Plaidoyer pour que l’alimentation végétale devienne la norme sur les campus
Les universités pourraient affronter la crise du climat en faisant de la nourriture à base de plantes l’alimentation « par défaut » sur leurs campus.
Que peuvent faire les universités pour contrer la crise du climat? D’emblée, on pense aux apports des travaux de recherche et de l’enseignement dans de nombreuses disciplines : de l’écologie aux sciences de l’environnement, en passant par le génie, l’économie et bien plus encore, ces personnes qui travaillent dans les laboratoires et enseignent dans les salles de classe tentent de trouver des solutions aux problématiques pressantes et complexes.
Or, les universités, ce sont bien plus que la recherche et l’enseignement. En plus de contribuer à l’économie et à la culture du milieu où elles sont installées, elles forment un microcosme à part entière. Ainsi, la contribution que leurs étudiant.e.s et leur personnel administratif et enseignant peuvent apporter, notamment en prêchant par l’exemple, peut prendre diverses formes.
L’une de celles-ci, c’est l’adoption d’une politique de « normalité végétale »; une initiative accessible, abordable et, surtout, équitable. L’idée est de renverser la tendance actuelle : plutôt qu’avoir des plats à base de viande au premier plan, on valorisait les options végétales tout en continuant de répondre à toutes les préférences alimentaires.
Prendre les choses en main
Nous devons adopter un modèle plus durable pour notre alimentation : ça, on le sait. Le populaire rapport d’EAT-Lancet a démontré qu’en adoptant une alimentation durable composée à majorité de produits végétaux, on protège notre santé, mais aussi l’environnement. Nous devons « manger local », réduire le gaspillage alimentaire et, d’abord et avant tout, réduire notre consommation de viande. C’est aussi ce qu’indique le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui témoigne de l’importante contribution de l’élevage à la crise environnementale. Ensemble, la déforestation, la dégradation des sols, la perte d’habitats et de la biodiversité, les déchets et les émissions de gaz à effet de serre font de l’élevage la deuxième cause du réchauffement climatique, tout juste derrière la consommation de combustibles fossiles. Il ne suffit pas de limiter notre usage de carburants nocifs pour l’environnement, nous devons aussi arriver à une alimentation plus équilibrée.
Autre fait indéniable : les universités ont le potentiel d’élever la barre du développement durable. J’enseigne à l’Université Dalhousie, qui compte des unités de recherche spécialisées ancrées dans les objectifs de développement durable des Nations Unies. Il y a plus de 30 ans, l’Université a accueilli des décideurs du milieu universitaire qui se sont prononcés pour la Déclaration d’Halifax. Cette déclaration, signée en 1991, s’inscrivait dans la foulée d’un accord signé dans la ville française de Talloires par des figures universitaires du monde entier. La déclaration signée à l’Université Dalhousie avait des objectifs concrets et de grandes ambitions qui orienteraient l’enseignement, la recherche, la communication et les activités afin de tendre vers un avenir équitable et durable. Les deux déclarations nommaient non seulement les dangers qui guettent la santé de notre planète, mais aussi la responsabilité pressante, pour les universités, d’être des vecteurs de changement.
Un coup de pouce pour influencer les comportements
À l’Université Dalhousie, comme ailleurs, il est possible d’agir et de prendre nos responsabilités en changeant notre alimentation. En faisant des options à base de plantes la norme dans nos cafétérias, nos services de traiteur, nos conférences et d’autres événements, on peut faire réfléchir et influencer l’avenir. Cette idée de créer un nouveau réflexe dans nos établissements est inspirée par le travail de Greener by Default, qui mise sur la psychologie sociale du « coup de pouce ». Selon l’organisme, on peut réellement changer les choses en faisant de la nourriture à base de plantes la norme, tout en donnant aux gens l’option de demander un repas contenant de la viande ou des produits laitiers. En procédant ainsi, on normalise l’alimentation durable, on favorise la santé et le bien-être des individus, et on offre un environnement inclusif pour les personnes qui s’abstiennent de manger de la viande ou des produits laitiers pour des raisons religieuses, éthiques ou de santé. Qui plus est, on réduit considérablement notre empreinte carbone.
Concrètement, que signifie une alimentation à base de plantes « par défaut »? Les services traiteur sur les campus peuvent préparer davantage de plats végétaux et les rendre plus attrayants et plus visibles que ceux à base de produits animaliers. Les responsables d’événements peuvent faire du plat à base de plantes l’option de base, en demandant au public de cocher dans le formulaire de participation non pas si un repas végétarien est souhaité, mais si un repas à base de viande l’est. Pour les collations ou les réceptions, un menu végétal peut être prévu de facto. Ce genre d’encouragement influence les comportements sans restreindre l’offre, tout en diminuant notre empreinte environnementale globale.
Nos corps doivent être alimentés de façon plus durable, tout comme doivent l’être nos maisons, nos véhicules et nos lieux de travail. La nourriture est bien plus qu’une simple source d’énergie, évidemment : elle porte une charge sociale et culturelle. Elle rassemble. En partageant un bon repas, on tisse des liens. Alors existe-t-il un meilleur lieu qu’une université pour servir de la nourriture qui nous rend collectivement service?
Kathleen Kevany est professeure agrégée à la Faculté d’agriculture de l’Université Dalhousie. Cet article a été rédigé au nom de Default Dal, un groupe qui milite pour faire de la nourriture à base de plantes la première option alimentaire offerte sur l’ensemble des campus de l’Université.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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