Lancement d’une norme canadienne sur la santé mentale des étudiants de niveau postsecondaire

La norme est particulièrement importante en cette période de pandémie, estiment ceux qui se réjouissent de celle-ci.

05 novembre 2020
Disease outbreak anxiety and pandemic psychology or health fear of contagion or psychological fears of disease or virus infections with 3D illustration elements.

Les universités disposent d’un nouvel outil pour aider les étudiants à préserver leur santé mentale malgré les aléas de leurs études postsecondaires. En préparation depuis deux ans, la Norme nationale du Canada sur la santé mentale et le bien-être pour les étudiants du postsecondaire a été lancée pendant la Semaine de la santé mentale au début d’octobre.

La nouvelle norme souligne la nécessité pour les communautés universitaires de s’attaquer sans tarder à la hausse des problèmes de santé mentale chez les étudiants, spécialement en pleine pandémie. Elle est le fruit d’un rigoureux processus de recherche et de consultations menées auprès de plus de 6 000 personnes, dont des psychologues, des conseillers et des étudiants.

« Nous sommes ravis de la lancer maintenant », affirme Ed Mantler, vice-président, Programmes et priorités de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), et membre d’un comité technique de l’Association canadienne de normalisation (CSA), qui a passé deux ans à écouter les étudiants, à étudier les pratiques exemplaires en santé mentale fondées sur des données probantes et à formuler des recommandations. « La pandémie a mis en lumière les failles du système. Les étudiants ressentent une pression inouïe », ajoute-t-il.

Depuis une dizaine d’années, les universités de tout le pays se sont investies pour élaborer des stratégies afin de répondre aux besoins urgents de services supplémentaires. Selon M. Mantler, la nouvelle norme approuvée par la CSA constitue un ajout important à leur trousse d’outils. Comme il le souligne, les gens ayant une maladie mentale reçoivent bien souvent le premier diagnostic entre 18 et 24 ans, ce qui coïncide généralement avec les études postsecondaires.

Les statistiques donnent à réfléchir : selon le sondage mené par le National College Health Assessment auprès de 55 000 étudiants du Canada en 2019, plus de 80 pour cent des étudiants se sont sentis « dépassés par tout ce qu’ils avaient à faire » au courant de l’année précédente. Près de 70 pour cent d’entre eux ont aussi affirmé avoir « perdu tout espoir » à un certain point.

Aider ces étudiants constitue tout un défi, car chaque université cherche les solutions les mieux adaptées à sa propre population estudiantine. « Cette norme a pour avantage de permettre aux établissements de partir de leur propre réalité, de choisir leurs priorités et de se concentrer sur les méthodes à utiliser sans avoir à se demander quoi faire, explique Verity Turpin, vice-provost intérimaire aux affaires étudiantes à l’Université Dalhousie. Plus que jamais, nous devons pouvoir moduler nos mesures de soutien en fonction des besoins des étudiants. Dans le contexte de la pandémie, par exemple, nos établissements s’adaptent en aidant les étudiants à surmonter les nouveaux défis liés aux études en ligne et à l’impossibilité de voir leurs pairs sur le campus comme en temps normal. »

Selon M. Mantler, la norme est conçue pour être appliquée selon les besoins des universités de toutes les tailles et de toutes les régions du pays, où qu’elles en soient dans leur démarche à cet égard et quels que soient leurs défis particuliers. De plus, elle continuera d’évoluer au fil du temps.

L’aspect du processus de conception de la norme que M. Mantler et Mme Turpin disent avoir préféré était la participation des étudiants; des étudiants au premier cycle et aux cycles supérieurs ainsi que des groupes étudiants de promotion d’intérêts et de lobbying ont eu la possibilité d’exprimer leurs préoccupations en matière d’accès aux services de counseling, de mesures d’adaptation aux études et de promotion de la santé mentale. « Nous avons tous bien saisi l’importance de l’opinion des étudiants. Ils ont apporté une contribution formidable, intéressante et réfléchie », affirme Mme Turpin.

Madina Sutton, diplômée du programme de soins infirmiers de l’Université Dalhousie et membre du Conseil des jeunes de la CSMC, compte parmi les étudiants qui ont milité en faveur de la norme. Elle affirme avoir elle-même eu du mal à obtenir les mesures d’adaptation dont elle avait besoin, comme une charge de cours réduite. « La présence d’une norme dans chaque université entraîne la création d’une culture qui accorde une place importante à la santé mentale à l’échelle de l’établissement, et non seulement au centre de santé. »

Mme Sutton espère que ses efforts pour améliorer les services de santé mentale profiteront aux futurs étudiants universitaires. « Personne ne doit être laissé pour compte. Ce projet vise à aider absolument tout le monde. » M. Mantler entrevoit les retombées de la norme avec optimisme : « Les universités peuvent être des agents de changement en travaillant de concert avec les étudiants. Elles peuvent établir un plan tout en continuant à improviser. Chaque établissement peut choisir sa propre démarche. »

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