Ensuite, nos universités et nos industries doivent unir leurs forces dans des domaines où le Canada possède un avantage : les minéraux critiques, l’économie arctique, la politique étrangère, l’IA, l’agroalimentaire, l’aérospatiale et les énergies propres. Mais avant tout, nous devons nous rappeler que nous évoluons dans une économie du savoir. Il est primordial de multiplier les partenariats permettant aux étudiantes et étudiants d’obtenir de l’expérience pratique et de découvrir de nouvelles idées. Dans des pays comme l’Allemagne et la Corée du Sud, les établissements d’enseignement et les entreprises travaillent main dans la main pour transformer la recherche en solutions concrètes et favoriser la commercialisation. Les établissements d’enseignement supérieur canadiens peuvent briser nos silos.
De nouveaux modèles voient d’ailleurs le jour, au-delà des stages traditionnels. Le CloudCampus de l’Université d’Ottawa, lancé en partenariat avec FX Innovation de Bell Canada et le Centre d’excellence du Canada en matière de réseaux de nouvelle génération, offre des programmes de cycle supérieur en conception de solutions infonuagiques, ainsi que des formations de reconversion pour les professionnelles et professionnels en milieu de carrière. Le Creative Destruction Lab, fondé à l’Université de Toronto et aujourd’hui présent sur 12 sites dans le monde, est un programme international destiné aux jeunes entreprises scientifiques en quête de premiers financements. Le Centre for Creativity de l’Université Victoria rassemble des actrices et acteurs du monde des affaires, des milieux universitaires et des industries créatives pour réfléchir à des problèmes précis et trouver des solutions concrètes.
Les universités canadiennes ont le pouvoir et la responsabilité de montrer la voie dans la création de tels partenariats. Grâce à leur capacité de recherche, à l’expertise de leurs enseignantes et enseignants, et à leurs réseaux communautaires solides, elles sont idéalement positionnées pour relier l’innovation à sa concrétisation. Où ailleurs dans la société peut-on trouver une telle concentration de compétences et de savoirs diversifiés, notamment des scientifiques, ingénieures et ingénieurs, artistes, historiennes et historiens, spécialistes de l’éthique et de l’économie, réunis pour travailler ensemble ? C’est cette diversité de connaissances et de perspectives qui fait toute la valeur des universités, et qui jouera un rôle déterminant pour relever les défis contemporains les plus complexes.
Enfin, l’appui des pouvoirs publics est essentiel. Le Canada doit instaurer une véritable culture de l’innovation, où celle-ci est non seulement encouragée, mais aussi attendue, tant dans les établissements d’enseignement que dans les entreprises. Des mesures comme les incitatifs fiscaux, des subventions de contrepartie et la simplification des démarches de financement peuvent stimuler les investissements des entreprises dans la R-D collaborative.
Si le Canada ne modernise pas rapidement sa stratégie de productivité, il risque de s’enliser dans une stagnation économique durable. Mais en créant des liens plus étroits entre l’éducation, l’industrie et la recherche, nous pourrons non seulement rattraper notre retard, mais aussi bâtir une économie plus forte et plus concurrentielle. Le moment est venu de retrousser nos manches et de regarder en avant – non seulement pour travailler plus fort, mais aussi pour bâtir une économie durable, robuste et inclusive, au service de toutes et tous.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du niveau 1 en multiples domainesUniversité de Sherbrooke
- Traitement des eaux - Professeure ou professeurInstitut national de la recherche scientifique
- Sciences de l'éducation - Professeure suppléante ou professeur suppléant (didactique des mathématiques au secondaire)Université du Québec à Trois-Rivières
- Médecine vétérinaire - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint ou agrégé (chirurgie des animaux de compagnie)Université de Montréal
- Médecine - Professeure ou professeur (neurosciences)Université de Sherbrooke
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