Chasser les tempêtes en milieu universitaire

Mode d’emploi pour accepter la peur et faire preuve de courage dans votre travail.

Une jeune femme de dos qui regarde une tempête.

La chasse aux tempêtes consiste à regarder tout droit dans l’œil des plus violents orages, et à s’enfoncer dans la tourmente, plutôt que de s’en éloigner. Ce comportement est hautement contre-intuitif, car la nature même de l’être humain est de chercher le confort, en s’enfuyant ou en se réfugiant devant les menaces les plus terribles. Pourtant, les personnes qui s’adonnent à cette chasse sont bien au fait des risques encourus et agissent malgré tout.

Dans le milieu universitaire, nos craintes peuvent revêtir la même intensité, et la complexité de nos tâches et de notre environnement de travail, qui sont tout aussi intenses, rend l’attrait du confort infiniment séduisant. La dichotomie entre le confort et la peur peut prendre de nombreuses formes : faut-il proposer des méthodes d’évaluation innovantes ou se contenter d’offrir un examen final surveillé? Acceptons-nous cette offre d’emploi bien à l’extérieur de notre zone de confort, ce projet de recherche d’envergure qui nous intimide au plus haut point ou empruntons-nous ce qui semble actuellement être la voie facile?

Nos craintes les plus intimes se manifestent généralement lorsqu’il est question de relations interpersonnelles. Il n’est pas aisé de tenir tête aux personnes qui intimident, et il est tentant de se démobiliser face à notre milieu de travail plutôt que de collaborer pour l’améliorer. Trop nombreuses sont les personnes qui demeurent malheureuses mais fidèles à une université qu’elles connaissent mais détestent, se refusant la possibilité de faire face à une incertitude vertigineuse en changeant de milieu de travail ou de secteur.

Se pourrait-il que ce qui nous effraie le plus soit ce qui est à peine perceptible : ce qui remet en question notre identité ou les biais et préjugés profonds que nous entretenons depuis longtemps? Pouvons-nous taire notre ego pour prêter une oreille et montrer une ouverture aux gens qui ont des valeurs différentes des nôtres? Pouvons-nous admettre que nos éternelles critiques à l’égard d’autrui sont nourries par notre propre insécurité? Que nos actions peuvent reproduire des inégalités raciales ou sexuelles, voire marginaliser ou blesser? À l’université, la simple idée de ne pas incarner la perfection est terrifiante.

Confort ou courage?

Lorsque vous hésitez entre le confort et la peur, n’oubliez pas : nos réactions à cette dernière comptent bien plus que la peur elle-même. Pourtant, il est difficile de bien y réagir parce que ce sentiment et la vulnérabilité qui l’accompagne sont profondément désagréables. Comme le rappelle Brené Brown, on peut chercher le confort ou faire preuve de courage, mais on ne peut pas faire les deux.

Comment agir avec courage dans les situations qui nous effraient? Pourquoi ne pas s’inspirer de la chasse aux tempêtes? Le chercheur Paul Zunkel a découvert que les gens qui la pratiquent aux États-Unis ne foncent pas dans les tempêtes pour la poussée d’adrénaline surpuissante que cela procure ou encore en ignorant leurs craintes. En fait, les adeptes ressentent une peur intense, mais c’est la réponse à cette peur, motivée par la curiosité ainsi que le désir d’apprendre et de tirer parti de leurs expériences, qui dicte leurs actions. Ce faisant, ces personnes prouvent que le courage n’est pas synonyme de l’absence de la peur, mais bien la réponse à celle-ci.

Il est tentant de croire, pourtant à tort, que l’agressivité ou l’autodéfense permettent de surmonter la peur en milieu universitaire. Comme les personnes qui foncent vers la tempête, il faut sentir la peur, et bien se préparer à l’affronter en faisant preuve de curiosité et en se concentrant sur ce que l’on apprendra. Réfléchissez à la différence entre les gestes visant le confort et les actes de courage que vous posez, et n’oubliez pas que vous ne pouvez pas faire les deux. Pour avancer en toute sécurité, comme pour la chasse aux tempêtes, fondez vos actions sur des données empiriques et la connaissance de soi. Le milieu universitaire, comme on le dit souvent, gagnerait à mettre à profit un large éventail de connaissances provenant de différentes disciplines pour pallier les difficultés liées au travail. Faites appel à vos expériences passées et compétences transférables. Acceptez l’incertitude et composez délibérément avec elle. Même si vous avez déjà fait face à des situations effrayantes similaires, réfléchissez et préparez-vous autant que possible afin de vous sentir en confiance devant toute éventualité.

Dans quelles circonstances optez-vous pour le confort plutôt que pour le courage au travail? Au plus profond de vous-même, vers quels aspects terrifiants de vos tâches sentez-vous que vous devez vous élancer? N’oubliez pas : ressentir la peur signifie que vous vous rapprochez du but à atteindre. Sachez aussi que ce qui vous effraie n’est pas seulement lié aux autres et que si c’est votre cas, cela peut cacher autre chose. Accueillez et regardez en face ces aspects de vous-même qui vous effraient. Le courage émane de la peur et non en dépit de celle-ci, et en s’inspirant de la chasse aux tempêtes, il y a de nombreuses façons de traverser la tourmente avec courage et confiance.

Nous n’avons qu’une seule vie, une seule carrière et elles sont courtes. Un soubresaut dans l’histoire. Si vous deviez chasser une tempête universitaire, que feriez-vous avec bravoure aujourd’hui? N’attendez plus.

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