Redéfinir le succès après le doctorat
Pour accéder au marché du travail avec succès, il faut d’abord un conseiller compréhensif, encourageant et ouvert aux diverses définitions du succès professionnel.
Si vous poursuivez une carrière hors du milieu universitaire, demandez-vous : Quelles ressources m’auraient aidé à faire la transition, à mettre mes compétences en valeur et m’auraient permis de voir la « réussite » autrement? À la fin des années 1990 et au début des années 2000, peu de ressources et encore moins de professeurs aidaient les doctorants qui ne songeaient pas à une carrière professorale. Nous avons été nombreux à tout miser sur l’obtention d’un poste en enseignement parce que nous suivions l’exemple de nos mentors et d’autres professeurs. Nous n’avons pas exploré d’autres options de carrière parce que nous pensions que nous n’avions pas à le faire.
Depuis que j’ai quitté le milieu universitaire en 2014 pour entreprendre une carrière de rédacteur et de consultant en rédaction, j’ai souvent encouragé les étudiants au doctorat (surtout en sciences humaines) à penser immédiatement et souvent aux diverses possibilités de carrière et à entrer en contact avec des titulaires de doctorat hors du milieu universitaire. Cette pratique, ainsi que les relations que j’ai établies dans les dernières années, m’a amené à codiriger un nouveau livre avec Kelly Baker, Succeeding Outside the Academy (publié aux Presses de l’Université du Kansas). Comme nos 15 auteurs (et bien d’autres), Kelly et moi avons voulu que ce livre serve de ressource aux universitaires en transition professionnelle. Il remplace la traditionnelle journée d’orientation qui n’est habituellement pas prévue dans le cadre de nombreux programmes aux cycles supérieurs.
Un des articles les plus intéressants a été écrit par Jessica Carilli, titulaire d’un doctorat en sciences de la terre qui travaille actuellement comme scientifique pour le gouvernement fédéral américain au Space and Naval Warfare Systems Center Pacific de San Diego, en Californie. Son article, intitulé « Finding the Fulcrum » (Trouver le point d’appui), décrit comment elle est passée d’un poste permanent de professeure à un poste de scientifique au gouvernement fédéral. Elle y parle aussi de son expérience d’un problème courant dans le milieu universitaire : celui de n’avoir pas pu habiter avec son mari alors qu’elle était professeure. (Sa section sur la journée typique d’une professeure et mère seule est particulièrement intéressante.) J’ai récemment parlé avec Jessica de ses expériences et de sa participation au livre. Elle souhaite aider ses lecteurs. Avec le recul, elle comprend maintenant qu’elle aurait pu agir autrement :
Au lieu de tabler uniquement sur les méthodes d’enseignement, j’aurais dû acquérir des compétences en budgétisation, en direction de projets et en leadership. Je suis convaincue que ces compétences m’auraient été utiles dans le milieu universitaire, mais je ne pensais à rien d’autre qu’à l’enseignement et à la recherche. Je crois que j’aurais pu m’éviter beaucoup de difficultés si je m’étais renseignée sur les postes offerts à l’extérieur du milieu universitaire et leurs répercussions, et si je m’étais bâti un réseau de contacts à l’extérieur.
Comme Jessica, je n’ai pas fait le réseautage nécessaire à l’extérieur de mon programme d’études supérieures pendant que j’y étais encore. Je conseille donc aux doctorants et autres membres du milieu universitaire de commencer à élargir leur réseau dès maintenant. Vous pouvez rencontrer des gens tout en acquérant les compétences et les connaissances nécessaires dans le cadre de vos études supérieures; vous en aurez besoin, peu importe où vous finirez. Comme moi et les autres auteurs du livre, Jessica utilise régulièrement les compétences en rédaction et en recherche acquises lors de ses études supérieures. « Mon poste actuel, dit-elle, consiste principalement à réaliser des travaux techniques, puis à communiquer les résultats de ces travaux, surtout par écrit. » Ce qu’elle a appris de plus précieux? Ce n’est pas une connaissance scientifique précise, mais comment trouver l’information sur des notions inconnues pour ensuite synthétiser cette information.
