La grève des médecins enseignants retarde la diplomation

Les quatre facultés de médecine du Québec (Université Laval, Université McGill, Université de Montréal et Université de Sherbrooke) , confirment que la suspension de l’enseignement clinique, amorcée à la mi-septembre aura des conséquences majeures sur la formation de la relève médicale.

22 octobre 2025
Graphique par : Geet Pawase avec des fichiers de iStock.com/SrdjanPav et iStock.com/CGinspiration

Un report de diplomation touchera plus de la moitié des étudiantes et étudiants en fin de parcours en médecine, soit environ 1000 étudiantes et étudiants. Ce chiffre pourrait augmenter si le conflit persiste.  Cette situation repoussera donc leur entrée en résidence, prévue pour le 1er juillet 2026, et risque de désorganiser la planification des soins dans plusieurs établissements de santé. 

« On est absolument paralysés par les moyens de pression des médecins enseignants, se désole le Dr Patrick Cossette, doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et président de la Conférence des doyens des facultés de médecine du Québec. Le plus affecté, ce sont les stages cliniques. Les étudiants suivent quatre années de formation : deux théoriques, deux en stages. Bien que nous puissions trouver des solutions alternatives pour l’enseignement théorique, les stages cliniques sont pratiquement à l’arrêt depuis six semaines. C’est un retard accumulé qui ne peut plus être rattrapé dans le calendrier actuel. »  

 Pour le Dr Cossette, cette situation est inédite. « Je pense qu’on n’a pas de précédent au Québec, puis au meilleur de ma connaissance on n’a pas des précédents canadiens non plus. » 

Le conflit a débuté avec la Fédération des médecins spécialistes. Au début d’octobre, la Fédération des médecins omnipraticiens s’est jointe au mouvement, suspendant à son tour l’enseignement clinique. Ces moyens de pression visent majoritairement le projet de loi 106, qui propose de lier une partie de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance. Dans un communiqué de presse paru en septembre , la Fédération médicale étudiante du Québec, la Fédération des médecins résident·e·s du Québec, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et la Fédération des médecins spécialistes du Québec demandaient au gouvernement le retrait du projet de loi. 

Les étudiantes et étudiants pris en otage 

Le Dr Cossette souligne que les universités déploient tous les moyens possibles pour soutenir la relève, mais que « le soutien le plus efficace reste une résolution rapide du conflit ». Il ajoute que la situation crée « un stress considérable » pour les étudiantes et étudiants, contraints de prolonger leur bail et de revoir leur budget. 

Dans cette foulée, les universités ont déployé des mesures exceptionnelles pour soutenir les étudiantes et étudiants. Certaines cellules de crise ont été mises en place afin d’offrir un accompagnement administratif et un soutien psychologique, tandis que des dispositifs flexibles permettent d’adapter les stages et de modifier les horaires à la dernière minute. 

Le 25 octobre, le gouvernement Legault a adopté une loi spéciale pour forcer la reprise de l’enseignement clinique dans les facultés de médecine. Cette intervention, qui suspend le droit de grève et impose un retour immédiat au travail, a provoqué la consternation chez plusieurs étudiantes et étudiants. Comme le rapporte le Journal de Montréal, plusieurs d’entre eux disent avoir perdu confiance envers le gouvernement, estimant que la loi ignore les causes profondes du conflit et les laisse encore une fois « pris en étau » entre les médecins et l’État.

Déroulement des événements  

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