Saut de bison hydroélectrique
Une murale de l’Université du Manitoba mêle tradition et innovation en ingénierie.

Dans la Faculté de génie Price de l’Université du Manitoba, on aperçoit une murale dépeignant un bison sautant par-dessus un barrage hydroélectrique, vers des eaux turbulentes. Devant le barrage se tient un pêcheur autochtone, debout sur son canoë, entouré d’un ours, d’un aigle et d’une corneille portant l’anneau de fer d’un ingénieur.
La scène, mesurant 12 mètres de longueur, a été peinte par l’artiste winnipegois Mike Valcourt, connu pour les murales qu’il a créées dans la ville. Sous le thème de la vérité et de la réconciliation, la murale exprime la réappropriation du savoir autochtone en génie. Le canoë représente une prouesse iconique d’architecture navale des Premières Nations, tandis que les Métis et les Premières Nations sont bien connus pour leur technique de chasse aux bisons, faisant appel aux chevaux pour diriger leurs proies dans un précipice.
« J’essaie de créer des espaces de dialogue entre mon art et le spectateur », déclare l’artiste métis, qui cite Daphne Odjig, Norval Morrisseau et Jackson Beardy parmi ses sources d’inspiration.
L’idée d’une murale est née d’un commentaire fait à un panel d’Ingénieurs Canada par Randy Herrmann, directeur du programme d’accès au génie de l’Université, créé en appui aux personnes étudiantes autochtones.
« J’ai déclaré qu’il fallait décoloniser dès maintenant », explique M. Herrmann, ingénieur et membre de la nation métisse de la rivière Rouge.
L’espace, selon lui, est un aspect important de la décolonisation, et il fallait « quelque chose qui pourrait montrer que le pavillon fait partie de l’espace culturel autochtone » sans tomber dans le stéréotype culturel.
« Le subconscient renferme certaines idées culturelles de ce qu’est l’art autochtone, observe la doyenne de génie Marcia Friesen. J’ai dit que je voulais simplement laisser l’espace à une ou un artiste autochtone. »
Présidé par la professeure agrégée Jillian Seniuk Cicek, le comité chargé d’attribuer le mandat a arrêté son choix sur M. Valcourt après avoir rencontré plusieurs artistes. Ayant réalisé de nombreuses murales dans la ville de Winnipeg, M. Valcourt jouit d’une forte notoriété.
Selon le recensement de 2021, les Autochtones représentent 18 % de la population manitobaine, ce qui représente la proportion la plus élevée pour une province canadienne (le pourcentage est supérieur dans les trois Territoire du Nord). Pourtant, une étude réalisée en 2019 par Ingénieurs Canada rapporte que moins de 1 % des ingénieures et ingénieurs du Canada sont autochtones. Pour accroître la participation des personnes autochtones, le programme d’accès au génie offre aux personnes étudiantes des Premières Nations, métisses et inuites un soutien scolaire, social, financier et personnel.
« Un nombre d’étudiantes et étudiants ont dû quitter leur communauté pour venir à Winnipeg, s’établissant parfois dans une grande ville pour la toute première fois et s’éloignant de leur famille et leurs proches pour venir tenter leur chance ici », relate M. Herrmann.
Le programme accueille une personne aînée en résidence, propose des cours d’appoint en physique, en mathématique et en chimie, et offre des activités de réseautage. Ce sont 83 étudiantes et étudiants qui ont participé au programme pour l’année 2024-2025, lequel a abouti à la diplomation de 167 ingénieures et ingénieurs autochtones. Beaucoup sont des adultes, et dans bien des cas ces personnes sont les premières de leur famille à fréquenter l’université.
Ella Morris, universitaire autochtone de la nation métisse de la rivière Rouge et doctorante en génie, explique que le programme a joué un rôle crucial dans ses études de premier cycle.
« C’était vraiment important de pouvoir compter sur le programme. J’ai reçu bien plus que des encouragements : j’ai pu compter sur des personnes qui pouvaient m’aider sans jugement. »
À l’hiver 2024, Mme Morris a enseigné avec Seniuk Cicek le cours au choix Décolonisation et autochtonisation du génie, où les étudiantes et étudiants ont examiné l’incidence du génie sur les communautés autochtones par la pensée critique et l’apprentissage fondé sur le territoire dans le but de travailler avec les peuples des Premières Nations, métis et inuits.
Comme le fait remarquer Mme Friesen, les projets d’ingénierie comme les barrages hydroélectriques et les forages pétroliers ont longtemps vu le jour sans la consultation ni l’accord des peuples autochtones. Même si l’on voit un début d’évolution, ces projets demeurent épineux et ne bénéficient pas d’un appui unanime des communautés autochtones. Il demeure que, comme le souligne Mme Friesen, le génie est essentiel à l’indépendance énergétique et au développement de l’infrastructure chez ces communautés.
On croit parfois que le génie « est distinct du travail de vérité et de réconciliation, analyse Mme Morris.
Pour moi, le lien est clair : le génie fait partie intégrante du processus. Reste à déterminer comment le montrer. »
Postes vedettes
- Médecine vétérinaire - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint ou agrégé (chirurgie des animaux de compagnie)Université de Montréal
- Chaire d’excellence en recherche du Canada en sciences sociales computationnelles, en intelligence artificielle et en démocratie (Professeure agrégée ou professur agrégé ou titulaire)Université McGill
- Sciences de l'éducation - Professeure suppléante ou professeur suppléant (didactique des mathématiques au secondaire)Université du Québec à Trois-Rivières
- Finance - (2) Professeures adjointes/agrégées ou professeurs adjoints/agrégés (compabilité)Université Laval
- Systèmes d’information organisationnels - Professeure réguliere ou professeur régulierUniversité Laval
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