L’Université Athabasca s’entend avec le gouvernement de l’Alberta
L’université en ligne augmente modestement sa présence locale, le personnel et le corps professoral espèrent que cette décision amènera un peu de stabilité.
NDLR : Au moment où ce texte a été écrit, le recteur de l’Université Athabasca était Peter Scott. Il a été mis à la porte par le conseil des gouverneurs de l’établissement le 1er février 2023.
Après des mois de désaccord à propos du rôle que l’Université Athabasca doit jouer dans la stimulation de la croissance économique rurale, l’établissement et le gouvernement de l’Alberta ont conclu une entente de financement dans laquelle la création d’une trentaine d’emplois en trois ans dans la région d’Athabasca est prévue.
Signée le 1er décembre 2022, cette entente précise que d’ici 2024-2025, 44 % des cadres de haut rang de l’Université (quatre sur neuf selon le gouvernement) devront travailler dans la ville d’Athabasca tandis que le nombre minimum d’employé.e.s habitant dans la région devra passer de 252 à 277. L’Université est libre de déterminer les mesures qu’elle prendra pour atteindre ces cibles.
Ces nouvelles exigences d’embauche locale sont bien en deçà des cibles initiales : l’été dernier, le gouvernement a informé l’Université, fréquentée par un peu plus de 38 000 étudiant.e.s en 2021-2022, qu’elle devait augmenter de 500 le nombre de ses membres du personnel vivant à Athabasca, faute de quoi elle perdrait une part de sa subvention de fonctionnement annuelle de 41,5 millions de dollars.
En Alberta, les 26 établissements d’enseignement postsecondaire publics signent avec le gouvernement provincial une entente de gestion des investissements qui indexe un pourcentage du financement versé à l’atteinte de certains indicateurs de rendement. L’Université Athabasca était le dernier établissement sans une telle convention pour la période 2022-2025.
Le ministre provincial de l’Enseignement supérieur, Demetrios Nicolaides, affirme que son gouvernement a accepté de revoir les cibles à la baisse afin de conclure une entente. À l’été 2022, l’Université Athabasca avait déclaré publiquement qu’elle embauchait approximativement 295 personnes de la région. L’entente fait état d’une autre réalité. Interrogée sur cette divergence, l’Université a répondu que deux ensembles de données ont été utilisés à des fins différentes. Elle affirme qu’il y a bien 295 postes basés à Athabasca, mais que seulement 252 employé.e.s vivent dans la ville ou le comté d’Athabasca. Les autres vivent à l’extérieur et se déplacent pour le travail.
« Je suis bien content que cette affaire soit derrière nous. Nous pouvons maintenant nous tourner ensemble vers l’avenir pour bâtir une meilleure université à Athabasca », confie M. Nicolaides à Affaires universitaires. Peter Scott, recteur de l’Université Athabasca depuis janvier 2022, a décliné notre demande d’entrevue.
Une longue saga
L’Université Athabasca, qui était à l’origine un établissement d’enseignement à distance, a été relocalisée d’Edmonton à Athabasca en 1984. Le gouvernement provincial de l’époque avait pris cette mesure pour créer des emplois et stimuler la croissance économique dans la petite ville de 2 800 personnes du Nord de l’Alberta. Malheureusement, la faible empreinte physique de l’établissement y est devenue une source de tension.
En mai 2021, un groupe communautaire appelé Keep Athabasca in Athabasca University a lancé une campagne visant à freiner l’exode des emplois. Le conseil municipal y a participé, embauchant même un.e lobbyiste.
En mars 2022, le premier ministre d’alors, Jason Kenney, et le ministre Nicolaides ont annoncé des directives visant à renforcer la présence de l’Université dans la ville. Le gouvernement a ensuite remanié le conseil d’administration de l’établissement, remplaçant d’abord la personne à la présidence en mai, puis forçant quatre membres du public à partir pour les remplacer par sept nouvelles recrues en octobre. Des modifications réglementaires ont ensuite été apportées pour réserver au moins deux sièges aux résident.e.s de la ville ou du comté d’Athabasca.
Pour le ministre Nicolaides, ce qui doit être retenu de cette histoire, c’est qu’il est primordial que la population locale soit bien représentée. À son avis, il n’aurait pas été possible de signer cette entente sans nommer des gens de la région au conseil d’administration.
Tout au long du conflit, le recteur Peter Scott a maintenu le cap sur l’adoption du télétravail pour les activités administratives de l’établissement, et ce, dans une optique « quasi virtuelle » permanente. Une approche choisie par l’administration avant qu’il en prenne la tête. Dans son rapport annuel de 2021-2022, l’Université indique même que son système infonuagique et sa structure organisationnelle quasi virtuelle « sont uniques parmi les établissements postsecondaires canadiens ».
La signature de la nouvelle entente sonne le glas de cette stratégie. Dans sa déclaration faite le 1er décembre, le recteur s’est néanmoins dit heureux que le conseil d’administration ait approuvé un accord qui « élimine la menace d’une mutation forcée des membres de l’équipe, favorise la stabilité financière et donne la possibilité de continuer à travailler de manière quasi virtuelle, ce qui aide l’Université à attirer les meilleur.e.s candidat.e.s ».
Rhiannon Rutherford, présidente de l’Association des professeurs de l’Université Athabasca (AUFA), qui représente les quelque 400 professeur.e.s et professionnel.le.s de l’établissement, se demande si l’entente va vraiment juguler les pertes d’emploi, et s’inquiète du précédent créé.
« Ce qu’il faut se demander, affirme-t-elle, c’est dans quelle mesure un.e ministre ou un gouvernement provincial peut ou doit intervenir. Quel est le degré approprié d’ingérence ou de supervision, selon la façon dont on voit les choses? »
D’autres leaders communautaires sont d’avis qu’une intervention était nécessaire. Dans une déclaration commune publiée après la signature de l’entente, le préfet du comté, Brian Hall, et le maire de la Ville d’Athabasca, Rob Balay, ont souligné « qu’aucune autre université de la province n’a jamais tenté de quitter sa communauté de la manière dont l’Université Athabasca a tenté de le faire ».
Le scepticisme demeure quant aux projets de l’établissement d’accroître sa présence dans la région. Un peu plus d’une semaine après la signature de l’entente, le journal local Town and Country Today rapportait que la décision de l’Université Athabasca d’organiser sa cérémonie de remise des diplômes de juin à Edmonton plutôt qu’à Athabasca avait incité M. Hall à écrire au conseil d’administration de l’établissement pour exprimer son inquiétude.
Pour l’instant, Mme Rutherford indique que ses membres sont soulagé.e.s. « Le personnel et le corps professoral de l’Université espèrent vraiment jouir de la stabilité nécessaire pour se concentrer à nouveau sur l’enseignement et l’apprentissage; il est temps que cesse ce cycle de crise constant. »
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
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- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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