Changer de directeur en cours d’études supérieures : une décision complexe

Deux étudiantes aux cycles supérieurs racontent leur expérience.

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Aux cycles supérieurs, la relation avec le directeur est au cœur de la réussite de l’étudiant. Il est important de réfléchir à cette relation en évaluant de manière critique le directeur potentiel avant de s’engager envers son groupe de recherche. Une bonne gestion des attentes de part et d’autre est essentielle. Aujourd’hui, bon nombre d’universités encadrent la relation entre l’étudiant et le directeur afin d’assurer la réussite des deux parties. Néanmoins, la vie prend parfois des détours inattendus. Il peut alors être nécessaire de changer de directeur en cours d’études supérieures.

Alexis et Emily ont dû changer de directeur pendant leurs études supérieures. Dans cet entretien, elles nous racontent leur expérience.

Pourquoi avez-vous décidé de changer de directeur ou d’établissement d’enseignement?

Alexis : J’étais dans une relation longue distance et cela me pesait beaucoup. De plus, il était financièrement difficile de faire vivre deux ménages dans des régions différentes du pays. L’occasion s’est présentée de retourner au laboratoire d’une chercheuse avec qui j’avais déjà travaillé, dans la même ville que la personne avec qui j’étais en couple. Je craignais d’être retardée dans l’obtention de mon diplôme, mais en fait, il a suffi d’ajouter un trimestre d’été à mon parcours. J’avais une bonne relation avec ma nouvelle directrice et j’avais hâte de reprendre un travail de recherche qui me plaisait.

Emily : Pendant la deuxième année de mon programme de doctorat, vers la semaine de relâche du printemps, ma directrice a annoncé à toute l’équipe du laboratoire qu’elle quitterait l’université dans un peu plus d’un an. Évidemment, j’étais stupéfaite, fâchée et inquiète des conséquences sur mes études supérieures. Comme ma directrice avait choisi de quitter le milieu universitaire, je ne pouvais pas la suivre dans un autre établissement. J’étais forcée de trouver un nouveau directeur ou de reprendre le processus de candidature depuis le début. Compte tenu de la nature très concurrentielle des programmes de doctorat, je n’étais pas prête à subir ce niveau de stress une deuxième fois. Mon choix a donc été facile à faire : j’ai décidé d’intégrer un autre laboratoire dans mon département.

Comment avez-vous effectué cette transition? Combien de temps vous a-t-elle pris?

Alexis : J’ai commencé à y réfléchir au printemps. J’en ai touché un mot à ma nouvelle directrice et j’en ai discuté avec elle pendant l’été. Une fois tous les détails réglés, j’en ai parlé à ma première directrice. C’était à la fin de l’été. Je pense qu’il est préférable d’être certain qu’on est accepté par le nouveau laboratoire ou le nouvel établissement visé avant d’en parler à son premier directeur. Ainsi, on peut toujours garder sa place au sein du premier laboratoire au besoin. J’avais l’immense privilège de profiter d’un financement externe, ce qui a grandement facilité ma transition d’un laboratoire à l’autre, mais tout le monde n’a pas cette chance.

Emily : Le principal facteur qui a motivé ma décision est mon sujet d’étude. À ce stade de ma formation, j’avais une idée de ce que je souhaitais étudier dans le cadre de ma thèse. J’ai passé en revue les intérêts de recherche des membres du corps professoral de mon département pour trouver quelqu’un dont les intérêts correspondaient le plus aux miens. J’ai fini par prendre rendez-vous avec une nouvelle directrice potentielle. Je lui ai expliqué ma situation et la raison pour laquelle je souhaitais me joindre à son laboratoire. Nous avons fixé des limites concernant ce qu’elle se sentait à l’aise de superviser dans le cadre de ma thèse, et nous avons discuté de qui d’autre devrait siéger à mon comité afin qu’un expert de chaque variable pertinente soit présent. À la fin du trimestre, nous avons convenu qu’il était logique que j’intègre son laboratoire. J’ai donc commencé à me former en conséquence. Au début du trimestre d’automne, j’ai commencé à travailler sur des projets en cours au sein du laboratoire. Moins d’un an plus tard, j’ai présenté mon projet de thèse, qui a été accepté, et peu après, j’ai commencé ma collecte de données.

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui envisage ce genre de changement?

Alexis : Tirez profit de votre réseau. Pensez aux personnes avec qui vous avez travaillé et aux personnes qu’elles connaissent. Les gens qui vous ont offert du mentorat ou du soutien par le passé pourront vous conseiller sur cette importante décision, et vous aider à trouver un nouveau milieu de recherche.

Emily : Je crois que le principal critère devrait être l’incidence de ce changement sur la vie personnelle et le cheminement de carrière. Par exemple, si j’avais abandonné mon programme et recommencé le processus de candidature, j’aurais gaspillé trois années d’études supérieures. J’aurais peut-être même dû aller vivre à l’autre bout du pays, créer un nouveau réseau de soutien et m’acclimater à la culture d’un nouveau programme. Pour moi, trouver un nouveau laboratoire signifiait que je n’aurais pas à composer avec ces facteurs de stress. J’étais bouleversée par la perte de possibilités de carrières due au départ de ma directrice, mais j’ai décidé de me concentrer sur l’expertise et les compétences que je pourrais acquérir en changeant de laboratoire. Cette perspective axée sur la croissance m’a énormément aidée, car je quitte mon programme forte d’un large éventail de compétences. Je n’ai aucune ressource particulière à recommander. Ce qui m’a le plus aidée dans ma décision est de réfléchir à mes objectifs personnels ainsi qu’aux occasions que ce changement représentait et auxquelles je n’aurais pas accès autrement.

Quelle est la plus grande leçon que vous tirez de cette expérience?

Alexis : L’importance de bien peser le pour et le contre. Si on est inscrit à un programme court comme une maîtrise, il faut se demander si cela vaut la peine de retarder l’obtention d’un diplôme en changeant d’établissement, ou s’il est préférable de terminer son programme actuel. On doit aussi s’interroger sur les problèmes qu’on rencontre au sein de l’établissement : sont-ils dus aux structures universitaires, qui ne changent pas forcément d’un directeur à l’autre, ou à une situation particulière? Parfois, il est préférable de tout arrêter plutôt que de changer de directeur. Il y a beaucoup de honte dans le milieu universitaire par rapport au fait de changer de programme ou d’abandonner, mais les études supérieures devraient être une occasion de découverte et d’apprentissage. On a le droit de vouloir faire autre chose.

Emily : Le plus important, si vous pensez à changer de directeur ou d’établissement, c’est de réfléchir aux répercussions que ce choix aura sur votre vie. Je suis passée par beaucoup d’émotions douloureuses quand j’ai appris le départ de ma directrice, et je sais que d’autres étudiants ont vécu la même chose. Il est normal de vivre ce genre d’émotions quand on apprend que ses plans sont bouleversés par un événement sur lequel on n’a pas de contrôle. Cela dit, il faut tirer le maximum de la situation. Parlez-en avec une personne digne de confiance, que ce soit un ami, un membre de votre famille, un autre étudiant, un professeur ou un thérapeute. Personne ne vous connaît mieux que vous-même. J’ai vécu une situation difficile, mais je suis reconnaissante du soutien que j’ai reçu de la part de mes amis, de mes collègues et de mon département. Je ne ressens plus le bouleversement émotif des débuts et je suis ravie de ma nouvelle orientation de recherche!

Quelle est votre expérience en matière de relations étudiant-directeur? Laissez un commentaire ci-dessous!

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