Tous ceux qui ont participé à la rédaction de Succeeding Outside the Academy espèrent que le livre modifiera la démarche et les conversations sur les diverses possibilités de carrières qui s’offrent aux titulaires de doctorat. Vous y lirez des expériences de transition professionnelle de personnes ayant par exemple étudié l’histoire, les sciences religieuses, l’anglais, le droit, les langues hispaniques, le genre et la sexualité. Aux étudiants, Jessica et les autres auteurs offrent des conseils pratiques, proposent de créer un nouveau réseau professionnel et, ce qui peut‑être le plus important, donnent un espoir de réussite hors du parcours universitaire. Aux conseillers et autres membres du corps professoral, ils proposent une ressource concrète pour aider les étudiants et une façon de repenser les études et la formation aux cycles supérieurs. Ils leur rappellent aussi que s’ils ne sont pas experts en curriculum vitæ, réseautage et autres éléments essentiels pour amorcer une carrière hors du milieu universitaire, ils devraient diriger les étudiants vers les personnes qui sont expertes. Pour réussir sa transition vers le marché du travail, il faut d’abord pouvoir compter sur un conseiller compréhensif, encourageant et ouvert aux diverses définitions du succès professionnel.
Comme mot de la fin, Jessica donne les conseils suivants aux doctorants (particulièrement en sciences, technologie, génie et mathématiques) et aux professeurs :
Aux étudiants : Ne vous offusquez pas si votre superviseur suggère qu’une carrière hors du milieu universitaire pourrait vous plaire. Ces emplois ont beaucoup d’avantages. Par exemple, vous pourriez choisir où vous voulez vivre au lieu de bouger sans cesse pour suivre les occasions d’emploi. Ils peuvent donc mieux convenir aux familles ou aux couples de professionnels. Vous pourriez aussi être mieux rémunéré ou jouir d’une meilleure sécurité d’emploi tout en faisant un travail qui vous permet d’aborder des problèmes concrets.
Aux professeurs : Ne vous offusquez pas si vos étudiants ne veulent pas d’une carrière dans le milieu universitaire. Discutez des autres options qui s’offrent à eux sur le plan professionnel. Ne les présentez pas comme un dernier recours, mais comme des possibilités intéressantes. Idéalement, vous devriez aussi les aider à se bâtir un réseau à l’extérieur du milieu universitaire. Transmettez-leur les compétences spécialisées et générales nécessaires pour réussir, peu importe leur emploi futur – écrire, parler, faire preuve de pensée critique, gérer des projets, diriger et travailler en équipe.
Il est évident qu’un texte sur un essai paru dans un nouvel ouvrage ne révolutionnera pas le milieu universitaire. Toutefois, cet article, cet essai et le nouvel ouvrage peuvent commencer à changer les modèles auprès des gens et dans les établissements. Tous les diplômés d’un programme (et non seulement ceux qui accèdent à des emplois universitaires traditionnels) devraient être mis en valeur sur le site Web du programme, dans les bulletins d’information et dans les autres médias. Un tel effort de mise en valeur pourrait aussi inspirer la création d’un réseau des anciens étudiants à la maîtrise et au doctorat qui permettrait aux étudiants actuels de se renseigner sur les différents emplois accessibles et les compétences nécessaires.
Dans un récent échange portant sur l’ouvrage Beyond the Professoriate, Maren Wood a souligné que comprendre les nouvelles options de carrière était essentiellement un problème de recherche. Son conseil aux étudiants et aux professeurs qui songent à quitter le milieu universitaire est simple : faites des recherches pour explorer les autres possibilités qui s’offrent à vous et les autres personnes que vous devriez connaître. Pour ce faire, vous pouvez commencer par lire les expériences de Jessica et Succeeding Outside the Academy. (Profitez-en aussi pour lire l’excellent essai de Maren Wood, « How To Move Beyond the Professoriate ».) J’ajouterais ceci au conseil de Maren : Gardez un esprit ouvert et informez-vous sur les options de carrière maintenant. Les personnes dont l’expérience est relatée dans le livre – et beaucoup, beaucoup d’autres – sont des exemples de titulaires de doctorat qui ont fait ce qu’il faut, qui ont suivi les recommandations de nos conseillers et qui n’ont pas choisi un poste de permanence dans le milieu universitaire. Le système universitaire est ingrat, surtout pour les travailleurs précaires, mais ce n’est pas la seule option. Explorez toutes les options. C’est un devoir que vous avez envers vous-même.
Joseph Fruscione est rédacteur et conseiller en rédaction dans la région de Washington D.C. En plus d’avoir codirigé un nouvel ouvrage avec Kelly Baker, Succeeding Outside the Academy (Presses de l’Université du Kansas), il codirige une nouvelle série de livres, Rethinking Careers, Rethinking Academia, avec Erin Bartram. Cliquez ici pour découvrir la série ou savoir comment proposer un projet. Vous trouverez des précisions sur Joseph Fruscione et son parcours professionnel sur le site jfruscione.com.
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
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