Le sprint des fonds d’urgence aux étudiants

Les universités québécoises ont constitué des fonds d’urgence en un temps record pour venir en aide à bon nombre d’étudiants dans une situation financière précaire en temps de pandémie.

13 mai 2020
Repetitive Canadian one hundred dollar bill rolls flat lay on yellow bacground

Il s’est écoulé à peine 48 heures entre la décision de la direction de l’Université de Sherbrooke (UdeS) de mettre sur pied un fonds d’urgence et son lancement officiel, le 24 mars dernier. « La Fondation a réalisé un tour de force en s’adaptant à toute vitesse, alors que tout le monde passait en mode télétravail », souligne Vincent Aimez, vice-recteur à la valorisation et aux partenariats de l’université.

L’UdeS s’est fixé l’objectif ambitieux de 1,5 million de dollars. L’établissement estime qu’environ 2 000 étudiants devraient en bénéficier, à raison d’en moyenne 750 dollars chacun. En date du 30 avril, déjà près de 1,2 million de dollars avaient été amassés et plus de 700 000 dollars avaient été remis à 900 étudiants. Dès le départ, la Fondation de l’université et le Fonds d’appui à l’engagement étudiant avaient chacun versé 250 000 dollars. L’Université a ensuite proposé de doubler les dons provenant de l’externe. Elle a reçu pour 350 000 dollars de 700 donateurs différents.

« Nous n’avions pas d’idée claire quant au potentiel de notre campagne au départ, car ce n’est vraiment pas une période facile pour lancer une collecte de fonds, alors la réponse de la communauté universitaire et de ceux et celles qui la soutiennent me rend très fier », poursuit M. Aimez.

Pertes d’emploi

À l’Université de Montréal (UdeM), l’Université McGill, l’UdeS et l’Université Laval, les fonds approchent ou franchissent le cap du million de dollars. La cagnotte du fonds de l’Université Concordia dépasse les 700 000 dollars. Les institutions du Réseau des universités du Québec affichent des montants plus modestes. Ils évoluent entre 100 000 dollars à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et 465 000 dollars à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Pour avoir accès à l’aide d’urgence les étudiants doivent généralement démontrer qu’ils ont subi une baisse de revenu, qu’ils étaient inscrits à temps plein et que leur moyenne permet la poursuite du programme d’études. Certains étudiants ont vu l’appui financier de leurs parents diminuer ou disparaître parce qu’eux-mêmes éprouvent des difficultés. Mais ce sont surtout les pertes d’emploi qui les placent en situation précaire.

Au Canada, le nombre d’étudiants de 15-29 ans inscrits dans une institution postsecondaire qui occupaient un emploi a chuté de 28 pour cent en raison de la pandémie, selon le gouvernement canadien. Ce dernier a d’ailleurs décidé d’instituer une Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCUE). Elle prévoit le versement de 1 250 dollars par mois de mai à août 2020, un montant majoré à  pour ceux et celles qui ont des personnes à charge ou souffrent d’une incapacité permanente.

Combler les besoins urgents

« Notre aide d’urgence s’adaptera en fonction des programmes gouvernementaux, explique David Ouellet, secrétaire général et vice-recteur à la vie étudiante de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Nous voulons être complémentaires, pour soutenir les étudiants qui ne sont pas éligibles à ces programmes et non dédoubler des appuis qui existent déjà. » Les étudiants étrangers, par exemple, n’ont pas accès à la PCUE (bien que certains soient admissibles à la PCU). Or, ils sont 550 à l’UQAR parmi les 6 500 étudiants inscrits.

En date du 30 avril, le Fonds d’urgence de l’UQAR avait versé environ 75 000 dollars à plus de 150 étudiants. Le gros de l’argent provient de la communauté universitaire elle-même, soit les syndicats de professeurs, chargés de cours, étudiants salariés et employés de soutien, ainsi que les associations étudiantes et l’université.

De son côté, l’UdeM a puisé dans le Fonds d’amélioration de la vie étudiante et les Frais d’amélioration des services technologiques et informatiques et des collections des bibliothèques. Elle a aussi reçu les contributions des associations étudiantes, des syndicats et de la Fondation J.A. DeSève, qui lui a remis 75 000 dollars. Une collecte de fonds auprès d’amis de l’Université a recueilli 200 000 dollars en quelques jours.

« La réponse a été fulgurante dès les premières heures suivant notre appel aux dons », se réjouit Chantal Pharand, vice-rectrice adjointe aux affaires étudiantes et aux études de l’UdeM. Leur  fonds a octroyé plus de 665 000 dollars jusqu’à maintenant. « Nous entendons continuer de répondre aux demandes tant qu’il restera des fonds et des besoins », conclut-elle.

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