A bunch of faces, some smiling.

Vous êtes-vous senti.e.s invisible pendant une réunion? Avez-vous fait l’objet de commentaires réducteurs ou condescendants? Ressenti de la frustration parce qu’on ignorait vos compétences, votre grande expérience ou votre potentiel prometteur? Si vous êtes une femme, une personne autochtone, noire ou de couleur, une personne LGBTQ2+, ou une personne en situation de handicap, la réponse est probablement : oui, souvent. Et c’est bien entendu sans négliger les effets cumulatifs de l’intersectionnalité.

Or, l’homme blanc dans le milieu universitaire n’est probablement pas conscient des dynamiques qui l’entourent ni de la manière dont il y contribue par ses actions ou son inaction. La positionnalité et le privilège le lient et le rendent aveugle.

Les microagressions et la discrimination sont encore monnaie courante dans tous les types de milieux de travail, y compris à l’université, même si ces milieux prétendent être inclusifs et collaboratifs. Il ne s’agit pas de simples incidents : ces gestes témoignent de profondes inégalités et les aggravent, en plus de consolider les structures existantes du pouvoir. En freinant la diversité, ils nuisent au succès de nos universités. Voilà pourquoi le respect authentique prend autant d’importance.

Le respect authentique découle de l’inclusion courageuse. Comme Kim Scott, autrice d’En toute franchise l’a récemment décrit :

« Le respect radical règne dans les milieux de travail où l’on célèbre l’individualité de chaque personne, plutôt que d’exiger la conformité, et où on favorise la collaboration, plutôt que la coercition. »

L’autrice Karissa Thacker nous rappelle que le respect authentique émane de ces bases solides, et non de l’application de procédures ou de politiques, dans son livre The Art of Authenticity:

« Pour être un.e leader authentique, il ne suffit pas de prendre la bonne décision éthique […] Il faut s’employer chaque jour à donner le meilleur de nous-mêmes […] C’est un choix délibéré qu’on fait tous les jours. »

Faire preuve de respect authentique, c’est donc être entièrement soi-même, assumer cette part de soi, et non pas se conformer à des politiques et des procédures. Un engagement profond qui allie l’éthique et le soi. Mme Thacker rappelle qu’il s’agit d’un processus “d’auto-invention, de création et de façonnement de soi continu”. Il faut conserver ses filtres de communication, explique la psychologue Susan David dans L’agilité émotionnelle, tout en intégrant l’émotion, l’information et les valeurs dans ses communications et ses comportements pour donner le meilleur de soi-même.

Le respect authentique repose sur nos valeurs, ainsi que sur des compétences et des comportements qu’il est possible d’acquérir. Voici ce que nous pouvons faire pour l’intégrer à nos vies, selon les spécialistes.

1. « Dénoncer » ou « relever » les mauvaises attitudes

Quand un geste flagrant de discrimination, d’agression ou de manque de respect est observé, même s’il ne se voulait pas malveillant, il y a lieu de le dénoncer. La dénonciation vise à interrompre le comportement et à avertir publiquement la personne qui l’adoptait. Or, cette approche peut entraîner des répercussions publiques sans forcément corriger le comportement.

Quand on relève un comportement, on reconnaît que l’erreur est humaine, et on donne à la personne l’occasion de modifier sa conduite en faisant preuve de compassion et de patience. Natalie Schraner Hayes décrit la pratique comme suit :

« Quand on relève un comportement, on ne donne pas de leçon, on n’humilie pas l’autre personne et on ne la pousse pas à s’enliser dans la culpabilité. [Dans le cadre d’une conversation privée], c’est un outil précieux pour aborder les erreurs et créer un espace propice au changement et à une influence positive. »

2. Conserver sa curiosité

Quand on relève un comportement, on doit éviter de présumer de ce qui influence la conduite de l’autre. Au lieu de conclure d’entrée de jeu qu’un collègue vous a fait un commentaire condescendant pendant une réunion parce que vous êtes une femme, faites preuve de curiosité. Kim Hyshka de Dialogue Partners est une experte des conversations importantes et difficiles, qu’il s’agisse de les amorcer ou de les faciliter. Dans une telle situation, elle suggère de s’y prendre comme suit :

« J’aimerais prendre le temps de m’assurer que nous avons la même compréhension et la même information. Quand je t’ai entendu dire _____, cela ne m’a pas plu. Pourrais-tu clarifier ce que tu veux dire et d’où viennent ces propos? Ou voudrais-tu que je te donne plus d’explications? »

Vous constaterez peut-être en effet que votre collègue ne vous considère pas comme son égal.e en raison de votre genre, de votre rôle ou d’une autre raison, mais surtout, vous comprendrez mieux son point de vue ou ses motifs, et serez mieux éclairé.e pour la suite des choses.

3. Mettre sa position à contribution

Si vous êtes en position de privilège, surtout en tant que leader dans un poste de cadre, réfléchissez à la manière d’appuyer vos collègues. Une personne qui a moins d’expérience ou qui se sent moins bien établie dans son rôle hésitera à dénoncer ou à relever un comportement. Les personnes qui profitent d’une meilleure position devraient assumer cette responsabilité et discuter ouvertement avec leurs collègues du soutien qui leur est nécessaire. Celles qui, pour diverses raisons se trouvent en situation de minorité, profiteraient de l’aide d’un.e allié.e qui leur ouvrirait des portes, et qui mettrait en valeur leurs réalisations, leurs habiletés et leur expérience auprès des gens qui, intentionnellement ou non, ne sont pas prêts à les reconnaître.

Peu importe la stratégie adoptée, souvenez-vous : le respect authentique prend racine dans vos valeurs et votre conduite, et non dans les procédures et les politiques de l’université. Alors, comment ferez-vous preuve de respect authentique envers vos collègues?

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