Une question d’identité
Décortiquer le problème de l’identité autochtone en enseignement supérieur.
La Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), la plainte déposée par Cindy Blackstock devant la Commission canadienne des droits de la personne et l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ont permis de capter l’attention de la population et d’entraîner la prise de conscience que les peuples autochtones réclament depuis longtemps. En réponse directe aux 94 appels à l’action de la CVR et aux 13 principes en matière d’éducation des Autochtones d’Universités Canada, le milieu universitaire considère maintenant les chercheurs et chercheuses ainsi que les étudiant.e.s autochtones comme les principaux indicateurs de la réussite des universités à renforcer l’inclusion, la diversité, l’équité et l’accessibilité (IDEA).
Pour sa part, la communauté autochtone a souligné que la course à l’IDEA a mené à des nominations douteuses et que le milieu de l’enseignement supérieur est maintenant aux prises avec de sérieux problèmes découlant de ses démarches visant à accentuer la présence autochtone au sein de la direction, du corps professoral et du personnel. En effet, bon nombre de ces nominations ont été compromises par l’évaluation insuffisante qui en aurait été faite, et des personnes n’étant pas réellement autochtones ont dû être écartées.
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La plupart des questions à ce sujet semblent dépendre du caractère public des « déclarations d’identité autochtone » et de ce qu’elles apportent. Dans le milieu universitaire, l’identité autochtone peut conférer un gain financier et du prestige. Comme les chercheurs et chercheuses autochtones demeurent en minorité au Canada, leur présence assure la représentation autochtone au sein de leurs établissements respectifs et les désigne par défaut pour offrir les cours obligatoires en cette époque de vérité et de réconciliation.
Pendant de nombreuses années, les collèges, les universités et probablement les sociétés et les organisations à but non lucratif ont compté sur « l’auto-identification » non pas à tort, mais par respect pour le droit de choisir des peuples autochtones. Toutefois, des problèmes surviennent lorsqu’une personne déclare faussement une identité autochtone et obtient des avantages et un poste auxquels elle n’a pas droit et qui reviendraient à juste titre à une personne d’origine autochtone.
Le problème réside dans le caractère attrayant des avantages que présente la revendication de l’identité autochtone ainsi que des « droits » et de l’accès à des ressources considérables y étant associés.
En voici quelques exemples :
- l’exemption des droits de scolarité à plusieurs niveaux;
- des allocations de subsistances (quoique modestes);
- une exemption fiscale pour les personnes qui possèdent un certificat de statut d’Indien;
- l’adhésion à une organisation des Premières Nations, inuite ou métisse (si la demande est acceptée);
- le droit de demander un logement ou de l’aide financière (si la demande est acceptée);
- le droit de passer une entrevue pour des postes bien rémunérés et d’y accéder;
- la notoriété entraînée par le fait d’être à la fois une personne autochtone et un.e brillant.e professeur.e, chercheur ou chercheuse; ou
- l’accès à du logement hors des réserves dans les villes qui offrent ce genre de services, ainsi qu’à un congé des paiements d’hypothèque.
Cette tromperie a peut-être commencé par un individu qui a été accueilli par une famille autochtone ou qui a vécu dans un quartier rural ou urbain à prédominance autochtone. Cette situation pourrait avoir fait naître chez cette personne un fort sentiment d’appartenance sans pour autant en avoir les droits de naissance. Elle pourrait également être devenue une alliée après s’être liée d’amitié avec des personnes autochtones pendant l’enfance. Comme la proximité favorise la création de liens d’attachement et permet d’éprouver une profonde sympathie à l’égard de l’oppression et de la pauvreté vécues dans des situations semblables, il est également possible que certaines déduisent qu’à force d côtoyer une communauté autochtone, un individu en soit membre, l’amenant ainsi à accepter cette présomption et à commencer à s’habiller et à parler comme elle. Le fait d’épouser une personne autochtone et d’avoir des enfants avec elle peut également légitimer ce sentiment d’attachement et d’acceptation. J’ai personnellement connu des femmes qui sont « devenues » autochtones par le biais de leurs relations personnelles; elles portent les boucles d’oreilles et les vêtements traditionnels, et disent s’appuyer sur leur « expérience personnelle » lorsqu’elles sont appelées à décrire le mode de vie des personnes autochtones.
Il peut aussi arriver que des personnes s’identifient faussement comme étant d’origine autochtone parce qu’elles se rappellent avoir vécu sur les réserves lorsqu’elles étaient enfants. Il peut s’agir de médecins, de dentistes, d’enseignant.e.s ou d’autres professionnel.le.s allochtones qui sont fréquemment appelé.e.s à travailler et à vivre parmi les communautés autochtones depuis une centaine d’années. Cela ne veut toutefois pas dire que ces personnes sont officiellement reconnues par les systèmes de gouvernance des Premières Nations, Inuits ou Métis, ou admissibles aux services fédéraux, parce qu’elles ne sont pas d’origine autochtone. De la même façon, l’acceptation dans une famille autochtone n’accorde pas l’entrée dans la nation ni ne confère de droits issus de traités ou d’autres droits propres aux personnes autochtones.
Les certificats de statut d’Indien ne constituent pas non plus des indicateurs fiables de l’identité autochtone parce qu’avant 1985, toute femme qui épousait un « Indien » devenait automatiquement « Indienne en vertu de la Loi sur les Indiens », et ce, même si elle venait tout juste d’arriver au pays. Cette situation était également parfois observée après une guerre, alors que les épouses d’hommes des Premières Nations ayant combattu outre-mer arrivaient au pays avec le nouveau titre de Canadiennes et de membres des Premières Nations, dont elles héritaient par défaut. Ce cadeau de la citoyenneté canadienne et du statut d’Indien était offert aux Américaines allochtones avant la modification de 1985 de la Loi sur les Indiens datant de 1876. Les femmes autochtones qui choisissaient d’épouser un homme allochtone ou un homme autochtone sans statut d’Indien perdaient quant à elles l’accès à leurs maisons, à leurs territoires et pour ainsi dire à leur identité. Bien que la situation ait changé en 1985, la lutte entre le ministère des Affaires indiennes de l’époque et les conseils de bande pour le rétablissement des droits des femmes autochtones a été longue et ardue, et n’a pas mené, dans l’ensemble, à l’obtention du statut d’Indien pour les petits-enfants ni au droit de résidence sur les réserves des Premières Nations.
Somme toute, les peuples autochtones doivent conserver le droit de déterminer qui sont des leurs et qui ne le sont pas. Les établissements d’enseignement doivent écouter les Premières Nations, les Inuits et les Métis qui réfutent une revendication d’identité autochtone, car ce sont les personnes les mieux placées pour comprendre ce que cela suppose et représente pour leurs communautés. Nos attentes envers les peuples autochtones vont au-delà des liens historiques ancestraux, de leur participation à la communauté et de leur acceptation par celle-ci, de la possibilité de s’inscrire au registre des Indiens et de l’engagement à l’égard de la préservation de leurs valeurs, éthique et vision. Bien que le milieu universitaire devra évaluer les déclarations d’« auto-identification » avec neutralité, il ne peut se décharger de sa responsabilité d’écouter attentivement et de tenir compte des directives des gouvernements et de la communauté autochtones quant à la très importante question de la confirmation de l’identité autochtone.
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
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