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Le secteur universitaire plaide en faveur des étudiants étrangers et de la recherche

Devant un comité de la Chambre des communes le mois dernier, des recteurs et des représentants du milieu universitaire ont souligné l’importance d’un soutien pour les étudiants étrangers et du maintien des fonds d’urgence pour la recherche.

par NATALIE SAMSON | 28 SEP 20

Le 14 août, quatre jours avant que le premier ministre Justin Trudeau ne demande la prorogation du Parlement, des représentants de la recherche et du milieu universitaires se sont adressés au Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes pour parler de la réaction du Canada à la pandémie de COVID-19. L’événement faisait partie d’une série de rencontres organisées par le Comité depuis avril avec des représentants de divers secteurs afin d’étudier la gestion de la crise. Au cours d’une vidéoconférence de deux heures, les parlementaires ont entendu Ed McCauley, recteur et vice-chancelier de l’Université de Calgary; Matt Ratto, professeur agrégé et président des laboratoires universitaires Bell sur l’interaction personne-machine de l’Université de Toronto; Philip Landon, vice-président et administrateur en chef à Universités Canada; Denis Martel, recteur de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT); et Magda Fusaro, rectrice de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Dans son exposé, M. McCauley a énuméré les nombreuses mesures prises par son établissement le printemps dernier pour passer rapidement à l’apprentissage en ligne, tout en précisant que des étudiants et des membres du personnel avaient aussi effectué du bénévolat et des activités de recherche pour contribuer à la lutte contre la pandémie. Selon lui, le travail de plusieurs années a ainsi été accompli en quelques mois. « La COVID-19 a démontré le rôle crucial que jouent les universités pour appuyer les Canadiens, c’est pourquoi je fais tout mon possible pour que nous tirions des leçons de la décennie d’innovations de cette année », a-t-il souligné.

Les changements des derniers mois ayant été coûteux, il a réclamé des investissements dans l’apprentissage intégré au travail, le perfectionnement professionnel, la recherche et la création de plateformes technologiques pour aider le Canada à se préparer non seulement à la crise actuelle, mais aussi aux suivantes. « Un investissement dans les établissements d’enseignement postsecondaire est un investissement dans notre avenir et un investissement pour nous préparer à l’inconnu. »

Les étudiants étrangers, la recherche et l’innovation, et les infrastructures étaient au cœur des propos de M. Landon, d’Universités Canada (l’éditeur d’Affaires universitaires). « Les étudiants étrangers font partie du tissu de nos universités et de nos collectivités. Ils représentent une des plus grandes sources de revenus pour les universités canadiennes et les collectivités voisines. Ils contribuent à l’économie canadienne à hauteur de 22 milliards de dollars, soit plus que le bois d’œuvre, le blé ou les pièces automobiles. Cela inclut six milliards de dollars de revenus provenant des frais de scolarité. Avec la fermeture des frontières, nous pouvons nous attendre à une baisse significative des inscriptions d’étudiants étrangers cet automne. Cette perte aura une incidence directe sur tous les étudiants et sur la capacité des universités à répondre aux besoins des étudiants canadiens. » Devant l’éventualité d’un tel manque à gagner, M. Landon a réclamé un transfert fédéral direct pour aider « les universités à assurer le fonctionnement de leurs activités jusqu’à l’ouverture des frontières ».

Selon lui, le secteur « veut envoyer un signal fort à la communauté internationale pour dire que le Canada est ouvert à recevoir des étudiants étrangers ». Les universités auront aussi besoin d’aide pour diversifier leurs marchés de provenance dans le cadre de leur relance économique.

