Louis Busch : tisser les savoirs pour guérir et enseigner autrement
Psychothérapeute, chercheur et membre du clan de l’ours de la Nation des Cris de Nisichawayasihk, Louis Busch s’emploie à transformer l’enseignement universitaire en y intégrant les perspectives autochtones.

Lorsque Louis Busch a vu l’offre d’emploi pour son poste actuel, « c’était comme être frappé par un éclair », dit-il. « J’étais très enthousiaste à l’idée de travailler avec ces grands esprits dans diverses disciplines pour intégrer les points de vue autochtones de façon bénéfique tant pour elles que pour les peuples autochtones. »
Depuis janvier 2025, M. Busch est agent aux projets spéciaux pour le Programme d’études et pédagogies autochtones au Robert Gillespie Academic Skills Centre de l’Université de Toronto à Mississauga. Il collabore avec le corps professoral pour concevoir et adapter des cours en intégrant des approches et récits autochtones propres à chaque discipline, tout en contribuant à un changement institutionnel plus large en faveur de l’inclusion des perspectives autochtones dans l’enseignement universitaire.
Psychothérapeute agréé et analyste du comportement certifié, M. Busch cumule plus de 20 ans d’expérience en santé mentale. Doctorant en éducation des adultes et développement communautaire à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario, il est boursier Vanier et lauréat du prix Talent 2024 du Conseil de recherches en sciences humaines. Sa formation initiale, très axée sur les données — « pratiques probantes est le terme que nous aimons dans le monde de la santé mentale », dit-il —, a pris un tournant décisif après qu’il a lui-même traversé des enjeux de santé mentale.
« Beaucoup de personnes autochtones ou de membres des Premières Nations comprennent que nos communautés sont remplies de pertes et d’un deuil non résolu constants, et que cette incidence du traumatisme intergénérationnel est très réelle », explique-il. Dans la vingtaine, il a subi sa première véritable crise de panique. « J’ai connu la classique pensée »Je pense que je meurs « , raconte-t-il. Je savais que les gens qui éprouvent des troubles paniques pensent immédiatement être victimes d’une crise cardiaque. Ces personnes essaient de trouver une explication médicale et refusent de croire que la raison pourrait être psychologique. » Même s’il le savait, il a suivi la même voie et a essayé de « [se] guérir [lui-même] de la façon la plus scientifique possible », dit-il. Même si cette approche présentait certains avantages, l’anxiété continuait de l’envahir et il a décidé de chercher une solution ailleurs.
Membre du clan de l’ours de la Nation des Cris de Nisichawayasihk, une communauté du nord du Manitoba, M. Busch était bien au fait des pratiques culturelles lorsqu’il était jeune. Cependant, après avoir été victime d’un racisme intense pendant son adolescence en Saskatchewan, il affirme avoir pris ses distances par rapport à son identité autochtone. Pendant des années, sa mère et d’autres membres de sa famille l’ont encouragé à assister à la Danse du soleil, l’une de leurs cérémonies les plus importantes. « Quand j’ai commencé à avoir des problèmes avec mon propre bien-être mental et que je ne trouvais de réponses nulle part, je me suis dit, “wow, qu’est-ce qui se passe?” et la première fois que j’ai assisté à la Danse du soleil, ce fut un changement radical de perspective », dit-il.
Selon lui, la guérison de personnes qui vivent au sein des communautés des Premières Nations n’aura pas lieu grâce à des systèmes externes de santé mentale. « Je pense que cela viendra du développement des systèmes naturels d’aide qui existent déjà ». Les institutions occidentales non seulement ne reconnaissent pas ces systèmes, dit-il, mais elles les abolissent. « Il existe tellement de possibilités d’exploiter ces ressources d’une façon qui pourrait être vraiment significative. »
Il s’est intéressé à l’idée des personnes aidantes et du travail d’aide sous toutes ses formes, « qu’il s’agisse d’une professionnelle ou d’un professionnel de la santé mentale, d’une aînée ou d’un aîné, d’une gardienne ou d’un gardien du savoir, d’une praticienne ou d’un praticien traditionnel, d’une aidante ou d’un aidant naturel dans la communauté », dit-il. Ces personnes n’ont pas toutes de rôle désigné, mais la communauté les considère comme des leaders et des personnes aidantes. Les recherches doctorales de M. Busch en témoignent et il espère articuler les aspects conceptuel, pratique et relationnel du travail d’aide tels que décrits par les personnes aidantes autochtones. Il a visité des communautés en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, en s’intéressant notamment aux personnes aidantes cries. « Mon espoir est qu’en élaborant une théorie cohérente sur le travail d’aide, elle pourra être appliquée à l’élaboration de pratiques de santé mentale culturellement pertinentes », dit-il.
