Conférences internationales : un tremplin pour l’avenir

De la Grèce à la Chine, même quelques jours à l’étranger se révèlent bien plus qu’une simple ligne sur votre CV.

04 décembre 2025
Photo courtoisie de : iStock.com/hxdbzxy

Dans le paysage académique de plus en plus compétitif d’aujourd’hui, on cherche toujours des moyens de se démarquer : stages prestigieux, excellentes notes ou recherches innovatrices. Bien que ces éléments soient fondamentaux pour la réussite professionnelle, une autre opportunité transformatrice est souvent négligée : les conférences internationales. 

Au cours de l’année écoulée, j’ai pris l’initiative de participer à deux événements internationaux : la conférence « TechCamp 2024 : Empowering Ukrainian Voices » organisée par le Département d’État américain et DCN Global à Thessalonique, en Grèce, et le concours « YICGG 2025 » sur la gouvernance de l’intelligence artificielle (IA) organisé par l’Université Fudan à Shanghai, en Chine. Bien que très différents en format, pays et matière, ces deux projets ont renforcé des compétences transférables et ont montré que l’horizon est, en effet, infini. 

« Trop jeune » pour ça ? 

Après avoir enregistré une série de balados pour l’institut MIGS sur la survie des Ukrainiens en temps de guerre, ma professeure de journalisme à l’Université Concordia m’a suggéré d’appliquer ces compétences multimédias à plus grande échelle. Puisque ma spécialisation coïncidait avec la mission du TechCamp, j’ai eu l’occasion d’animer des séminaires sur le montage audiovisuel afin d’aider les réfugiés ukrainiens à créer des projets multimédia sur la guerre pour combler le fossé avec leurs communautés d’accueil en Europe. 

À 23 ans, ma première expérience de prise de parole en public à l’étranger m’a prouvé que l’âge ne devrait pas être un facteur dissuasif pour participer à de telles initiatives. Même si les participants et conférenciers étaient principalement dans la trentaine ou la quarantaine, une préparation minutieuse et le format interactif ont entraîné un échange de respect, d’énergie positive et d’intérêt sincère pour le contenu présenté.  En effet, « n’être qu’un étudiant » ne signifie pas être inexpérimenté ou insuffisamment sérieux pour ces événements internationaux.  Il est important de se rappeler que les professionnels ont eux aussi dû commencer quelque part, et que leurs compétences en matière de présentation, de débat ou d’organisation ne s’activent pas automatiquement avec un bouton à 30 ou 35 ans.  Appartenir à une tranche d’âge différente permet aussi d’analyser les différences générationnelles dans son domaine, en se préparant ainsi au monde professionnel où les stagiaires se sentent mal à l’aise avec leurs collègues plus âgés. 

Nouveau champ, nouveau continent 

Un an plus tard, pendant ma maîtrise en diplomatie à SciencesPo Paris, je me suis inscrit à des cours sur la confidentialité numérique et la réglementation de l’IA pour me lancer dans un domaine qui m’était alors inconnu. Puis, soudainement, en pleine période d’examens finaux, j’ai vu une annonce universitaire pour le concours YICGG en Chine. La candidature comprenait une dissertation de recherche, dans un groupe de trois, sur « L’IA au service de la paix ». Ayant une expérience minimale en TI, j’ai d’abord pensé que c’était réservé aux experts en technologie. Mais ensuite, me souvenant de ma candidature à la bourse Rhodes, je me suis dit : « Cette expérience en IA ne va pas s’imposer comme par magie une fois que j’aurai obtenu mon diplôme. » Donc, malgré les nuits blanches des examens, mon groupe a postulé, et on s’est qualifiés pour la finale à Shanghai! 

Cette expérience m’a apporté ce qu’aucun manuel sur les relations internationales ne pourrait décrire pleinement. D’abord, j’ai découvert la Chine en tant que civilisation ancienne et acteur majeur en technologie et géopolitique, où le choc culturel a été particulièrement fort dans son univers numérique. Ça va du paiement avec la méga-appli de WeChat (au lieu des cartes de crédit) jusqu’au travail derrière le Grand Firewall, ce qui m’a amené à réévaluer l’ampleur de la mondialisation ainsi que la complexité d’une coopération technologique globale. De plus, si je n’avais pas décidé de concourir à 12 000 kilomètres de Montréal, je n’aurais pas eu l’occasion de visiter le centre de R&D de Huawei (qui est fermé au public général) pour saisir profondément l’échelle de la course technologique sino-américaine. 

Bagage au-delà des valises 

Au bout du compte, Shanghai m’a offert l’occasion de faire un discours inaugural devant les juges internationaux, une présentation en équipe sur la reconstruction urbaine post-catastrophe avec IA ainsi qu’un Ignite Talk en solo sur la lutte contre la désinformation propulsée par l’IA. Tout comme le TechCamp avait éliminé la barrière de l’âge, le YICGG a dissipé « le syndrome de l’imposteur » qu’on peut ressentir avant de traverser l’océan pour une conférence entièrement prise en charge par l’organisateur.  

Même si la charge de travail semble intense, ces 3-5 jours passent si vite que boom – on se retrouve déjà dans l’avion de retour. Mais vous ne rentrez pas simplement chez vous : vous emportez un réseau international d’amitiés, une riche expérience culturelle de l’autre côté de la planète, une vision élargie des affaires mondiales (qui ne s’apprend pas en classe) et la satisfaction d’avoir apporté une contribution marquante tout en représentant votre université et votre pays.  

Ainsi, ces aventures inattendues, que l’on pourrait qualifier de « quêtes secondaires », ont renforcé ma quête principale en matière de diplomatie et de consolidation de la paix. En effet, le plus difficile est de se lancer dans cette course : après le premier tour, l’effet boule de neige – combiné à la persévérance personnelle – donnera cet élan nécessaire pour vous envoyer à une autre conférence, loin de chez vous mais proche de votre mission personnelle. 

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