Connaitre son université pour gagner de la liberté d’action

Mieux comprendre les règles, la structure et les codes de son université permet non seulement de s’y orienter plus aisément, mais aussi d’y exercer une réelle liberté d’action.

Illustration par : iStock.com/Anatolii Frolov

Devant un nouveau jeu de société, la première chose à faire est souvent de lire les instructions. Parfois, le jeu s’apparente à un autre assez connu et il s’avère facile d’en saisir les règles. D’autres fois, il s’agit d’un investissement qui exige, par exemple, qu’on passe du temps à lire minutieusement le carnet de règles qui l’accompagne pour en saisir le fonctionnement et les subtilités. 

Le monde universitaire se classe dans la catégorie des jeux qui exigent un investissement pour en apprendre le fonctionnement. En apparence, on peut penser le connaitre : une université offre des cours et le corps professoral fait de la recherche. Une fois le doctorat en poche, on pourrait penser s’appuyer sur son expérience personnelle, car des milliers d’heures de cours ont été suivies. Il semble donc logique aux yeux de certains d’être capable d’enseigner. Une thèse de doctorat a été rédigée, ce qui devrait suffire à révéler tous les secrets de la recherche.  

Or, la réalité s’avère plus complexe si on veut tirer son épingle du jeu. Reprenons l’analogie avec le jeu de société. Quand on connait les subtilités du jeu et les possibilités offertes, le jeu devient plus agréable : on peut user de stratégie, anticiper les coups des adversaires pour se préparer à jouer notre tour, ce qui rend l’expérience encore plus plaisante qu’en détenant qu’une connaissance limitée du jeu. 

À l’université, de multiples règles jalonnent le quotidien, à commencer par la convention collective. Lecture aride s’il en est une, il s’avère pourtant primordial d’en prendre connaissance. On y découvre en particulier les contours des diverses composantes de la tâche que sont l’enseignement, la recherche et les services à la collectivité. On y apprend notamment les charges d’enseignement, la nature des activités de recherche et les conditions de reconnaissance d’engagements externes dans la tâche professorale. 

La convention collective renseigne aussi sur les étapes de la carrière. Quand l’évaluation pour l’obtention de la permanence a-t-elle lieu? De qui se compose le comité d’évaluation? Quel est le processus pour demander une promotion? 

Outre la convention collective, l’organigramme de l’université révèle d’importantes informations. En effet, ce schéma vous renseigne sur le fonctionnement de son établissement. Les structures varient d’un établissement à l’autre. Par exemple, le réseau de l’Université du Québec combine départements et unités d’enseignement, ce qui peut prêter à confusion au début. Aussi, l’organigramme fera découvrir la structure de gouvernance qui indique, par exemple, les différents vices-rectorats, les directions de services et les liens opérationnels qui les unissent. Autre découverte stupéfiante : dans le réseau de l’Université du Québec, il n’y a pas de liens hiérarchiques entre le recteur et le corps professoral, contrairement à ce qu’on pourrait spontanément penser. 

Le site web de l’université permet également d’avoir accès à ce qui s’y passe, ce qui fait les manchettes dans le fil des actualités ou dans les publications institutionnelles. Un portail informatique donne accès aux résolutions du conseil d’administration et des instances universitaires comme la commission des études et de la recherche ou le conseil de faculté. Une brève visite chaque mois peut procurer de l’information précieuse : quels sont les projets en cours à l’université; quelles sont les dernières embauches; qui composent les instances, etc. Une visite plus approfondie du site web aidera à identifier quels sont les axes de recherche, les équipes de recherche reconnues dans l’ensemble des unités administratives. Aussi, on y apprend quels sont les programmes d’études offerts. Compte-t-elle plus d’un campus? En se tenant informés des actualités de l’établissement, on en apprend ainsi sur le travail des collègues ou sur les réalisations marquantes de l’université. Pourquoi ne pas en profiter pour envoyer un petit mot à la personne concernée, quand vous le découvrez? Vous n’en tirerez que du bon ! Une nouvelle collaboration multidisciplinaire en recherche, par exemple. 

Afin de bien saisir comment fonctionne la vie universitaire, S’impliquer dans les différentes instances (comités, conseils ou commissions) constitue une école incomparable pour comprendre « la bête » de l’intérieur et apprendre les différents rouages de son université. Il en va ainsi des instances syndicales. Cet engagement permet bien souvent de développer un point de vue plus large sur l’ensemble des domaines, des facultés et des programmes qui font que l’université arbore sa propre couleur. « Engagez-vous, rengagez-vous, qu’ils disaient» ! 

Par ailleurs, en plus de ces sources intarissables de connaissances formelles, à l’instar de toute organisation, la vie d’une université comporte aussi son lot de codes et de mœurs informels. L’observation, l’échange et la fréquentation de lieux moins officiels est aussi à considérer. 

En comprenant les règles formelles et les usages implicites de votre établissement, vous anticipez les étapes de votre carrière et prenez part activement à la mission universitaire. Vous devenez actrice et acteur de votre parcours, plutôt qu’observatrice et observateur des décisions prises ailleurs.