Diversité culturelle étudiante : comment les universités canadiennes favorisent-elles l’inclusion?
Les campus canadiens se sont considérablement diversifiés au cours des dernières décennies. Mais comment les universités s’assurent-elles que cette diversité se traduise réellement par de l’inclusion?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les plus récentes données d’Universités Canada (éditrice d’Affaires universitaires) sur l’équité, la diversité et l’inclusion dans les universités canadiennes, les minorités visibles, les groupes racialisés et les Autochtones composent 27 % de la population générale, mais 43 % des inscriptions au premier cycle et 49 % aux cycles supérieurs.
Reconnaissant la richesse de la diversité, les membres d’Universités Canada ont adopté en 2017 sept principes visant à faire progresser l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) sur leurs campus. Cet engagement donnait suite à l’exigence formulée quelques mois plus tôt par le Programme des chaires de recherche du Canada (PCRC), qui a mené la majorité des universités canadiennes a élaboré des politiques et des mesures en EDI.
Or, selon une étude publiée l’an dernier par l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur sur tous les plans d’action en EDI dans les universités québécoises, les mesures destinées à la population étudiante sont absentes d’environ le tiers des plans d’action analysés. Qu’en est-il sur le terrain?
Une multiplication des initiatives
La coautrice de l’étude, Marie-Odile Magnan, également professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal (UdeM), nuance : les initiatives prises par les établissements universitaires afin de favoriser l’inclusion de leur population étudiante internationale ou issue de l’immigration se sont tout de même multipliées au cours des dernières années.
Certaines mobilisent le personnel enseignant et administratif. À l’Université de Sherbrooke (UdeS), par exemple, le Réseau des personnes alliées de l’interculturel à l’UdeS a vu le jour en 2022. Depuis, 300 membres du personnel ont reçu une formation à l’inclusion de la diversité culturelle. Un logo du Réseau apposé sur leur porte de bureau sert de repère visuel pour les étudiantes et étudiants internationaux ou issus de l’immigration. « Ils savent qu’ils peuvent cogner à la porte et se faire accueillir par une personne qui est sensibilisée à la diversité culturelle. Cela réduit les barrières à la consultation de personnes professionnelles », souligne Camille Brière, conseillère en intervention psychosociale à l’UdeS. « Le Réseau a permis le regroupement de toute une communauté, qui tient diverses activités en cours d’année pour favoriser la création de liens entre le personnel et la population étudiante issue de la diversité culturelle », ajoute-t-elle.
Des programmes mobilisateurs pour les populations étudiantes
L’Université de Victoria (UVic) propose notamment un programme de soutien à l’arrivée aux étudiantes et étudiants internationaux pour les mettre en contact entre eux et avec d’autres personnes étudiantes, en plus de leur fournir des informations sur l’immigration, le logement et le travail au Canada ainsi que les attentes académiques. « Ce programme est essentiel à l’inclusion, car il favorise le développement d’une communauté avant leur arrivée à UVic », affirme Carmencita Duna, directrice associée au Centre international pour les étudiantes et étudiants de l’UVic.
L’université coordonne aussi un programme de mentorat interculturel afin d’offrir un soutien personnalisé aux étudiantes et étudiants issus de la diversité une fois les classes commencées. « Cela garantit qu’ils se sentent vus, entendus et accueillis pendant cette période de transition », poursuit Mme Duna. Des repas-causeries sont également organisés pour la population étudiante d’horizons divers. « Chaque séance invite les personnes participantes à partager un repas local composé de mets issus de cultures diverses et à participer à des discussions guidées qui encouragent la réflexion et le dialogue sur des thèmes comme l’identité, la communauté et l’appartenance », mentionne Emily Huynh, directrice associée au bureau de la vie étudiante de l’UVic.
D’autres initiatives visent des groupes marginalisés en particulier. En 2021, l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) a instauré le programme de bourse UBC Beyond Tomorrow Scholars Program afin de favoriser le leadership chez leurs étudiantes et étudiants de race noire. « Les élèves qui participent au programme ont notamment un accès prioritaire à un logement sur le campus, à un soutien scolaire, à des prix et à du mentorat. Cette année, 102 personnes boursières sont réparties dans six facultés à Vancouver et cinq facultés à Okanagan », explique Hannah Reimer, gestionnaire du programme.
L’Université métropolitaine de Toronto (TMU) a pour sa part lancé la même année deux programmes par le biais de sa ferme urbaine : Black Food Sovereignty et Indigenous Foodways. Ces initiatives visent entre autres à mobiliser les communautés étudiantes noires et autochtones autour de la culture de plantes médicinales, de fruits et de légumes traditionnels. L’objectif est d’affirmer la diversité des origines, de créer un sentiment d’appartenance et de faire vivre des expériences culturelles tout en fournissant des aliments frais et abordables. « Les personnes participantes se réunissent pour récolter, célébrer les traditions culturelles et adopter une alimentation plus saine et respectueuse de leur culture », commente Nicole Austin, coordonnatrice des programmes dirigés par des Noirs à la ferme urbaine.
Encore du pain sur la planche
Malgré les initiatives mises en place par les universités afin d’améliorer l’inclusion de leur population étudiante issue de la diversité culturelle, il reste encore du pain sur la planche. Les recherches menées par Mme Odile Magnan et son équipe lui permettent de pointer quelques champs d’action, tels que l’amélioration du processus de plainte et l’instauration d’une reddition de comptes en lien avec le racisme, de même que la représentativité de certains groupes dans les programmes contingentés, les associations étudiantes et les comités décisionnels.
La chercheuse croit que l’ensemble du personnel enseignant doit se responsabiliser et se former par rapport à la mise en œuvre de l’EDI. « La pédagogie anti-oppressive, antiraciste et décoloniale est davantage à développer – en tout cas au Québec –, parce qu’elle mène au changement de pratiques injustes », dit celle qui fait partie d’un comité de travail à l’UdeM pour la mise en place d’une pédagogie inclusive. Celle-ci souhaite également voir une formation obligatoire en EDI pour le corps professoral. « Pour l’instant, la formation est facultative et ce sont seulement les personnes convaincues qui s’inscrivent. On cherche donc des façons que ça percole chez l’ensemble de nos collègues, mais on sait que c’est un défi pour les universités », rapporte-t-elle.
Et le plus important, selon la titulaire de la Chaire en relations ethniques, c’est que les universités impliquent les personnes étudiantes à travers des forums participatifs pour savoir ce qu’elles pensent des mesures mises en place et ce qu’il reste à faire. « Au départ, les politiques ont été adoptées de manière “top down”. Maintenant, il faut les entendre pour revoir et transformer ces politiques », soutient-elle.
Postes vedettes
- Sciences de la terre et de l'environnement - Professeure adjointe ou professeur adjoint (hydrogéologie ou hydrologie)Université d'Ottawa
- Sociologie - Professeure ou professeur (méthodologie quantitative)Université Laval
- Aménagement - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint / agrégé (design d’intérieur)Université de Montréal
- Génie - Professeures ou professeurs (génie électrique, systèmes embarqués)École de technologie supérieure
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