Les fondements de la commercialisation puisent leur source à l’innovation

Pour maximiser les retombées des investissements dans la R-D universitaire, nous devons réunir tous les intervenants à la même table.

31 juillet 2018
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Encore une fois, l’économie canadienne arrive à la croisée des chemins. D’un point de vue économique, le Canada joue toujours dans la cour des grands, principalement grâce à son abondance de ressources naturelles. Et heureusement, la diversification de son économie, une évolution remarquée sur la scène internationale, assure sa prospérité à long terme.

Pour poursuivre sur cette lancée, nous savons que nous devons doubler la mise sur l’économie du savoir par des investissements et les collaborations stratégiques. Le printemps dernier, le Conseil des académies canadiennes a publié un rapport soutenant que le Canada peine à soutenir adéquatement la recherche et développement (R-D) depuis plus d’une décennie. Selon ses auteurs, nous accusons un retard important par rapport aux autres pays développés sur le plan de la commercialisation.

Les conclusions éloquentes du rapport dressent un portrait détaillé de l’état de la R-D au pays. Il importe néanmoins de souligner que bon nombre des recommandations formulées dans le document sont déjà mises en application – et qu’elles portent leurs fruits.

Si l’on tient compte de l’apport des universités, l’investissement public du Canada dans les sciences pures, la technologie et les études stratégiques est substantiel. Avec l’Initiative des supergrappes d’innovation, les investissements sans précédent accordés aux sciences dans le budget fédéral de 2018 et le Programme des chaires de recherche Canada 150, l’investissement public dans la science fondamentale requis pour réaliser des avancées significatives en matière de R-D est déjà en place. En ciblant des technologies révolutionnaires à fort potentiel de croissance allant de l’intelligence artificielle aux technologies quantiques, en passant par les sciences biomédicales, le Canada est prêt à jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale.

Or, le Conseil fait valoir que la conversion en croissance économique des découvertes révolutionnaires réalisées dans nos établissements, la commercialisation de ces découvertes hors des marchés de niche et les démarches de création d’emplois, de richesse et de prospérité méritent notre vigilance. Les universités sont déjà au centre du processus d’innovation et le transforment en force pour notre économie. Elles ne peuvent toutefois pas commercialiser les nouvelles technologies elles-mêmes.

Le passage à la commercialisation nécessite deux éléments : des partenariats stratégiques avec l’industrie et un soutien indéfectible envers l’entrepreneuriat. Le Conseil laisse entendre que le Canada pourrait en faire davantage pour aider les entreprises privées à accéder aux innovations et à la propriété intellectuelle des universités. Le problème consiste à surmonter les obstacles de longue date qui se dressent entre la recherche fondamentale et la commercialisation.

Depuis des siècles, les universités sont des épicentres de recherche et de création de nouvelles technologies. Au cours des dernières décennies, nos établissements ont commencé à chercher activement la collaboration avec les entreprises privées afin d’appliquer leurs découvertes à des cas réels. Mais ces collaborations s’établissent à un rythme encore trop lent. Pour maximiser les retombées des investissements gouvernementaux dans la R-D universitaire, nous devons réunir tous les intervenants à la même table dans le cadre d’un programme officiel.

C’est dans cet esprit que l’Université de Waterloo a franchi une étape importante avec la création du programme Global Entrepreneurship and Disruptive Innovation (GEDI), qui vise à faciliter l’intégration des connaissances et des inventions à notre économie et à notre société en rassemblant talent, recherche et entreprises en démarrage sur les campus et hors campus.

Le programme GEDI invite les partenaires du secteur privé à échanger avec les chercheurs, les étudiants et les entreprises en démarrage pour que ceux-ci proposent des solutions à leurs problèmes les plus urgents. Autrement dit, l’industrie présente ses problèmes et les équipes du GEDI conçoivent des solutions novatrices pour y remédier. En reliant l’université à un groupe de partenaires externes sur les campus par l’intermédiaire de ses ressources humaines et de ses capacités de recherche, le programme devrait produire des résultats qui profiteront à tous.

Trouver de nouvelles manières d’exposer les innovations universitaires aux entreprises ne suffit pas en soi. Les établissements postsecondaires doivent continuer d’appuyer le démarrage de projets sur les campus, par exemple en faisant appel à leurs étudiants en entrepreneuriat, en établissant des partenariats avec l’industrie ou en élaborant des politiques de propriété intellectuelle créatives. Ils encourageront ainsi un plus grand nombre d’étudiants et de professeurs à transformer leurs idées, leur créativité et leurs travaux de recherche en innovations susceptibles de changer des vies partout dans le monde.

L’entrepreneuriat repose sur la fusion des idées, de la créativité et du talent. Par conséquent, les universités continueront de jouer un rôle essentiel dans la création d’entreprises qui auront des répercussions à l’échelle mondiale.

Feridun Hamdullahpur est recteur et vice-chancelier à l’Université de Waterloo.

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