La mise en récit : une compétence transformatrice
L’objectif devrait être la connexion, et non l’information.
Ceci est la première partie d’un article en deux parties.
Les récits nous renseignent sur les gens, leur vécu, leurs traditions et leurs cultures, mais nous poussent parfois aussi à réfléchir à nos propres opinions et expériences. De nos jours, la mise en récit, ou communication narrative, est un puissant levier de connexion avec l’autre. Pour les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs et les chercheuses et chercheurs en début de carrière, la mise en récit est une compétence transformatrice permettant de rendre plus digestes et plus concrètes les questions, enjeux et découvertes complexes de leur travail.
Pourquoi la mise en récit aide-t-elle votre public à se sentir concerné par vos travaux et leurs retombées? Les gens tendent à graviter vers les structures narratives. Les travaux universitaires consistent souvent en un assemblage d’idées, de cadres et de faits complexes; la mise en récit est une façon de rendre tout cela plus convivial, terre-à-terre et facile à comprendre. Plutôt que de recourir à une terminologie spécialisée, la mise en récit propose un langage courant et accessible. Je n’oublierai jamais ce qu’une personne mentore m’a dit alors que je m’apprêtais à présenter un projet de recherche en trois minutes dans le cadre du concours J’ai une histoire à raconter du Conseil de recherches en sciences humaines) : « l’objectif n’est pas d’impressionner le public par ton intelligence ou tes connaissances, mais d’établir un lien entre le sujet de ta présentation et leur vécu. » La touche personnelle et humaine qu’apporte la mise en récit vient souvent adoucir les réticences du public face à la complexité de l’information. L’objectif est que le public comprenne le sujet, sa pertinence dans le contexte actuel et la manière dont il peut améliorer le monde dans lequel nous vivons.
La bonne nouvelle, c’est que la communication narrative s’apprend et que les études aux cycles supérieurs regorgent de possibilités de s’y exercer. Que ce soit lors d’une présentation en classe, de la soutenance d’une thèse ou d’une dissertation, ou même d’un congrès, toutes les occasions sont bonnes pour ficeler un récit captivant à partir de vos travaux. Par exemple, plutôt que de dire « les données montrent que les enfants qui lisent régulièrement avec leurs parents manifestent une amélioration statistiquement notable de leurs résultats scolaires, avec une augmentation de 25 pour cent des résultats aux tests standardisés, et une amélioration générale de leur participation sociale avec les autres enfants », vous pourriez maintenir l’intérêt de votre auditoire en racontant une histoire vraie. Dans ce scénario, vous parleriez d’une famille que vous connaissez ou que vous avez passée en entrevue, en décrivant les difficultés rencontrées par les parents pour encourager leur enfant à lire chaque jour, puis comment ce simple changement a favorisé les habiletés sociales, la réussite scolaire et le désir d’apprendre chez l’enfant. En racontant une histoire personnelle, vous braquez les projecteurs sur l’ensemble de votre expérience, et non seulement sur les défis et les retombées de vos travaux, ce qui rend le tout beaucoup plus significatif et puissant pour votre public.
De plus, en choisissant une présentation vidéo ou un document écrit, par exemple un document de réflexion, vous pouvez parfaire l’expérience en misant sur la créativité visuelle et verbale. Enfin, les entrevues d’embauche, les demandes de bourses ou d’admission et tous les autres contextes où l’on vous demande d’articuler vos buts et objectifs sont autant d’occasions d’exercer vos compétences en communication narrative. Ces contextes offrent un cadre plus intime qui incite à raconter son parcours professionnel (combien de fois avons-nous entendu la question « pouvez-vous me parler de vous? » lors d’un entretien d’embauche?).
Et comme il en est pour toute compétence, on s’améliore en s’exerçant. Avec le temps, vous communiquerez mieux et vous aurez aussi une meilleure compréhension de vos propres travaux de recherche. En effet, dans le cadre de vos discussions, vous pourriez être surpris par les différents angles sous lesquels on peut aborder votre sujet, que ce soit d’un point de vue pratique ou de celui d’une personne non spécialiste en la matière. Au fil des présentations et des questions du public, vous trouverez des aspects à changer, à ajouter ou à retirer pour rendre votre prochaine prestation encore plus captivante et pertinente. Pour ma part, j’ai tendance à inclure des sujets d’actualité ou des enjeux sociaux qui peuvent trouver un écho auprès du public. J’adapte aussi ma façon de présenter selon divers facteurs :
- Suis-je à l’aise dans l’espace de présentation?
- Des gestes me rendraient-ils plus à l’aise?
- Devrais-je m’adresser à un grand groupe?
- Le type de présentation nécessite-t-il un support visuel?
- Est-ce un bon contexte pour sortir de mon texte et improviser un peu?
- S’agit-il d’une présentation traditionnelle ou d’une conversation qui nécessite la participation du public?
La seule façon de découvrir votre potentiel et de l’exploiter est de trouver des occasions de raconter votre récit.
La deuxième partie de cet article portera sur la façon de raconter un récit dans le contexte d’un concours de présentation de projet de recherche.
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
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