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Prévenir les surdoses grâce à une nouvelle technologie

Des chercheurs d’Ottawa étudient le lien entre l’analyse rapide d’échantillons de drogue et le comportement des toxicomanes.

par BECKY RYNOR | 12 SEP 18

Wondu Gebeyehu, étudiant à l’Université Carleton âgé de 19 ans, introduit une petite sonde métallique dans une goutte de liquide transparent se trouvant dans un réchaud – la « cuillère » qui sert à préparer une injection de drogue comme l’héroïne. Il en extrait deux microlitres, soit moins d’une demi-goutte. Cette quantité infinitésimale est suffisante pour effectuer une analyse rapide à l’aide d’un spectromètre de masse portable et informer le consommateur de drogue de ce qu’il s’apprête à s’injecter.

« Beaucoup de gens ignorent ce qu’ils consomment, ce qui explique en grande partie la crise des opioïdes actuelle, affirme M. Gebeyehu. D’après nos observations, une grande quantité de l’héroïne vendue ne contient même pas d’héroïne, mais renferme plutôt uniquement du fentanyl ou une combinaison quelconque de substances. »

Wandu Gebeyehu, un étudiant a l’Université de Carleton, utilise le spectromètre au Centre de santé communautaire Côte-de-Sable. Photo par Becky Rynor.

Pour la démonstration, M. Gebeyehu utilise de l’eau, mais le spectromètre peut détecter, en moins de 20 secondes, 16 substances toxiques dans l’héroïne, dont le fentanyl, la méthamphétamine, la cocaïne et la morphine. Auparavant, une telle analyse prenait des mois.

L’appareil de pointe a été conçu par l’entreprise californienne BaySpec. Il est utilisé dans un site d’injection supervisée du Centre de santé communautaire Côte-de-Sable, à Ottawa, dans le cadre d’un projet de recherche de l’Université Carleton et de l’Université d’Ottawa. Les clients qui viennent au site d’injection supervisée peuvent fournir un échantillon de leur drogue, puis attendre le résultat de l’analyse, aux côtés du technicien.

« Ils doivent ensuite prendre une décision, indique M. Gebeyehu. Vont-ils s’injecter la substance comme prévu? Vont-ils nous la laisser pour qu’elle soit détruite par le service de police d’Ottawa? Ou vont-ils changer de fournisseur? »

Selon Lynne Leonard, professeure adjointe à l’Université d’Ottawa et responsable du projet, le service reçoit déjà un très bon accueil.

« Les gens savent très bien que beaucoup de drogues vendues sont contaminées, souligne-t-elle. En profitant du service, ils retrouvent un certain contrôle sur leur santé. »

Mme Leonard indique que les travaux de recherche du projet permettront d’évaluer si le service modifie le comportement des participants. « S’ils apprennent que leur héroïne est en fait du fentanyl ou de la cocaïne, que feront-ils? »

« Je suis heureux de participer à un projet aussi utile, confie M. Gebeyehu. Les clients sont très reconnaissants et disent qu’ils en parleront à tous les consommateurs de drogue qu’ils connaissent. Voilà ce que nous voulons : offrir ce service et le faire connaître au plus grand nombre de gens possible. »

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