La superviseure du doctorat de M. Busch, Jennifer Wemigwans, affirme que ses connaissances autochtones lui ont permis de « prendre ce paradigme et de l’utiliser dans le domaine de la santé — dans un domaine et un espace coloniaux, mais en y apportant cette diversité de connaissances ». Ce faisant, il « secoue réellement les choses et crée un nouvel espace dans la recherche en santé ainsi que dans la communauté et les ressources en santé, dit-elle. Je crois vraiment qu’il est important que nous commencions à honorer et à reconnaître le savoir autochtone en tant que tel et à commencer à dire en quoi il s’agit d’une contribution précieuse dans ces espaces », déclare Mme Wemigwans.
Dans son nouveau poste, M. Busch a l’occasion d’inclure dans son travail un large éventail de disciplines. Il dit que dans le cadre de son rôle il tente d’appliquer l’approche selon laquelle on apprend à une personne la pêche au lieu de lui donner le poisson, ce qui signifie que le corps professoral collabore avec les communautés pour élaborer des ressources et des documents qui pourraient être utilisés de façon durable. « Les ressources en savoir dans la communauté ne sont pas abondantes, dit-il. Il est un peu difficile pour les institutions de compter entièrement sur les gardiennes et gardiens du savoir autochtones, les aînées et aînés, les universitaires et les chercheuses et chercheurs pour faire le travail d’autochtonisation, de décolonisation, de réconciliation, etc. » Une partie importante de son rôle consistera à aider le corps professoral à faire une partie de ce travail d’une manière qui est éclairée par les communautés et dirigée par des Autochtones, mais qui n’entraîne pas un exode des cerveaux dans les communautés.
L’un des premiers projets de M. Busch a été de travailler à un atelier sur la terminologie associée aux pédagogies autochtones. « Nous lançons ces mots — autochtonisation, décolonisation, résurgence, réconciliation — et il y a beaucoup de discussions à leur sujet », dit-il. Il prépare actuellement une ressource destinée au corps professoral pour favoriser la discussion autour de ces termes, de leur signification, des enjeux et controverses qu’ils soulèvent, ainsi que de leur mise en pratique. Il mène aussi une analyse environnementale des universités canadiennes afin de recenser les initiatives existantes en matière de pédagogie autochtone et de développement de programmes d’études. « Je sais qu’il y a des gens, des universitaires autochtones qui font un travail incroyablement novateur dans ce domaine et j’ai vraiment envie d’apprendre de ces personnes. »
M. Busch explique que ses deux parents ont toujours été des personnes aidantes, ce qui lui a transmis un profond sens du devoir envers la communauté. Il est également membre du Clan de l’ours, un rôle qui, dans le système de clans, s’accompagne de responsabilités particulières, notamment en matière de soins et de guérison. « Les ours ont le nez collé au sol et reniflent constamment les différents remèdes, raconte-t-il. Le Clan de l’ours est porteur de la médecine, l’aidant, le guérisseur. » Il affirme prendre ce rôle très au sérieux et cherche à faire correspondre ses valeurs personnelles avec ces responsabilités liées à la parenté.
Postes vedettes
- Médecine - Professeure ou professeur (neurosciences)Université de Sherbrooke
- Chaire de recherche du niveau 1 en multiples domainesUniversité de Sherbrooke
- Traitement des eaux - Professeure ou professeurInstitut national de la recherche scientifique
- Sciences de l'éducation - Professeure suppléante ou professeur suppléant (didactique des mathématiques au secondaire)Université du Québec à Trois-Rivières
- Médecine vétérinaire - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint ou agrégé (chirurgie des animaux de compagnie)Université de Montréal
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