Un cours de Polytechnique sauvé par un microscope virtuel

Le logiciel australien a permis aux 22 étudiants du cours de pétrographie à Polytechnique Montréal de poursuivre leur formation d’identification de roches à distance.

22 juin 2020
Photographie d’un schiste à chloritoïde en lumière polarisée analysée.

Alors que les universités du pays, à la mi-mars, annonçaient, une après l’autre, l’annulation de leurs cours en présentiel et la fermeture de leurs campus, deux enseignants de Polytechnique Montréal ont craint le pire pour l’avenir de leurs cours en laboratoire. Particulièrement pour celui de pétrographie, où l’identification des roches par microscope est pratiquement impossible à distance.

« Transformer un cours basé sur un travail pratique en laboratoire, où les étudiants doivent identifier visuellement (à l’œil nu et au microscope) différents types de roches, en mode virtuel dans un délai de deux semaines constituait un défi colossal», explique la chargée du cours de pétrographie Anne-Laure Bonnet, qui a cru devoir annuler complètement son cours.

Le coordonnateur du cours et professeur agrégé au Département des génies civil, géologique et des mines, Félix Gervais, ne voyait pas l’annulation du cours comme une option. C’est en lisant plusieurs groupes de discussion de géologues à travers le monde dans la même situation qu’il apprend l’existence d’un microscope virtuel, un outil qui « a changé la donne pour la suite du cours », selon le coordonnateur.

Photographie d’un schiste à chloritoïde en lumière polarisée analysée.

Le microscope virtuel est un logiciel développé en 2014 par un chercheur de l’Université Macquarie de Sydney, en Australie. « Il fonctionne avec une série de photos, explique Mme Bonnet. Pour chaque échantillon de roches, il a fallu faire des photos en lumière naturelle et en lumière polarisée, et cela à différents angles. Au total, il faut une vingtaine de photos pour chaque échantillon afin de simuler une étude au microscope. »

Le technicien du cours, Louis-Pierre Barrette, a réalisé la banque d’images et aménagé un salon Discord, lui permettant de partager son écran pour enseigner. Le salon a aussi permis aux 22 étudiants d’échanger et de poser des questions. Selon l’étudiante Béatrice Naud, le nouvel outil s’est avéré une solution agréable malgré quelques bémols techniques. « Le principal défi causé par la transition vers un cours à distance a été de trouver la motivation et de nouvelles méthodes de travail », explique-t-elle. L’étudiante souligne que les laboratoires en présentiel lui permettent d’apprendre en aidant et en recevant l’aide de ses collègues. « C’est tellement plus motivant et amusant de travailler avec des gens. Je m’ennuie des petites choses, comme les séances d’étude où chacun apportait des collations et qu’on se donnait des trucs mnémotechniques en dansant. »

Photographie d’un schiste à grenat, staurotide, chloritoïde (+biotite et muscovite) en lumière polarisée analysée.

L’incertitude plane encore sur le déroulement de certains cours pratiques de Polytechnique Montréal cet automne. Mais les deux enseignants s’entendent pour dire que le microscope virtuel aura sa place dans leurs laboratoires à l’avenir, que ceux-ci soient à distance ou sur le campus. Le succès du cours de pétrographie, adapté en moins de deux semaines pour se livrer à distance, donne bon espoir au coordonnateur que d’autres cours, comme celui de minéralogie qui se donnera en septembre, pourront aussi s’adapter.

L’expérience de transition à laquelle participent pratiquement tous les universitaires dans le monde apportera des changements profonds dans la méthode d’enseignement, croit M. Gervais. « Ça va favoriser grandement le concept de la classe inversée et optimiser la façon dont on enseigne. Je suis confiant qu’il y a du positif qui va sortir de cette situation. »

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