Décoloniser les STIM : la recherche au service de l’éducation au Ghana

Lauréat d’une Bourse internationale de recherche doctorale, Kenneth Gyamerah a mis ses compétences au service de la transformation de l’enseignement des STIM au Ghana, en intégrant les savoirs autochtones dans les pratiques pédagogiques.

04 juillet 2025

Originaire du Ghana, Kenneth Gyamerah a obtenu un doctorat en éducation de l’Université Queen’s en 2024. Aujourd’hui professeur adjoint à l’Université de technologie de l’Ontario, il a reçu une Bourse internationale de recherche doctorale (BIRD) en 2022 pour étudier les liens entre les savoirs autochtones africains et l’enseignement des sciences et des mathématiques (STIM) au Ghana. Son travail de terrain, réalisé dans deux régions du pays, a abouti à la cocréation d’un guide pédagogique désormais utilisé par des enseignants ghanéens.

Q : Pouvez-vous décrire les recherches que vous avez menées sur le terrain dans le cadre de votre Bourse internationale de recherche doctorale (BIRD) et comment vous avez utilisé vos résultats?

R : Dans le cadre de mon doctorat, j’ai étudié le rôle des systèmes de connaissances et des pédagogies autochtones africaines dans la décolonisation et la transformation de l’enseignement des STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) au Ghana. Ma recherche s’est appuyée sur des données recueillies auprès d’enseignantes et d’enseignants de deux régions du pays.

Un des résultats clés a été la cocréation, avec ces acteurs du terrain, d’un guide pédagogique destiné à intégrer de façon authentique les savoirs et méthodes d’enseignement autochtones ghanéens dans les cours de STIM. Ce guide est aujourd’hui utilisé par des éducateurs au Ghana.

Depuis l’obtention de mon doctorat en 2024, j’ai mis ces résultats en pratique dans mes propres cours. J’ai également poursuivi la diffusion de ces travaux dans le cadre de collaborations avec des chercheurs, des enseignants et des décideurs au Ghana et au Canada.

Q : Quels ont été les principaux enseignements de votre expérience en tant que titulaire d’une BIRD?

R : La BIRD a été une expérience incroyablement enrichissante, tant sur le plan académique que professionnel. L’un des grands avantages a été de rejoindre un réseau dynamique de chercheurs engagés dans des projets porteurs de changement durable. Les échanges intellectuels avec d’autres lauréats et la possibilité de réfléchir ensemble aux retombées concrètes de nos travaux m’ont offert une perspective élargie sur la manière dont la recherche peut informer les politiques et les pratiques.

Le soutien du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) a également été déterminant. Il m’a permis de me rendre sur le terrain, d’entrer en dialogue avec des éducateurs et des gardiens de savoirs, et de mener une recherche immersive et transformatrice. Grâce au financement, j’ai pu me consacrer pleinement à mon projet, ce qui m’a aidé à compléter mon doctorat en moins de quatre ans et à obtenir un poste de professeur.

Q : Quelles activités de mobilisation des connaissances avez-vous menées pour nourrir les réflexions sur les politiques éducatives en STIM, au Ghana et ailleurs en Afrique ? Et comment ces expériences ont-elles influencé votre parcours professionnel ?

R : J’ai eu la chance de participer à plusieurs initiatives de diffusion pour contribuer aux discussions sur l’enseignement des STIM en Afrique. J’ai présenté mes résultats dans des conférences de premier plan comme celles de la Société canadienne pour l’étude de l’éducation (SCÉÉ) et de l’Association américaine pour la recherche en éducation. J’ai également partagé mes conclusions à travers trois balados universitaires – deux portant sur l’éducation en Afrique, et un basé au Canada – afin de toucher un public plus large. En 2024, j’ai aussi été invité à présenter mes travaux lors de la Journée de la recherche sur les objectifs de développement durable de l’ONU organisée par l’Association des étudiantes et étudiants de cycles supérieurs de l’Université Queen’s.

Ces plateformes m’ont permis de m’impliquer dans des conversations essentielles sur la décolonisation de l’éducation et l’importance d’un enseignement des STIM enraciné dans les contextes culturels locaux. Aujourd’hui, deux articles issus de mes recherches sont en cours d’évaluation par des revues savantes, et un chapitre de livre est en voie de publication. Toutes ces expériences ont contribué à façonner mon identité de chercheur engagé.


Q : D’après votre expérience en tant que chercheur en début de carrière, quels conseils donneriez-vous aux autres bénéficiaires d’une bourse qui souhaitent accroître leurs résultats de recherche et leurs efforts de diffusion des connaissances?

R : J’ai appris que produire de la recherche n’est qu’un point de départ. Pour avoir un véritable impact, il faut penser en termes de mobilisation stratégique, à destination de publics variés :

  • La mobilisation des connaissances va au-delà des articles de revue. Tâchez d’entrer en contact avec des décisionnaires en partageant des exposés de politique qui présentent les résultats de vos recherches et vos recommandations. De plus, faites part des résultats de vos recherches aux membres de la collectivité, parce que la recherche a une grande incidence lorsqu’elle éclaire à la fois les politiques et la pratique.
  • Tirez parti de différentes plateformes de partage des connaissances comme les médias sociaux, les blogues et les balados pour diffuser des mises à jour sur vos travaux et atteindre un public plus large. De plus, la présentation de travaux en cours à des conférences universitaires vous permet de recevoir des commentaires pertinents de la communauté savante. Ainsi, vous pourrez affiner votre recherche avant sa publication.
  • Privilégiez la publication et la participation aux discussions en cours dans votre domaine. J’encourage les bénéficiaires de bourses à publier leurs travaux de recherche dans des revues universitaires et sous forme chapitres de livre. De plus, elles et ils doivent participer activement aux conversations publiques dans leurs domaines respectifs. Par exemple, en rédigeant des articles d’opinion ou en participant à des groupes de discussion ou à des dialogues sur les politiques, vous vous assurez que vos résultats de recherche contribuent à un changement réel au-delà du milieu universitaire.