L’entrepreneuriat social gagne en popularité sur les campus canadiens

Un éventail de nouveaux programmes permettent aux étudiants de s’attarder à des enjeux importants pour leur collectivité.

24 octobre 2018
Hand shake

Cet article est un sommaire de l’article « Social entrepreneurship gains ground on Canadian campuses ».

Hillary Scanlon n’avait pas prévu devenir entrepreneure. Mais tout a changé après avoir suivi un cours de l’option entrepreneuriat social à la Faculté des arts de l’Université Wilfrid Laurier. Elle a alors eu une idée inspirée d’une autre situation imprévue de sa vie : elle a perdu presque complètement la vue au moment où elle avait fait la moitié de ses études au premier cycle en raison d’un rare trouble neurologique. « Les tâches les plus simples, que je pouvais auparavant accomplir rapidement et sans aide, étaient devenues un défi », se souvient-elle.

Utiliser correctement les bacs à ordures, à compost et à recyclage dans les lieux publics était parmi ces tâches. Frustrée, Mme Scanlon a commencé à imaginer un produit qui rendrait les bacs à ordures plus accessibles aux personnes aveugles sur les campus. En mai 2017, quelques mois après son cours d’introduction, elle recevait un fonds de démarrage de 4 500 $ de l’Université Wilfrid Laurier. Un an plus tard, le bureau de la durabilité de l’établissement lui accordait à son tour 30 000 $ pour terminer son projet, qu’elle avait peaufiné lors d’un cours d’entrepreneuriat social avancé. L’été dernier, alors qu’elle s’apprêtait à amorcer sa quatrième année d’études, l’Université Wilfrid Laurier l’a embauché à titre de première
« entrepreneure sociale étudiante en résidence ».

Au cours des 10 dernières années, une foule de programmes et d’initiatives d’entrepreneuriat social ont vu le jour sur les campus canadiens, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des programmes officiels. On considère habituellement que l’entrepreneuriat relève du domaine des affaires, tandis que l’entrepreneuriat social peut chevaucher de nombreuses disciplines, en particulier sur les campus.

« Un entrepreneur social, au sens large, lance des initiatives visant le bien collectif. Le format utilisé est secondaire, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’une coopérative, d’une organisation à but non lucratif ou d’un organisme de bienfaisance », explique Chad Lubelsky, chef de l’initiative RECODE de la fondation de la famille J.W. McConnell. Depuis son lancement en 2014, RECODE offre du financement aux universités et aux collèges du Canada pour renforcer l’innovation sociale et les initiatives d’entrepreneuriat social sur leurs campus. Il collabore depuis peu avec Universités Canada (l’éditeur d’Affaires universitaires) à la création d’un répertoire en ligne des services et des programmes liés aux « infrastructures sociales » offerts dans les universités canadiennes.

Au début de sa deuxième année d’études commerciales en 2016, Kimberley Venn s’est inscrite au cours interdisciplinaire de 13 semaines Change Lab de l’Université Simon Fraser, présenté comme une expérience universitaire unique. Les étudiants d’une petite cohorte unissent leurs forces pour concevoir et mettre à l’essai une solution inédite à un problème déterminé. Dans le cas présent, les étudiants devaient résoudre un problème de santé à Vancouver.

Le cours Change Lab est offert par le centre RADIUS, un accélérateur de projets et incubateur d’innovation sociale de l’Université Simon Fraser. « Je voulais vraiment vivre une expérience d’apprentissage par l’expérience, explique Mme Venn. Dans tous mes cours à l’Université, je n’avais eu droit qu’à des exposés magistraux. Quand j’ai appris l’existence de ce projet, je me suis dit que j’y trouverais le changement que j’avais tant attendu. »

Mme Venn et deux coéquipiers, Iman Baharmand et Alec Yu, des étudiants en sciences, ont choisi la réduction des déchets médicaux dans les hôpitaux de Vancouver comme projet de recherche. L’année dernière, ils ont soumis leur projet au Oxford Global Challenge, un concours international annuel organisé par le centre Skoll pour l’entrepreneuriat social de l’Université d’Oxford.

« Nous avons apporté un immense contenant rempli de déchets médicaux sur scène, pour montrer toute l’ampleur des rebuts produits lors d’une seule chirurgie ou visite de chambre », se souvient Mme Venn. L’équipe a remporté le premier prix et a pu assister, en avril dernier, au forum mondial Skoll, un rassemblement où les participants tentent de trouver des solutions aux problèmes mondiaux grâce à l’entrepreneuriat social.

Les concours qui ont pour but de stimuler l’entrepreneuriat chez les étudiants jouent depuis plusieurs années un rôle pivot à la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa. Kevin Kee, doyen de la Faculté des arts de l’Université, a constaté que les étudiants en arts avaient eux aussi besoin d’avoir accès à de telles possibilités. « Nous savons tous que le monde du travail se transforme, et les universités ont l’occasion de s’y adapter, explique-t-il. Nous y voyons une chance unique pour que les étudiants du programme de baccalauréat ès arts puissent développer leur pensée entrepreneuriale dans un contexte social. »

La Faculté des arts s’est donc dotée d’une option entrepreneuriat en collaboration avec la Faculté de gestion. En outre, un don anonyme d’un million de dollars reçu cet automne est consacré au lancement de l’initiative Ventures, grâce à laquelle les étudiants en arts et en sciences humaines auront accès à des occasions d’apprentissage par la pratique en entrepreneuriat et en innovation sociale. D’ici cinq ans, 30 cours du domaine des arts et des sciences humaines comporteront des volets axés sur la réalisation d’un projet. Les étudiants devront, en équipe, trouver des solutions aux problèmes ciblés par des partenaires de la collectivité.

Entre-temps, l’Université Memorial se prépare à accueillir, en septembre 2019, la première cohorte de 20 étudiants dans son nouveau programme de maîtrise en administration des affaires en entrepreneuriat social. « Du point de vue scolaire, ce programme sera le seul à intégrer la notion d’entreprise à vocation sociale à l’ensemble des cours, précise Isabelle Dostaler, doyenne de la Faculté d’administration des affaires de l’établissement. Nous voulons avoir recours au concept de laboratoire vivant. Nous présenterons la réalité en classe et enverrons les étudiants sur le terrain. »

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