Ce qui cloche avec notre manière de nous outiller en tant qu’universitaires

Renforcez vos compétences fondamentales pour mieux composer avec une charge de travail croissante.

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Jamais le travail universitaire n’a été plus diversifié ni plus exigeant.

De nos jours, on s’attend à ce que les universitaires accomplissent ce qui suit :

  • enseigner, effectuer des travaux de recherche et contribuer à la collectivité avec grand professionnalisme;
  • publier des articles, mais aussi générer des retombées sociales, obtenir des brevets ou contribuer à la commercialisation de la recherche;
  • bien travailler avec les collègues et les étudiant.e.s, mais aussi avec les organismes gouvernementaux, le grand public et le secteur privé;
  • présenter des exposés qui ne se limitent pas à une seule discipline auprès de pairs, de partenaires et du grand public;
  • rédiger non seulement des publications scientifiques, mais aussi des textes pour les médias sociaux et les médias de masse;
  • être autonomes, tout en collaborant bien avec les collègues;
  • gérer des projets et des gens;
  • lire très rapidement en ne négligeant aucun détail;
  • être de bon.ne.s collègues, mentor.e.s, instructeurs ou instructrices et conseillers ou conseillères;
  • gérer des budgets, superviser des étudiant.e.s et comprendre les ressources humaines;
  • se doter d’une stratégie de carrière viable, se promouvoir, prendre d’importantes décisions professionnelles, travailler en équipe et faire preuve de leadership;
  • organiser et présider des réunions, ou y participer;
  • répondre à une succession sans fin de courriels, tout en ne négligeant pas le « vrai » travail;
  • prendre soin de soi et des autres;
  • promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion dans tous leurs travaux étant donné l’évolution du monde dans lequel nous vivons.

Oui : nous avons déjà qualifié le travail universitaire de haute voltige intellectuelle, et il doit toujours être considéré comme tel.

Si certain.e.s croient encore qu’un doctorat est un gage d’excellence en matière de travail universitaire, de plus en plus de gens reconnaissent heureusement que cette formation minimale n’est pas une panacée, mais qu’elle ouvre de précieuses portes. Sachant cela, que devraient faire les universitaires pour acquérir les compétences nécessaires à ce travail?

En général, on comble les besoins de formation à mesure qu’ils se présentent, comme dans une course à obstacles. Besoin de rédiger notre première demande de subvention? On en discute avec nos mentor.e.s, on consulte des ouvrages sur le sujet et on s’inspire de personnes qui en ont obtenu une. Et avec le temps, on se rend compte qu’il faut une détermination à toute épreuve pour obtenir les fonds.

Prochaine étape maintenant : apprendre à gérer une subvention…

Cette manière de surmonter les obstacles en employant une démarche axée sur la tâche, que l’on adopte tôt en carrière, nous donne une satisfaction immédiate. Elle est intuitive, souple, pragmatique et gratifiante. Lorsqu’on a besoin d’aide, on peut consulter une mine d’ouvrages sur les principaux sujets, comme la rédaction d’une publication ou d’une demande de subvention. Et c’est sans compter les nombreux conseils et astuces publiés sur les médias sociaux ou les ateliers offerts par les établissements.

Bien que cette approche axée sur la tâche soit très répandue, elle est inefficace et limitée. Elle peut, comme la crème glacée, être satisfaisante sur le coup, mais nuisible à long terme. Et comme les universitaires sont de nos jours constamment sollicités, il n’est pas surprenant que cette gestion à la pièce leur demande beaucoup de temps et d’énergie, deux denrées rares.

Étant donné la complexité et la diversité du travail universitaire, nous devons plutôt nous concentrer sur les compétences transversales – les compétences fondamentales qui s’appliquent à tous les aspects du travail universitaire, lesquels sont différents en apparence, mais en fait similaires. Nous proposons l’acquisition des compétences fondamentales suivantes :

  • apprendre à mieux apprendre;
  • savoir collaborer et travailler en autonomie;
  • avoir de l’influence;
  • adopter des habitudes et élaborer des systèmes;
  • mieux rédiger;
  • faire preuve de créativité.

