Des consultations pour définir la version canadienne du programme Athena SWAN
Le gouvernement fédéral souhaite mettre à l’essai cette charte britannique afin de promouvoir l’équité et l’inclusion en recherche.
Lancé dans les universités britanniques il y a plus d’une décennie pour faire progresser les carrières des femmes en science, en technologie, en génie et en mathématiques (STGM), le programme Athena SWAN fera son arrivée au Canada. Le gouvernement fédéral a organisé une série d’ateliers du 24 septembre au 4 octobre afin de définir la meilleure façon de l’adapter en vue d’en lancer une version canadienne l’année prochaine.
Au cours de l’été, la ministre fédérale des Sciences et du Sport, Kirsty Duncan, a rencontré des représentants d’Advance HE, l’organisation britannique qui administre le programme de certification Athena SWAN, et a organisé des tables rondes informelles auprès de dirigeants et de chercheurs universitaires sur les possibilités et les défis liés à l’adoption du programme au Canada.
Le gouvernement canadien souhaite lancer un projet pilote au début de 2019, a indiqué Serge Villemure, directeur des politiques et affaires entre-agences au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), lors d’une récente séance d’information en ligne. Le nouveau projet Athena SWAN sera une initiative des trois organismes subventionnaires fédéraux, mais sera dirigé par le CRSNG. Les Libéraux ont prévu 15 millions de dollars à cette fin dans leur budget de 2018. Le financement servira entre autres à offrir de nouvelles subventions pour aider les établissements à atteindre leurs objectifs en matière d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI).
En signant la charte, les membres demanderont une certification bronze, argent ou or pour leur établissement au complet ou pour un département, et s’engageront à respecter un ensemble de principes soutenant l’équité entre les sexes. Depuis 2005, la charte a été adoptée par 145 départements et instituts de recherche universitaires britanniques. Le programme a été exporté en Irlande et en Australie dans le cadre du programme SAGE, et récemment aux États-Unis dans le cadre du projet pilote SEA Change. En 2015, la portée de la charte originale a été élargie aux disciplines des arts, des sciences humaines, des sciences sociales, des affaires et du droit.
Au Canada, la charte adaptée « visera les quatre groupes désignés aux fins de l’équité en matière d’emploi [les femmes, les personnes handicapées, les Autochtones et les membres des minorités visibles] et sera applicable à tous les domaines de la recherche et à tous les établissements postsecondaires », selon le site Web du CRSNG.
Selon M. Villemure, il a fallu entre deux et trois ans après le lancement du programme pour que les établissements américains et australiens commencent à présenter des demandes de certification. Lors des consultations qui se tiendront cet automne, « nous espérons que les établissements seront en mesure d’évaluer leurs capacités et de déterminer quand ils seront prêts à présenter une demande. Cette information sera très importante pour la conception du programme », affirme M. Villemure.
« Nous n’envisageons pas pour le moment de lier la certification au financement ou à l’admissibilité au financement, a indiqué M. Villemure en réponse à une question. Peutêtre considérerons-nous cette possibilité plus tard. En Irlande, par exemple, l’autorité responsable de l’enseignement supérieur exige une certification bronze pour financer la recherche et le fonctionnement. En 2019, elle pourrait retenir 10 pour cent du financement, mais nous n’en sommes pas encore là. »
Imogen Coe, doyenne de la Faculté des sciences à l’Université Ryerson et conseillère du gouvernement fédéral sur le projet Athena SWAN, a déclaré, pendant la séance d’information du CRSNG, que les établissements devront s’autoévaluer : « Les établissements devront démontrer qu’ils se connaissent bien en recueillant des données afin de créer des plans d’action pour combler les lacunes qu’ils auront définies. C’est un processus d’autoévaluation [par les pairs] qui implique de se fixer des objectifs et d’évaluer ses propres progrès. Il ne met pas les universités en compétition les unes contre les autres à l’aide de mesures ou de classements comme on le voit habituellement. »
Mike Mahon, président du conseil d’administration d’Universités Canada et recteur de l’Université de Lethbridge, dit que les dirigeants universitaires ont invité le gouvernement à considérer un modèle qui tient compte de la diversité des établissements et des régions, et des mandats provinciaux en ce qui concerne la qualité de l’enseignement supérieur. « Nous croyons qu’il vaudrait mieux adopter une démarche coordonnée pour garantir l’efficacité du programme. De plus, pour les ressources, il serait préférable de ne pas avoir à répondre à des attentes différentes au niveau fédéral et au niveau provincial », explique-t-il.