Du côté de l’UQAM, Mme Fusaro, qui s’est adressée au Comité en français, a remercié le gouvernement fédéral de son soutien au secteur tout au long de la pandémie, mais a été critique de la répartition du financement. « Nous déplorons le phénomène de concentration du financement de la recherche dans une poignée d’universités au Canada. […] Comment se fait-il que le financement en recherche soit concentré […] principalement au sein du réseau U15 ou dans les universités qui ont une faculté de médecine? […] La COVID n’est pas uniquement un phénomène épidémiologique […] il est sociétal, environnemental, économique et social. Il est également gérontologique […]. Même si notre réseau d’universités n’a pas de faculté de médecine, plus de 800 chercheurs collaborent aujourd’hui à des recherches de toutes les disciplines confondues. » Sa principale recommandation au Comité consistait en une redistribution équitable des fonds entre les universités et les équipes de recherche.

La période de questions qui a suivi a permis d’aborder des questions comme l’accès à Internet en milieu rural (qui, de l’avis général, doit être amélioré) et le rôle des universités dans la reprise économique (les investissements dans la recherche communautaire et la recherche fondée sur les partenariats, les microtitres de compétences, le perfectionnement professionnel et l’apprentissage intégré au travail ont été mentionnés). Par ailleurs, plusieurs députés et conférenciers sont revenus sur la question des étudiants étrangers.

Michelle Rempel Garner (députée de Calgary – Nose Hill) a demandé à M. McCauley de préciser les défis auxquels a été confrontée l’Université de Calgary pendant la pandémie et de décrire l’aide provinciale et fédérale dont il aurait besoin. Il a répondu que l’Université avait réussi à assurer la continuité des affaires, en réorientant une partie de ses activités de recherche vers la COVID-19. Il a fait valoir l’importance du financement continu de la recherche sous toutes ses formes, y compris aux cycles supérieurs, tout en rappelant la nécessité d’avoir de l’information claire sur la situation des étudiants étrangers. « Nous avons environ 4 500 étudiants [étrangers] que nous aimerions accueillir de nouveau », a souligné M. McCauley.

M. Landon a précisé que les étudiants étrangers qui venaient étudier au Canada cette année n’étaient pas tous accueillis de la même façon par les agents frontaliers et a demandé des directives claires à cet égard. Du côté de l’UQAT, M. Martel a ajouté qu’en se privant des étudiants étrangers, « l’ensemble du Canada risque de se priver d’innovations et de cerveaux brillants ».

Majid Jowhari (député de Richmond Hill) a mentionné que beaucoup d’étudiants étrangers qui vivaient déjà au Canada avant la pandémie avaient communiqué avec son bureau, car ils ont maintenant du mal à obtenir du financement de leur pays d’origine pour payer leurs frais de scolarité et de subsistance. Il a demandé comment le gouvernement et les universités pouvaient collaborer pour aider ces étudiants. M. Landon a mentionné que ces derniers n’avaient pas accès à la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants et qu’ils étaient malheureusement « laissés pour compte ». M. McCauley a laissé entendre qu’un financement continu de la recherche aiderait beaucoup les étudiants étrangers aux cycles supérieurs, tandis que M. Martel, de l’UQAT, a indiqué que des transferts fédéraux aux organismes communautaires et régionaux garantiraient une aide directe aux étudiants étrangers dans le besoin.

En réponse à la dernière question sur la valeur perçue d’un diplôme obtenu à distance en situation de pandémie, M. McCauley a de nouveau assuré, avec l’appui des autres conférenciers, que l’éducation demeurait de grande qualité dans les universités canadiennes. Mais il a aussi rappelé l’importance de « l’expérience canadienne ». Selon lui, « l’accueil d’étudiants du monde entier au Canada et la possibilité pour les étudiants de différentes parties du Canada de faire l’expérience du reste du pays sont primordiaux. Il y a un grand débat sur la marchandisation de l’éducation dans le monde, mais nous valorisons l’expérience canadienne. »

L’étude du Comité a été suspendue lors de la prorogation du Parlement, le 18 août. Un discours du Trône de la gouverneure générale Julie Payette et une allocution du premier ministre Justin Trudeau ont été présentés le 23 septembre pour relancer les travaux du parlement.

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