Une brève histoire des tours d’horloge sur les campus des universités canadiennes
Maintenant admirées pour leur beauté, les tours d'horloge évoquaient à l'origine l’aspect méthodique de l’apprentissage et aidaient les étudiants à arriver à l'heure en classe.
Cet article est un sommaire de l’article « A brief history of clock towers on Canadian university campuses ».
Le terme « tour d’horloge » fait penser à Big Ben, l’élégante tour située au nord du palais de Westminster à Londres, ou à la tour Spasskaya du Kremlin de Moscou, un monument vénéré au point que de nombreux Russes pensaient autrefois qu’il avait le pouvoir de protéger le Kremlin d’une invasion ennemie.
Aujourd’hui, les tours d’horloge sont encore admirées pour leur beauté, mais comme tout le monde peut voir l’heure sur son téléphone, elles ne remplissent plus vraiment leur mission initiale. Rhodri Windsor-Liscombe, professeur émérite du Département d’histoire de l’art, d’arts visuels et de théorie à l’Université de la Colombie-Britannique, explique que les tours d’horloge qui font partie d’édifices administratifs « exprimaient la dignité et l’autorité du gouvernement local. Leur présence rappelait que les choses avançaient d’une façon mesurée et organisée. » De même, les tours étaient érigées sur les campus pour évoquer l’aspect méthodique de l’apprentissage et aider les étudiants à arriver à l’heure en classe. Voici l’histoire de plusieurs remarquables tours d’horloge de campus canadiens.
Tour des soldats, Université de Toronto
Construction : 1924
Architectes : Agence Sproatt & Rolph
La tour des soldats a été construite en 1924 grâce à des fonds recueillis par l’association des anciens étudiants de l’Université de Toronto pour rendre hommage aux étudiants de l’Université ayant perdu la vie pendant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, le monument commémore tous les étudiants de l’Université qui sont morts au combat. Situé sur le campus St. George, le monolithe gothique est orné de 12 magnifiques vitraux qui illustrent le poème Au champ d’honneur de John McCrae. Le bâtiment possède aussi une salle commémorative affichant des portraits de diplômés, des médailles, des drapeaux, des photos et une mitrailleuse allemande de la Première Guerre mondiale.
L’horloge, avec un carillon à 23 cloches, a été achetée plus tard, en 1927, de la société britannique Gillett & Johnston. Un carillon est un instrument de musique formé d’un ensemble de cloches en bronze accordées de manière à ce qu’un carillonneur puisse en jouer à l’aide d’un clavier. Aujourd’hui, la tour compte 51 cloches pesant chacune entre 10 et 3 600 kg. Unique carillon fonctionnel dans une université canadienne, il retentit lors des collations des grades de juin et novembre. Il est aussi utilisé pendant de courts moments chaque semaine et à l’occasion de récitals officiels d’une heure.
Tour d’horloge Ladner, Université de la Colombie-Britannique
Construction : 1968
Architectes : Agence Thompson, Berwick, Pratt & Partners
En 1966, Leon Ladner, éminent avocat de Vancouver et mécène de l’Université de la Colombie-Britannique, a donné 150 000 dollars pour la construction d’une tour d’horloge. Il voulait que la tour soit érigée en hommage aux pionniers fondateurs de la province (y compris la famille Ladner), mais certains étudiants se sont opposés à cette idée. Donald Gutstein, collaborateur du journal étudiant The Ubyssey en 1967, a qualifié la tour d’arrogance fonctionnelle, sociale et visuelle et s’est indigné du tintement monotone, superflu et incessant des aiguilles de l’horloge qui serait imposé aux étudiants.
La tour originale comprenait un carillon composé de 330 petites barres en bronze pouvant être jouées avec de petits marteaux en métal. En 1997, le carillon a été remplacé par un système numérique capable de jouer divers sons de cloche synthétisés. La tour diffuse à présent de la musique lors de cérémonies universitaires, mais les étudiants n’ont jamais vraiment traité le monument avec beaucoup de respect. The Ubyssey l’a illustré recouvert d’un condom et, en 2014, des ingénieurs de l’Université ont fait apparaître une Volkswagen Beetle rouge au sommet pour rigoler.
Tour d’horloge, Salle Grant, Université Queen’s
Construction : 1905
Architectes : Agence Symons & Rae
Installée en 1905, l’horloge en pierre calcaire est le monument le plus connu de l’Université Queen’s. Elle surmonte la salle Grant, un auditorium de 900 places utilisé pour des conférences, des concerts, des cérémonies de remise de diplômes, des soirées dansantes et des examens. Nommé en l’honneur de George Monro Grant, principal de l’Université de 1877 jusqu’à sa mort en 1902, l’édifice a aussi servi d’hôpital militaire lors de la Première Guerre mondiale et est devenu une salle pour les repas et les divertissements à l’intention des troupes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Nathan Dupuis (1836-1917), ancien professeur de mathématique et doyen de sciences appliquées à l’Université Queen’s, en plus d’inventer de nombreux instruments scientifiques et pratiques pour l’Université, a conçu l’horloge originale de la tour. Au fil des ans, son horloge a commencé à avoir du mal à afficher l’heure exacte et ses aiguilles ont fini par s’arrêter. En 1993, elle a été remplacée par un mécanisme électrique anglais. Ce sont les étudiants qui ont payé le mécanisme, poursuivant la tradition de leurs prédécesseurs qui avaient recueilli 30 000 dollars pour la construction de la salle Grant. Malheureusement, la nouvelle horloge a aussi connu des ratés et a été de nouveau rénovée en 2006.
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