Comment s’épanouir en tant qu’étudiant.e provenant de l’étranger
Dans un nouvel environnement, les moments de « déconfirmation » risquent d'être nombreux.
Repensez à votre premier jour en tant qu’étudiant.e provenant de l’étranger. Moi, je m’en souviens très clairement.
Je ressens encore l’excitation – mêlée à une pointe d’anxiété – qui m’habitait lorsque j’ai mis les pieds sur mon campus effervescent. Si je me suis expatriée, c’était pour vivre quelque chose de différent, et ce premier jour a parfaitement répondu à mes attentes. Partout, des visages différents du mien; dans les couloirs, une cacophonie de langues. J’avais soif de changement et de nouvelles expériences.
Cependant, au début du trimestre, ma joie s’est rapidement transformée en panique silencieuse. Le flot rapide des paroles, le jargon inconnu et les subtilités de l’humour local me semblaient indéchiffrables. Je me sentais exclue, comme si j’observais un monde que je n’arrivais pas tout à fait à saisir à travers une vitre embuée.
Ce sentiment de déconnexion m’a profondément découragée. Comment étais-je censée naviguer dans ce paysage universitaire si différent de ce que je connaissais? J’ai vite eu l’impression d’être incapable de m’exprimer ou de comprendre les autres correctement.
Originaire de Corée du Sud, j’étais habituée au système de notation individuelle, où l’effort personnel est évalué en fonction des points obtenus à un test. Je croyais que la réussite se résumait à surpasser les autres dans une compétition constante. Mes ami.e.s étaient aussi mes concurrent.e.s, et j’avais du mal à comprendre l’intérêt ou les modalités du travail collaboratif.
Naturellement, cette incompréhension a rendu mes premières tentatives en la matière plutôt maladroites. Lors d’un projet de groupe, une camarade m’a dit sans ménagement : « Tu ne sais pas ce que tu fais ici. » J’étais choquée, embarrassée et troublée. Je suis restée sans voix.
Cette expérience douloureuse m’a poussée à me questionner :
« Quel est le problème? »
« Qu’est-ce qui m’échappe? »
Quel que soit leur parcours, l’ensemble des étudiant.e.s provenant de l’étranger remettent en question la validité de leurs croyances et de leurs acquis. Il arrive qu’on se sente complètement rejeté.e.s, ce qui crée beaucoup de confusion et de frustration. Personnellement, j’ai eu l’impression que mon identité avait été démolie puis reconstruite.
Selon Marilyn Taylor, cette expérience est décrite comme une « déconfirmation », un état de confusion où nos connaissances sont remises en question. Sa théorie explique que l’apprentissage commence par la déconfirmation. L’immersion dans de nouveaux environnements crée de nombreux moments de déconfirmation. Dans le cas des études à l’étranger, ils surviennent tous en même temps et créent un sentiment de débordement et d’anxiété.
Comment peut-on réussir à traverser ces changements en sachant à quel point il est difficile pour les étudiant.e.s provenant de l’étranger de s’intégrer dans un nouvel environnement universitaire?
La réponse est simple :
Observez et posez-vous des questions. Prenez le temps de réfléchir à vos expériences.
Dans les moments de déconfirmation, demandez-vous :
« Qu’est-ce que je pense? »
« Qu’est-ce que je ressens? »
En prenant conscience de vos pensées et de vos sentiments, vous commencerez à vous en détacher.
Ensuite, demandez-vous :
« Comment est-ce que j’ai vécu cette situation? »
« Que m’apprend-elle sur ce nouvel environnement ou sur moi-même? »
Vous pouvez ainsi engager un véritable dialogue intérieur et forger votre aptitude à la réflexion, essentielle pour s’adapter et croître dans un contexte nouveau.
Pour en revenir à mon anecdote sur le travail de groupe, je ne voyais pas comment je serais en mesure de collaborer avec les autres.
J’ai donc décidé de les observer en essayant de décrypter leurs interactions, leurs sujets de discussion et leurs méthodes de travail.
Mes ami.e.s et mes camarades de classe m’ont donné de précieux conseils, mais en fin de compte, je me suis surtout demandé « Qu’est-ce que j’ai observé aujourd’hui? Qu’est-ce que j’ai appris? ».
Ces petits rituels m’ont progressivement réconciliée avec les travaux de groupe et les discussions en classe. Avec le temps, mon esprit collaboratif s’est renforcé, facilitant mon intégration professionnelle après l’obtention de mon diplôme. En rétrospective, c’est une véritable transformation et une belle réussite, puisque je suis désormais reconnue comme une collaboratrice hors pair.
Vous rencontrez des difficultés ou croulez sous les moments de déconfirmation?
Vous n’êtes pas seul.e.s. C’est un processus naturel. La bonne nouvelle est que vous pouvez apprendre de ces expériences pour renforcer votre résilience et votre capacité d’apprentissage.
Je vous invite donc à prendre cinq minutes pour vous asseoir, consigner vos pensées et vos émotions, et réfléchir à ces leçons.
Vous poserez ainsi la première pierre d’une croissance personnelle remarquable.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
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