Le 91e Congrès de l’Acfas s’est déroulé à l’Université d’Ottawa du 13 au 17 mai. Plus de 6 000 congressistes de toutes disciplines étaient réunis pour échanger autour de leurs travaux. Pour faire avancer la recherche, ces rencontres très spécialisées sont essentielles, mais la communication savante n’est qu’un temps du métier de scientifique. De fait, la grande majorité d’entre eux entretiennent des relations avec d’autres actrices et acteurs, allant du milieu politique à celui de l’entreprise, en passant bien sûr par les médias, les écoliers et le « grand public ».
Ces communications « hors laboratoire » étaient au cœur du Colloque 32 – l’un des 224 colloques de ce plus grand congrès scientifique annuel multidisciplinaire de la francophonie – dont le titre résumait bien le programme : Comment les établissements d’enseignement supérieur valorisent-ils l’engagement des chercheur·euses en communication scientifique ?
Dans une société démocratique, la mise en avant des savoirs et leur partage constituent des piliers essentiels, pouvait-on lire dans la présentation du colloque. Pour favoriser ce dialogue, il est nécessaire de soutenir et de promouvoir l’engagement des chercheuses et chercheurs dans leurs actions de communication et de vulgarisation scientifiques, malgré les multiples responsabilités qui entourent leur métier.
Le colloque était sous la coresponsabilité de Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l’Université de Sherbrooke et de l’Acfas. Il a réuni des responsables de la gouvernance de 12 établissements d’enseignement supérieur – dont plusieurs issus des vice-rectorats à la recherche – pour faire un état des lieux des pratiques et explorer des possibles.
Étaient représentés neuf établissements du Québec, deux de l’Ontario, un du Manitoba; et en ligne, le Conseil franco-québécois de coopération universitaire représenté par son coprésident français, et de France Universités représenté par sa vice-présidente. L’objectif était donc de réunir des personnes ayant des fonctions décisionnelles au sein des institutions universitaires. Et tous étaient invités à présenter comment ils incitent, au sein dans leur institution, les chercheuses et les chercheurs à communiquer largement leurs travaux.
Un mot sur le format très favorable aux échanges : des présentations de 3 minutes – un mode inspiré du concours Ma thèse en 180 secondes dont la finale canadienne avait eu lieu la veille au même congrès –, et 45 minutes d’échanges entre les panélistes et avec la salle.
D’entrée de jeu, on pouvait sentir un consensus autour de l’importance de l’engagement des scientifiques dans les actions de communications de leurs travaux avec différents publics. On a alors mentionné que ces actions de « vulgarisation » s’additionnent, entre autres, à celles des journalistes scientifiques, des institutions comme les centres de sciences ou encore les magazines jeunesse.
Les échanges de la journée ont oscillé entre les réflexions autour d’un cadre global de soutien aux scientifiques et des exemples de pratiques concrètes.
Du côté du cadre, il a été fait mention à quelques reprises que l’approche ne doit pas être contraignante, mais qu’elle doit plutôt viser à valoriser et à soutenir ceux et celles qui veulent s’investir. Ce soutien peut prendre diverses formes, dont des formations pratiques. Martine Lagacé, vice-rectrice associée à la recherche l’Université d’Ottawa et ancienne journaliste, a souligné les défis auxquels sont confrontés les chercheuses, chercheurs, professeures et professeurs en matière de communication scientifique. Elle a insisté sur la nécessité de les outiller en mettant à leur disposition, par exemple, des personnes expertes dans les différents formats de la communication scientifique.
Les activités de communication scientifique pouvant être très énergivores et entrant souvent en compétition avec le temps de la recherche, il a été fait mention qu’il est très important de reconnaître ces actions quand vient le temps d’évaluer ce qui compte dans une carrière.
Tous s’entendaient aussi pour souligner que chaque établissement ayant sa propre personnalité, les actions concrètes peuvent prendre de multiples formes.
L’Institut national de la recherche du Québec, par exemple, a pour mission de faire de la recherche partenariale avec différents acteurs, selon de grands objectifs fixés par le gouvernement. Ses chercheuses et chercheurs sont donc régulièrement en lien avec les utilisatrices et utilisateurs de la recherche.
L’Université de l’Ontario français, toute jeune et toujours en développement, tient pour sa part à inscrire ces démarches de communication scientifique très rapidement dans son approche.
De son côté, l’Université Concordia forme annuellement 10 doctorantes et doctorants à la communication scientifique tous publics. La vice-rectrice à la recherche et aux études supérieures, Dominique Bérubé, a également donné l’exemple de l’Espace 4, un lieu de discussions et de laboratoires vivants ouvert sur la rue.
Ces quelques exemples montrent bien la gamme des pratiques possibles en communication scientifique hors du champ de la recherche. Et derrière ces pratiques, on retrouve des chercheuses ou chercheurs, étudiants ou titulaires de chaires, qui chacun par son expertise et les couleurs de sa personnalité contribuent à produire une riche culture scientifique. Il sera donc intéressant de suivre cette démarche de réflexion et d’action avec les établissements d’enseignement supérieur qu’a entamé l’Acfas à travers le présent colloque.