Des drapeaux de la fierté vandalisés neuf fois en deux mois
L’œuvre qui se trouvait sur le campus de l’Université de la vallée du Fraser est devenue un symbole de résilience pour la communauté LGBTQ2+ et, à bien des égards, une occasion d’apprentissage.
En mars dernier, les étudiant.e.s et le personnel du Carrefour de santé communautaire et d’innovation sociale (CHASI) de l’Université de la vallée du Fraser, à Abbotsford, en Colombie-Britannique, ont créé une installation extérieure avec des drapeaux de la fierté. L’équipe avait commandé 75 mini-drapeaux, qu’elle a disposés de part et d’autre du chemin menant au théâtre du campus, qu’on voit des fenêtres de son local. Il s’agissait d’un geste de soutien et de solidarité pour la production étudiante de The Laramie Project, une pièce inspirée de l’histoire vraie de Matthew Shepard, un jeune gai brutalement assassiné à Laramie, au Wyoming en 1998.
« Nous nous sommes dit : “Parfait, nous préparons le terrain. Les gens qui arrivent sentiront l’esprit de communauté” », explique Martha Dow, directrice du CHASI et professeure agrégée de sociologie à l’Université de la vallée du Fraser.
Après la fin de la pièce au début avril, l’équipe a laissé l’œuvre en place à l’occasion d’une activité à thématique « bal des finissant.e.s » organisée par le Collectif de la fierté, qui avait lieu à la fin du mois. Le matin du 14 avril, une personne responsable de l’entretien a découvert des drapeaux dans les poubelles.
« Nous les avons replantés », indique Mme Dow. Dix jours plus tard, les drapeaux avaient disparu.
En tout, les drapeaux ont été vandalisés – piétinés, souillés par des crachats, déchirés, jetés ou volés – neuf fois en deux mois. Un fait qui a profondément ébranlé les étudiant.e.s du CHASI, mais qui les a aussi mobilisé.e.s.
« C’est bouleversant parce que les drapeaux ne faisaient qu’exister », raconte Miranda Erickson, une étudiante de quatrième année à l’Université et adjointe à la recherche au CHASI, dans un épisode du balado du CHASI, qui portait sur le vandalisme. « C’est très symbolique. Nous [membres de la communauté LGBTQ2+] ne demandons pas de soutien, d’argent ou de ressources. Nous ne faisons qu’exister. Et à elle seule, notre existence suffit à inciter des lâches à la haine et à poser des gestes violents. Ces personnes voudraient ne pas nous voir. Elles voudraient que nous n’existions pas. »
« À notre arrivée le lundi matin, nous constations que les drapeaux avaient disparu, qu’ils étaient déchirés ou souillés. Nous étions envahi.e.s par la tristesse et la déception, mais un sentiment d’urgence nous donnait l’énergie d’agir », explique Mme Dow. L’équipe a signalé les incidents à la police, mais elle ne s’est pas arrêtée là. « En toute franchise, nous avons redoublé d’ardeur. Nous avons acheté plus de drapeaux et avons pris un peu plus d’espace. »
Le vandalisme se poursuivant, la professeure a compris que pour beaucoup de personnes, quelques drapeaux volés ou détruits ne représentaient pas un acte sérieux de violence ciblée. « Ce ne sont que de petits drapeaux. Il faut parfois aider les gens à comprendre toute la portée d’un geste. »
Le personnel du CHASI a même vu de son local quelqu’un piétiner les drapeaux. « C’était la veille de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, se souvient Mme Dow. Je suis sortie en courant dès que je l’ai vu. Malheureusement, c’était un étudiant de l’Université. »
Confrontant l’étudiant, elle lui a expliqué qu’il venait de commettre un acte criminel. Elle lui a dit : « Vous avez blessé ces personnes qui vous regardent présentement de la fenêtre. » Il lui a répondu : « Puis-je entrer pour m’excuser? Je ne m’attendais pas à cela. »
Et Mme Dow dit qu’il a pris le temps de bien faire les choses. « Il a admis : “Je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela.” Cet incident a donné lieu à un moment très important parce qu’on a vu quelqu’un comprendre toute la signification de ces drapeaux. »
Pendant l’épisode du balado enregistré en juin, l’adjointe à la recherche Lynsie Beaulieu a expliqué à Mme Dow que les membres du CHASI en ont aussi tiré des apprentissages. « J’ai été inspirée par votre intervention, raconte-t-elle. Quand vous l’avez confronté, vous étiez calme et posée, mais tout de même très ferme. Vous lui avez demandé pourquoi il avait choisi de poser ce geste et vous lui avez donné la possibilité d’y réfléchir, de comprendre en quoi il était blessant et pourquoi ces drapeaux étaient là et avaient de l’importance pour nous. »
Le drapeau original aux couleurs de l’arc-en-ciel, conçu par l’artiste Gilbert Baker, a été déployé pour la première fois à l’été 1978, lors du défilé de la fierté de San Francisco. Plusieurs variantes du drapeau existent de nos jours. Bien que les drapeaux du CHASI ne faisaient pas partie d’une installation officielle de l’Université, celle-ci fait flotter le drapeau de la fierté tout le mois de juin chaque année.
« Nous avons vu le drapeau dans des manifestations. Nous l’avons vu dans des défilés de la fierté qui sont un précieux mélange de résistance et de célébration, explique Mme Dow. Pour beaucoup de personnes queers, l’une des expériences les plus intenses, c’est l’invisibilité. Le drapeau, comme symbole visible de notre identité, revêt donc une grande importance, et contribue à nous donner un sentiment de plénitude. »
Une fois les drapeaux replantés, Mme Dow a vu des personnes s’arrêter en passant pour replacer un drapeau que le vent avait déplacé ou fait tomber.
« C’était intéressant de voir des gens passer à l’action pour faire partie de la solution, ne serait-ce qu’en posant un petit geste, raconte-t-elle. Pour moi, le drapeau de la fierté est rassembleur; tout le monde peut participer à la conversation, à l’activisme et à la résistance. »
À la fin de juin, le Mois international de la fierté, l’équipe du CHASI a organisé avec des allié.e.s du campus une activité dansante doublée d’un « queeraoke ». Dans le cadre de celle-ci, l’équipe a retiré les drapeaux « selon ses propres conditions », explique Mme Dow. Les participant.e.s ont écrit des messages sur les drapeaux, que le CHASI entend intégrer dans une œuvre d’art « qui serait le fruit d’une réelle collaboration visant à créer quelque chose de permanent et visible ».
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
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