Comment contribuer au savoir de façon originale
Lorsqu’un candidat au doctorat entreprend la rédaction de sa thèse, il doit savoir en tout premier lieu que son projet doit représenter « une contribution originale et significative à l’avancement des connaissances ». L’idée est simple en apparence : il suffit de créer quelque chose de nouveau, de trouver son créneau, de participer à l’avancement de la science et de contribuer au progrès de la pensée humaine. On ne s’entend pourtant pas sur ce que cela signifie exactement, et cette absence de consensus présente des risques par rapport à l’évaluation externe et peut retarder les progrès de l’étudiant aux cycles supérieurs.
À part le risque qu’il présente pour la réussite des étudiants (entre autres par attrition), le manque de précision concernant la « contribution à l’avancement des connaissances » pose aussi problème pour l’examen externe. Cela peut se produire de deux manières.
D’abord, un examinateur externe pourrait favoriser certaines théories ou concepts et, de ce fait, rejeter un travail en bloc si les opinions qui y sont présentées ne sont pas conformes aux siennes. Ou pire encore, le superviseur pourrait recommander la soutenance de la thèse alors que l’examinateur externe estime que ce n’est pas pertinent. Dans une telle situation, il pourrait arriver que la thèse soit complètement écartée, ou encore qu’une maitrise en philosophie soit décernée en guide de grade.
Heureusement, il est possible de préciser le concept de « contribution originale et significative à l’avancement des connaissances » et de se préparer à le défendre. « Après tout, pour obtenir un doctorat, il faut savoir repousser les limites du savoir, ou plus exactement, savoir en convaincre un groupe d’experts chargé de garder ces limites », affirme Matt Might, professeur adjoint à l’Université du Utah et auteur de l’ouvrage The Illustrated Guide to a Ph.D (Guide illustré vers le doctorat).
Le doctorant doit d’abord accepter que ses recherches s’inspirent de manière précise et rigoureuse des travaux d’autres chercheurs, et qu’elles ne révolutionneront probablement pas le domaine dans l’immédiat. À cet égard, les meilleures thèses ont un sujet bien délimité et ne versent pas dans l’originalité ou l’expertise à outrance. La contribution originale et significative peut se faire par l’application ou l’interprétation novatrice d’idées ou de concepts déjà connus aux éléments inconnus des domaines de recherche saturés. Il existe plusieurs manières d’y parvenir : en faisant une synthèse, en proposant une technique nouvelle, ou en portant un regard original sur la connaissance existante. Présenter un aspect novateur ne signifie pas changer le cours de l’histoire; il peut suffire de l’envisager selon un nouveau point de vue.
Dans le même ordre d’idées, en raison du temps qu’il faut pour obtenir un doctorat, les étudiants doivent éviter d’être trop absorbés par leur sujet au point de perdre de vue l’ensemble de la situation. C’est particulièrement vrai pour ceux qui rédigent une thèse en sciences naturelles, représentant les nombreuses et infimes parties d’un vaste tout de ce domaine de recherche.
Afin d’éviter de digresser ou de paniquer devant une potentielle « crise existentielle », un étudiant au doctorat devrait en tout temps pouvoir énoncer l’essentiel de sa contribution originale en quelques mots et inscrire cet énoncé d’entrée de jeu dans sa thèse. L’examinateur pourrait ainsi se concentrer sur la justification et la vérification de cet énoncé. En outre, une perception claire et bien définie de la contribution de l’étudiant lui permet de situer les travaux en contexte et peut même protéger l’étudiant contre les critiques injustifiées.
En fin de compte, il revient à chaque doctorant de justifier sa contribution originale. En étant bien conscient du manque de précision des critères qui définissent sa contribution, il doit faire un effort important pour en faire le suivi, pouvoir la défendre, et l’avoir toujours à l’esprit lorsque la confiance fléchit. Le processus est itératif; il commence par une analyse de la documentation et se poursuit en comparant la portée des résultats à celle des résultats d’autres travaux.
Afin de se prémunir contre l’excès de confiance et une forme d’insularité, les étudiants doivent, tout au long de leurs études, aller au-delà de leur superviseur et de leur département, publier, faire des exposés lors de conférences et parler de leurs travaux à de multiples occasions afin d’obtenir des commentaires. Ces activités ne servent pas qu’à appuyer le bien-fondé de la recherche, mais aussi à éviter les mauvaises surprises lorsque viendra le temps de la soutenance.
Contribuer à l’avancement des connaissances, ne serait-ce que minimalement, demeure la norme selon laquelle on mesure une thèse de doctorat. Que les étudiants se le tiennent pour dit.
Heather Cray est étudiante au doctorat au département des études des ressources et de l’environnement à l’Université de Waterloo.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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