De la procrastination à l’engagement dans les études

Un atelier innovant pour réduire la tendance à remettre les tâches au lendemain.

Illustration par : iStock.com/alashi

La session avance, les échéances s’accumulent. Dans les bureaux, les laboratoires ou les classes, on sent cette tension familière : celle des tâches qu’on repousse d’un jour à l’autre. Personnes étudiantes et enseignants ainsi que le personnel administratif partagent ce réflexe d’attendre« le bon moment ». La procrastination, loin d’être un simple manque de volonté, est une expérience humaine commune : éviter, ne serait-ce qu’un instant, l’inconfort d’agir. 

Un phénomène omniprésent dans les études 

Procrastiner, c’est choisir de reporter une tâche importante, même en sachant que cela risque de nous nuire. L’ajournement d’une tâche devient problématique lorsque le report est inutile ou irrationnel, il survient malgré la conscience des conséquences négatives, et il s’accompagne d’un malaise intérieur comme l’anxiété, le découragement ou la honte.  

Ce comportement peut affecter toutes les sphères de la vie : professionnelle, personnelle, économique ou liée à la santé.  

Lorsqu’elle se manifeste dans le contexte des études, comme retarder la rédaction d’un travail, la préparation d’un examen ou la lecture d’un article, on parle alors de procrastination académique. Les recherches montrent qu’environ la moitié des personnes étudiantes postsecondaires procrastinent régulièrement, et qu’une sur quatre estime que cette habitude nuit directement à sa réussite.  

La procrastination s’accompagne souvent d’une hausse du stress et de l’anxiété, d’une diminution du bien-être psychologique et du rendement académique, ainsi que, dans certains cas, d’intentions de décrochage. 

Agir malgré l’inconfort : une approche basée sur l’acceptation 

Comme le soulignent Sirois, la procrastination reflète souvent une difficulté à composer avec des émotions désagréables liées à la tâche. Ce n’est donc pas un déficit de motivation, mais un mécanisme d’évitement émotionnel.  

Face à ce constat, une approche psychologique récente, la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), développée par Steven C. Hayes et ses collègues, offre une piste particulièrement prometteuse. Elle vise à développer la flexibilité psychologique : être présent à ses actions et engagé dans des comportements alignés sur ses valeurs, même en présence d’inconfort.  

Dans le contexte universitaire, cela peut signifier apprendre à reconnaître ses pensées du type « je ne suis pas à la hauteur » ou « je devrais être plus discipliné·e », sans les laisser diriger nos comportements. L’objectif n’est pas d’éliminer l’anxiété, mais de mieux cohabiter avec elle. 

Une solution innovante: l’Atelier Express 

Soutenue par l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (OSMÉES), l’Atelier Express a été conçu dans le but d’offrir une intervention brève de 90 minutes, inspirée de l’ACT, à l’intention des étudiantes et étudiants confrontés à la procrastination académique. 

L’atelier offre un espace bienveillant et accessible où les personnes participantes apprennent à reconnaître leurs propres mécanismes de procrastination et à poser des gestes concrets en cohérence avec leurs valeurs. Offert en ligne, le format court et interactif répond aux préférences actuelles des jeunes adultes en matière de santé mentale et de réussite scolaire. 

Le contenu s’appuie sur l’ouvrage Déjouer la procrastination pour réussir et survivre à vos études et propose huit stratégies clés, alliant réflexion et mise en pratique immédiate : 

  1. Observer ses comportements avec curiosité et bienveillance. 
  1. Donner du sens à ses études. 
  1. Aligner ses actions sur ses valeurs à l’aide d’objectifs S.P.O.R.T. 
  1. Éloigner les distracteurs (technique Pomodoro). 
  1. Accueillir les émotions liées aux études. 
  1. Prendre conscience de ses prétextes. 
  1. S’ancrer dans le moment présent. 
  1. Cultiver l’autocompassion. 

Des résultats encourageants 

Pour mesurer la pertinence et la faisabilité de l’Atelier Express, une étude exploratoire a été menée auprès de personnes étudiantes du postsecondaire québécois.  

Environ la moitié des personnes inscrites (52 %) ont effectivement pris part à l’atelier. Un taux révélateur de la difficulté même à surmonter la procrastination. 

Parmi les personnes participantes ayant complété l’atelier, une analyse pré-post a révélé une diminution significative de la procrastination académique. La satisfaction globale du programme était élevée (score de 27,1/32)  

Les participantes et participants ont souligné le caractère interactif, la pertinence des exemples et la bienveillance de l’approche. Plusieurs ont mentionné que l’atelier les avait aidés à comprendre leurs cycles de procrastination et à amorcer de petites actions alignées sur leurs valeurs 

De la procrastination à la persévérance scolaire 

L’Atelier Express illustre ainsi comment la recherche appliquée, la pédagogie et la psychologie peuvent se rejoindre pour transformer une difficulté commune en occasion de croissance. La question n’est plus comment éliminer la procrastination, mais comment avancer malgré l’inconfort. Dans un contexte universitaire marqué par la performance et la pression, ce changement de perspective redonne autonomie, sens et humanité à la démarche d’apprentissage.

Pour aller plus loin 

La Station SME propose des informations et des outils sur le thème de
la procratination :
-Une série de huit capsules vidéos sur le sujet
Un article sur le sujet

En dehors de la Station SME, vous pouvez également :
-Visiter le site Web de l’Atelier Express pour en savoir plus sur les interventions disponibles et contacter l’équipe pour un atelier dans votre université
-Consulter le livre Déjouer la procrastination pour survivre et réussir vos études aux Presses de l’Université du Québec.
-Découvrir l’article Prévenir la procrastination en classe, paru dans la revue Pédagogie collégiale, qui présente des stratégies pédagogiques concrètes destinées au personnel enseignant

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série d’articles mensuels sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur portée par l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (OSMÉES) et l’Initiative sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (ISMÉ).  

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