En ce qui concerne les liens entre le programme et le financement, ils « inciteraient fortement à la mise en oeuvre, selon M. Mahon. Toutefois, nous devons aussi nous assurer que les établissements qui participent au programme font plus que cocher des cases dans un formulaire, mais qu’ils changent leur culture. »
Plusieurs initiatives pour l’EDI ont été entreprises dans le système canadien d’éducation postsecondaire. En octobre 2017, les membres d’Universités Canada ont adopté un ensemble de principes en matière d’EDI qui visent entre autres à mettre en commun les pratiques exemplaires, à renforcer les capacités et à améliorer la collecte et la diffusion des données. Par ailleurs, à la demande du gouvernement fédéral, les universités devaient soumettre, avant la fin de 2017, des plans d’action favorisant l’équité pour le programme des chaires de recherche du Canada afin de remédier à la sous-représentation des quatre groupes désignés parmi les titulaires.
En septembre, la ministre Duncan a annoncé que tous les établissements avaient élaboré des plans d’action et qu’un groupe d’experts évaluerait ces plans et les rapports d’étape connexes au cours des prochains mois. Elle a aussi annoncé l’entrée en vigueur, le 10 septembre, de nouvelles exigences à l’égard des établissements en ce qui concerne le recrutement et la mise en candidature des titulaires de chaire de recherche du Canada. La ministre a souligné les efforts des universités et indiqué que les femmes représentaient plus de 43 pour cent des dernières mises en candidature dans le cadre du programme, « un record historique ». De plus, les trois organismes subventionnaires fédéraux ont revu leurs exigences et recueillent depuis cet été des données élargies sur l’EDI.
Sharon Straus, professeure de médecine à l’Université de Toronto, a dirigé des initiatives de collecte de données et étudié l’écart entre les sexes au sein de sa propre faculté en tant que vicerectrice au mentorat, à l’équité et à la diversité. Elle dit être heureuse de voir l’adoption du programme Athena SWAN au Canada et espère qu’un grand groupe d’intervenants participera au processus. « Je crois [cependant] que les gens doivent aussi réfléchir aux inconvénients. Les gens se plaignent souvent du temps qu’il faut pour recueillir les données, y donner suite et en effectuer le suivi. Le processus demande des ressources. »
Mme Coe fait remarquer qu’une « critique très valable du programme britannique est qu’il augmente la charge de travail des personnes qui font déjà partie des groupes sous-représentés. Il faut donc faire preuve de prudence, car sans les ressources et le soutien nécessaires, il est difficile de créer un programme efficace. »
Une étude parue en 2016 dans la revue BMJ Open mettait en lumière quelques-unes des conséquences involontaires du programme Athena SWAN. L’étude révélait qu’une inégalité entre les sexes était « reproduite dans la mise en oeuvre du programme », car les femmes se chargeaient d’une « quantité disproportionnée du travail exigé dans le cadre du programme Athena SWAN, ce qui pouvait nuire à leur avancement professionnel. »
En mai dernier, Advance HE a annoncé un examen du programme Athena SWAN au Royaume-Uni en réponse à un sondage effectué auprès du personnel y ayant participé. Soixante-dix-sept pour cent des participants au sondage ont décrit la charge de travail comme « excessive ». Le groupe qui dirigera l’examen souhaite avoir terminé l’exercice au début de 2019.
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
Laisser un commentaire
Affaires universitaires fait la modération de tous les commentaires en appliquant les principes suivants. Lorsqu’ils sont approuvés, les commentaires sont généralement publiés dans un délai d’un jour ouvrable. Les commentaires particulièrement instructifs pourraient être publiés également dans une édition papier ou ailleurs.