Les détails de la stratégie du gouvernement fédéral pour la recherche contre la COVID-19
Le gouvernement fédéral investira 1,1 milliard de dollars dans la recherche d’un vaccin, les essais cliniques et l’augmentation du dépistage et de la modélisation.
La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé un nouvel investissement de 1,1 milliard de dollars destiné à une stratégie de recherche nationale pour lutter contre la COVID-19, qui comportera trois volets : la recherche d’un vaccin; les essais cliniques; le dépistage et la modélisation.
Près de 115 millions de dollars seront alloués à la recherche d’un vaccin dans les hôpitaux et les universités (en plus des fonds déjà administrés par les organismes subventionnaires de recherche). Par ailleurs, 662 millions seront réservés aux essais cliniques de vaccins et de traitements de la COVID‑19.
De plus, 350 millions seront investis dans le dépistage et la modélisation. Dans le cadre de ce volet, le gouvernement a mis sur pied le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19. En collaboration avec des représentants de la Santé publique et des chercheurs en santé, ce groupe supervisera une campagne de dépistage sanguin pour évaluer l’étendue de la propagation du coronavirus et l’immunité des Canadiens, ce qui pourrait favoriser l’élaboration d’un vaccin et déterminer les mesures de santé publique les plus efficaces.
Le Groupe de travail sera codirigé par David Naylor, professeur de médecine, ancien recteur de l’Université de Toronto et président du Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la science fondamentale du gouvernement fédéral, ainsi que par Catherine Hankins, spécialiste en santé publique et en santé des populations à l’Université McGill. Timothy Evans, directeur de l’École de santé des populations et de santé mondiale à l’Université McGill, dirigera quant à lui un secrétariat qui orientera le Groupe de travail et mettra en lien ses travaux avec ceux de partenaires étrangers. Le Groupe de travail et le secrétariat bénéficieront du soutien de l’Agence de la santé publique du Canada, de Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, et de Mona Nemer, conseillère scientifique en chef du Canada.
Accroître le dépistage
Lors de son point de presse de jeudi, M. Trudeau a indiqué qu’actuellement, 20 000 tests de dépistage étaient réalisés chaque jour au Canada, mais qu’il fallait augmenter considérablement ce nombre pour pouvoir « rouvrir » le pays. Il a précisé qu’un million de Canadiens subiront un test de dépistage de la COVID-19 au cours des deux prochaines années. Pour ce faire, le Groupe de travail « utilisera des laboratoires existants et de nouveaux laboratoires ».
Dans un communiqué de l’Université McGill, M. Evans a souligné que la plupart des chercheurs s’étaient jusqu’à maintenant intéressés aux porteurs symptomatiques – la pointe de l’iceberg. « Ce que nous ne voyons pas, ce sont tous les gens qui ont été infectés, mais dont les symptômes ont été si légers qu’ils ont échappé au dépistage. Les tests sérologiques nous donneront une idée de cette proportion de gens et des endroits où ils vivent. C’est important parce que, si la base de l’iceberg est très grosse, à savoir si les tests révèlent que beaucoup de gens ont été infectés, nous saurons que le virus pourrait se transmettre moins facilement lors de vagues subséquentes. » Les résultats de ces tests sérologiques aideront les politiciens à déterminer la manière et le moment de relâcher les mesures de protection. Ils permettront aussi de cibler la surveillance de nouvelles éclosions.
Un nouveau réseau de génomique
Le nouveau financement prévoit aussi le lancement du réseau canadien de génomique COVID, qui tentera de comprendre le fonctionnement du coronavirus et la raison pour laquelle ses effets varient largement d’une personne à l’autre. Selon Génome Canada, qui dirige cette nouvelle initiative avec six partenaires régionaux, le réseau recevra 40 millions de dollars pour séquencer les génomes de 10 000 patients et 150 000 échantillons viraux, et « créera une banque de données “du virus au patient” qui aidera les autorités de santé publique à prendre des décisions, et favorisera la mise au point de thérapies et de vaccins ». Les travaux de séquençage seront coordonnés par CGEn à partir de ses installations à Toronto, à Montréal et à Vancouver.
Le Centre Génome McGill fait partie des membres de CGEn qui prennent part au projet. Dans son propre communiqué, l’Université a expliqué qu’elle utilisera le code génétique du SARS-CoV-2 initialement fourni par des chercheurs chinois en janvier afin de déceler les changements dans la séquence virale pendant la propagation.
Le centre VIDO-InterVac de l’Université de la Saskatchewan fait aussi partie des bénéficiaires et recevra 23 millions de dollars pour effectuer des essais précliniques et cliniques de vaccins contre la COVID-19. Volker Gerdts, directeur du centre, a déclaré que les chercheurs avaient déjà commencé à fabriquer un prototype de vaccin et à évaluer son innocuité pour l’être humain. Les essais cliniques sur l’être humain devraient commencer cet automne. Si tout se déroule bien, un vaccin pourrait être distribué au printemps prochain.
M. Gerdts souligne que plus de 75 vaccins candidats sont en cours d’élaboration dans 19 pays, mais qu’il faut que le Canada continue d’investir pour trouver le sien : « La course mondiale au vaccin contre la COVID-19 est d’une ampleur et d’une vitesse sans précédent, mais il faudra beaucoup de temps pour distribuer un vaccin à la population mondiale. Créer un vaccin ici permettra aux Canadiens d’y avoir accès rapidement. »
Pour accélérer les essais, le gouvernement a accordé 29 millions de dollars au Centre de recherche en thérapeutique en santé humaine du Conseil national de recherches Canada. L’argent servira à moderniser le laboratoire de Montréal afin d’y produire des vaccins pour réaliser les essais cliniques et, à terme, immuniser la population.
Le Cabinet du premier ministre a fourni des précisions sur d’autres initiatives soutenues par l’enveloppe budgétaire annoncée jeudi :
- l’allocation de 600 millions de dollars sur deux ans, par l’entremise du Fonds stratégique pour l’innovation, afin d’appuyer des travaux du secteur privé et d’organisations canadiennes de biofabrication sur la création d’un vaccin et les essais cliniques thérapeutiques liés à la COVID-19;
- l’allocation de dix millions de dollars à une initiative de surveillance des données qui permettra de coordonner et de communiquer les données relatives à la pandémie partout au pays;
- l’allocation de 10,3 millions de dollars sur deux ans et de cinq millions de dollars les années suivantes pour aider le Réseau canadien de recherche sur l’immunisation à effectuer de la recherche, des essais cliniques et des activités de supervision sur les vaccins;
- l’allocation de 114,9 millions de dollars par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada afin de lancer une nouvelle subvention pour une intervention de recherche rapide contre la COVID-19 destinée à des projets qui accéléreront l’élaboration, l’essai et la mise en œuvre de mesures médicales et sociales pour contrer la propagation de la COVID-19 et atténuer ses répercussions sociales et sanitaires.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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