Cinq erreurs commises par les dirigeants universitaires
Les bons leaders écoutent attentivement, rejettent leurs idées préconçues et écoutent encore plus attentivement.
Dans le milieu universitaire, le leadership est essentiel. Or, ce n’est pas parce que vous croyez être un bon dirigeant que vous l’êtes. Comme en témoignent les offres d’emplois regorgeant d’expressions à la mode sur le leadership, même pour des postes universitaires de premier échelon, le milieu universitaire présente des défis tout à fait particuliers. Servez-vous des cinq erreurs les plus souvent commises par les dirigeants universitaires pour vous amuser à évaluer le leadership dans votre milieu de travail. Mieux encore, évitez de commettre ces erreurs fréquentes et coûteuses vous-même.
Erreur no 1 : Mal définir les priorités
Les bons leaders consacrent beaucoup d’efforts et de temps à leur travail et inspirent confiance par leur capacité à agir rapidement de façon éclairée. Cependant, ils ont parfois tendance à se définir selon des données comme le nombre d’heures travaillées ou de tâches accomplies. Malgré leurs bonnes intentions, leur dur labeur, même exécuté avec brio, pourrait n’apporter aucune réelle contribution aux résultats.
Les leaders sont véritablement efficaces lorsqu’ils prennent le temps de définir stratégiquement leurs priorités. Ils peuvent ainsi s’attarder à des éléments subtils qui empêchent l’aggravation de petits problèmes ou qui les résolvent directement en s’attaquant aux causes sous-jacentes. Comme l’explique l’expert en stratégie Richard Rumelt dans son livre Good Strategy/Bad Strategy: The Difference and Why It Matters, au lieu de se dépêcher d’intervenir dans des situations complexes, les leaders devraient d’abord évaluer la situation et concentrer stratégiquement leurs efforts sur ce qui importe le plus. Ils doivent ainsi déterminer le but à atteindre, puis travailler à rebours pour établir les priorités stratégiques et les étapes qui permettront de l’atteindre.
Erreur no 2 : Exercer son pouvoir et son autorité avant tout
Il est facile de s’appuyer sur son autorité et ce qu’elle représente, même dans des organisations aussi égalitaires que les universités. Sur le coup, il peut être valorisant de le faire et même utile pour que les choses s’accomplissent, mais le prix à payer est énorme. Ce n’est pas la fonction ni le titre qui définissent le leadership, mais la conduite et les actions. Comme les bons leaders récoltent essentiellement le fruit du travail des autres, ils valorisent et respectent ces derniers. Ils fournissent des commentaires souvent et ouvertement, et prêchent par l’exemple. Les bons leaders accordent davantage d’importance aux relations qu’aux titres. Ils demeurent ouverts à la possibilité d’avoir tort et n’estiment pas n’avoir plus rien à apprendre ou à améliorer.
Erreur no 3 : Penser que le problème vient des autres
Le leadership ne se résume pas à essayer de contrôler des gens ou des situations difficiles. Il faut plutôt mettre l’accent sur soi-même et sur sa propre conduite. Pouvez-vous soutenir sans jugement un collègue adhérant à des valeurs radicalement différentes des vôtres? Arrivez-vous à accueillir avec respect la perspective des gens avec qui vous vous entendez bien, mais aussi de ceux avec qui vous avez déjà eu d’importants différends? Les bons dirigeants n’attribuent pas la source des problèmes aux autres. Ils s’efforcent d’être ouverts, de démontrer de l’empathie et de bien agir, peu importe les circonstances. Pour y arriver, ils doivent assumer leur perception de la réalité et leur manière d’agir.
Erreur no 4 : Faire confiance à ses idées préconçues
Des études indiquent que les dirigeants universitaires sont tout aussi sujets aux biais cognitifs que les étudiants au premier cycle, mais qu’ils ont davantage tendance à faire fi de leurs propres biais. Dernièrement, Bill Gates a commenté le livre The Myth of the Strong Leader de l’historien Archie Brown, selon lequel les meilleurs leaders n’ont pas besoin de parler fort ou d’avoir beaucoup de charisme; ils doivent poser des questions et écouter. Comme l’a fait valoir Alex Ferguson, ancien entraîneur du club de football Manchester United, il y a une raison pour laquelle les humains ont deux oreilles et deux yeux, mais une seule bouche. Les bons leaders écoutent attentivement, rejettent leurs idées préconçues et écoutent encore plus attentivement.
Erreur no 5 : Se croire la personne la plus brillante dans la pièce
Les dirigeants se sentent parfois menacés par des collègues ou d’autres membres du personnel qui démontrent des aptitudes comme leaders et réussissent bien dans leurs fonctions. Ils peuvent alors s’approprier les idées des autres, ne pas accorder de promotion ou de soutien à ceux qui le méritent ou, pire, les congédier.
Les excellents leaders sont aussi susceptibles de ressentir ces émotions à l’occasion, mais ils reconnaissent les avantages de s’entourer de gens qu’ils perçoivent comme « meilleurs » qu’eux. Ces collègues peuvent les inciter à progresser sur le plan personnel, leur fournir du soutien et produire des résultats qui leur profiteront mutuellement. Peu de choses sont plus gratifiantes pour un dirigeant qu’agir comme mentor et aider les autres à se préparer à assumer un jour des fonctions de leadership.
Alexander Clark est vice-recteur adjoint à la recherche à l’Université de l’Alberta. Bailey Sousa est directrice de l’Institut international de méthodologie qualitative de l’Université de l’Alberta. Les conseils suivants sont tirés de leur récent ouvrage How to be a Happy Academic.
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