Le besoin d’être influent.e, par exemple, ne s’applique pas seulement à l’enseignement, mais aussi à la rédaction d’écrits universitaires, peu importe l’auditoire, et pour tous les types de médias, de réunions ou de courriels. On a toujours intérêt à savoir informer l’autre et exercer son influence. En renforçant ces compétences fondamentales, on apprend à persuader, indépendamment de la nature du travail accompli.

De manière similaire, la créativité est essentielle non seulement à l’enseignement et à la recherche, mais aussi aux décisions de carrière, à la gestion des ressources (qu’il s’agisse de son temps ou d’un bassin d’auxiliaires de recherche), à de nombreux types d’écrits et à la résolution des problèmes quotidiens. En préservant et en renforçant votre créativité chaque jour, vous apprendrez à l’apprivoiser et vous serez mieux outillé.e pour faire ce qu’il faut, et non ce qui est le plus facile, dans toutes les situations de travail.

En surmontant les obstacles les uns après les autres en étant axé.e sur la tâche, on acquiert des habiletés utiles dans des situations ponctuelles, tandis qu’en se concentrant sur nos compétences transversales ou fondamentales, on renforce la polyvalence qui nous préparera à affronter tout type de défi professionnel. Comme un athlète qui renforce ses muscles posturaux, vous mettrez l’accent sur ce qui étaye votre travail, et non une seule tâche. Vous pourrez mieux affronter l’ensemble du travail universitaire, qui est exigeant et diversifié, plutôt qu’une seule partie de celui-ci.

Mais comment adopter une démarche axée sur les compétences fondamentales?

1. Aborder le travail en fonction des compétences, et non des tâches

Cessez de vous concentrer sur la tâche à accomplir : adoptez une approche du travail universitaire axée sur les compétences. Vous serez ainsi mieux à même de reconnaître les compétences fondamentales qui transcendent les aspects en apparence différents de ce travail, et qui vous seront utiles à plus d’un égard. Vous comprendrez ainsi que le perfectionnement de vos compétences pour un volet de votre travail profite à l’ensemble de celui-ci.

2. Préférer le perfectionnement des compétences fondamentales aux solutions à la pièce

Les solutions à la pièce qui régleront tout problème ponctuel sont légion. Résistez à la tentation de foncer droit vers le prochain obstacle en appliquant une solution ciblée trop spécifique : perfectionnez plutôt vos compétences transversales, qui vous seront utiles dans diverses situations professionnelles. Vous trouverez d’excellentes ressources en dehors du milieu universitaire sur ces compétences – comme la créativité et la persuasion. Ne les négligez pas : elles sont souvent écrites par des spécialistes du travail intellectuel, si bien qu’elles peuvent être appliquées à vos compétences fondamentales.

3. Faire des liens

À mesure que vous apprivoisez l’approche axée sur les compétences fondamentales, employez-vous consciemment à appliquer vos apprentissages à tous les aspects de votre travail. Dans le domaine de la persuasion, par exemple : quelle compétence acquise lors des demandes de subvention pourrait servir lors d’une initiative de mobilisation des connaissances du public? Comment la rédaction d’une publication pourrait-elle améliorer la rédaction de courriels? Ce travail de réflexion et d’imagination est essentiel à la bonne application de vos compétences fondamentales. Avec le temps, elles se nourriront l’une et l’autre : par exemple, vous pourrez faire preuve de créativité pour persuader votre équipe ou collaborer avec elle.

4. Consacrez une heure par semaine à renforcer vos compétences fondamentales

Le temps manque toujours, et vous ne pouvez rien y faire : c’est en raison de la haute voltige intellectuelle qu’est le travail universitaire. Celui-ci est si complexe et exigeant que vous avez intérêt à consacrer au moins une heure par semaine au perfectionnement de vos compétences fondamentales. Notre énergie et notre temps sont beaucoup plus précieux qu’on ne le croit. Même si vous consacrez moins de 1 % de votre journée au renforcement de vos compétences fondamentales, vous constaterez que c’est la manière la plus efficace d’employer votre temps et votre énergie pour concrétiser votre vision du travail universitaire. Vous n’avez pas le luxe de négliger de le faire.

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