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Prof ou pas?

Penser l’après-thèse dès le jour 1 (ou presque)

Quatre questions à poser dès le début de sa thèse pour développer ses compétences professionnelles.

par EMILIE-JADE POLIQUIN | 31 AOÛT 21

À toi qui commences en septembre un doctorat,

Le tout premier truc que tout le monde va te donner pour faciliter ta future transition vers le marché de l’emploi, c’est de commencer à penser à une stratégie le plus tôt possible dans ton parcours aux cycles supérieurs.

Ça te semble en effet d’une logique implacable. Mais le plus tôt possible, ça veut dire quoi?

Tu as bien d’autres chats à fouetter pour l’instant : un nouvel environnement de travail, de nouveaux collègues, une nouvelle routine, des cours, un sujet de thèse à peaufiner… quand ce n’est pas en plus apprivoiser la vie dans une nouvelle ville, voire dans un nouveau pays, ou carrément une nouvelle langue!

Par un délicat mélange de déni, de procrastination et d’horaire trop chargé, ce sera facile pour toi de repousser ces questionnements à plus tard. C’est toutefois important de ne pas tomber dans le piège en y repensant seulement quand la ligne d’arrivée se profilera à l’horizon.

Dans les prochaines semaines, tu rencontreras ta directrice ou ton directeur de thèse — peut-être même pour la première fois, COVID oblige. Ces premiers échanges seront extrêmement importants. Ils t’aideront à mieux comprendre ce qui t’attend dans les prochaines années.

À l’Université Laval, on a d’ailleurs implanté  un Plan de collaboration pour aider la communauté étudiante à bien démarrer des études aux cycles supérieurs, en structurant ces premières discussions. Le principal objectif est d’éviter tous les désagréments que le flou et les non-dits peuvent créer entre une étudiante ou un étudiant et la personne responsable de diriger sa thèse. Je te conseille fortement d’aller consulter le document et de t’en inspirer.

Or, tu remarqueras dans cette liste de sujets à aborder (financement, activités de recherche, cours à prendre, modalités d’encadrement, etc.), la notion de professionnalisation n’occupe qu’une petite place. Pourquoi ne pas y inclure déjà quelques questions liées à ta stratégie d’emploi?

Voici donc quelques suggestions de sujets à aborder en tout début de thèse.

1. Comment intégrer à ton parcours des cours ou des formations de développement professionnel?

De plus en plus d’universités offrent des cours de développement professionnel (souvent crédités et même gratuits). C’est donc très important de bien t’informer sur ce qui se passe sur ton campus. Non seulement tu ne devrais pas hésiter à en profiter, mais surtout à en discuter avec ta direction de recherche pour que cette expérience fasse partie intégrante de ton parcours et ne soit pas seulement vue comme un « plus » que tu pourrais faire, peut-être, si Dieu le veut et le temps te le permet.

Ta ou ton superviseur.e aura peut-être aussi des suggestions de formation à suivre en dehors du milieu universitaire.

2. Comment acquérir de l’expérience en enseignement?

Que tu prévois continuer ou non dans le milieu universitaire, acquérir de bonnes pratiques pédagogiques est une compétence fort intéressante à développer autant du point de vue des communications, de la planification que des relations humaines, par exemple.

Malheureusement, dépendamment de ton université, de ta faculté et même de la cohorte dont tu fais partie, le nombre de possibilités en enseignement peut être extrêmement variable. Dans certains cas, on s’arrache les bons étudiants pour leur offrir des charges de cours; dans d’autres, la compétition pour obtenir ces charges est féroce. Alors, si tu souhaites acquérir une telle expérience, il est mieux de savoir plus tôt que tard ce qu’il en est dans ton département.

N’hésite pas non plus à poser des questions sur les modalités : dois-tu figurer dans une banque de nom ou avoir atteint une étape particulière dans ton cheminement? Comme aux échecs, essaie de penser quelques coups en avance pour être certain d’être bien positionné.e le temps venu.

Si on te répond qu’obtenir une charge de cours est fort improbable, sache que d’autres options peuvent s’offrir à toi : tu pourrais éventuellement proposer à une ou un professeur.e de le remplacer lors de ses absences (pour des congrès, des travaux de terrain, etc.) ou prendre en charge une section d’un de ses cours en lien avec tes travaux. Tu devras alors rester à l’affût afin de développer cette stratégie alternative.

3. Comment fonctionne la gestion d’équipe dans ton nouvel environnement de travail?

Dans de nombreux domaines, la gestion d’équipe et de personnel fait partie intégrante d’un bon curriculum vitae. Y a-t-il des façons aux cycles supérieurs de mettre en valeur cette compétence? Bien sûr, que ce soit de façon formelle ou informelle!

Tu dois d’abord comprendre la structure de ton nouvel environnement de recherche. Fais-tu partie d’une équipe, d’un laboratoire, d’un centre ou d’un institut? Comment y travaille-t-on? Y a-t-il une certaine forme de mentorat? Attend-on de toi, au doctorat, d’accompagner une ou un étudiant.e à la maîtrise ou de superviser des stagiaires de premier cycle pendant l’été?

Une fois tes études bien démarrées, auras-tu l’occasion de former une nouvelle cohorte à utiliser une machine ou un logiciel spécialisé? Tu pourrais alors proposer de suivre le groupe pendant le temps nécessaire pour t’assurer que tout le monde en comprend bien les règles et les fonctionnalités.

Dans le cas d’un projet de recherche complexe regroupant de multiples acteurs et partenaires, qui assurera la coordination? Ce leadership pourrait-il t’être attribué à une certaine étape?

4. Qu’en est-il de la gestion de projet?

Certes, le plus ambitieux projet que tu auras à mener au cours des prochaines années est sans contredit ta thèse, mais malheureusement, ce ne sont pas tous les futurs employeurs qui le verront comme cela.

Participer à l’organisation d’une série de conférences ou à un congrès amène une foule de compétences transversales bien concrètes et prisées du marché de l’emploi. Pour bien connaître ce qui se profile à l’horizon, n’hésite pas à t’engager au sein de ton association étudiante ou dans une association scientifique ou professionnelle. Tu pourrais commencer par être bénévole, puis peut-être t’intégrer à une équipe de coordination.

Mise en garde

Avant de conclure, je me dois de formuler une petite mise en garde. Tu ne voudrais pas que quelqu’un dans ta cohorte ou une précédente rafle toutes les occasions qui se présentent en matière d’expérience, n’est-ce pas? Alors, essaie de ne pas te placer dans une telle situation toi-même. Le travail d’équipe et la coopération sont des qualités tout aussi importantes à développer.

Le doctorat est le point de départ d’autant de parcours professionnels que d’individus. Tes collègues — qui ont tous des ambitions, des forces, des faiblesses, des intérêts et un contexte personnel différent — ne sont donc pas tes rivaux. Fais-en tes alliés. Les prochaines années n’en seront que plus intéressantes et agréables à vivre.

Je te conseille aussi fortement de ne pas penser l’après-thèse en fonction de la traditionnelle dichotomie : carrière professorale vs emploi non universitaire. Les compétences disciplinaires et transversales que tu vas acquérir dans les prochaines années te seront très précieuses, peu importe ce qu’il adviendra après.

Bonne chance et bon début de trimestre!

À PROPOS EMILIE-JADE POLIQUIN
Emilie-Jade Poliquin
Emilie-Jade Poliquin est conseillère en relations gouvernementales et affaires publiques à la Direction générale de l'Institut national de la recherche scientifique.
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