Comment mieux gérer les conflits en tant qu’universitaires

Pour évoluer lors d’une situation conflictuelle : favorisez l’apprentissage et la diversité, et tissez des liens de confiance.

Parfois, ça brasse dans le milieu universitaire, et malheureusement, la plupart du temps, on ne gère pas très bien les conflits. La tension monte. Les petits accrocs deviennent de grandes sources d’anxiété. La tempête fait rage dans le verre d’eau. Et, le pire, c’est qu’on se blesse mutuellement et que nos relations en souffrent – ce qui peut laisser des traces pendant des années, voire pendant toute une carrière.

Bien sûr, quand on est directement concerné, on s’imagine toujours que le conflit du jour est vital. On est perplexe : pourquoi ce manque d’écoute? Pourquoi si peu de considération pour ce qui me tient à cœur? Pourquoi cette absence totale d’attention ou de respect? On voit que l’autre a tort et s’entête à avoir tort. Son immoralité et son obstination peut nous secouer et nous frustrer.

À l’image des universitaires, les conflits qui peuvent naître entre eux sont d’une grande diversité : ils peuvent toucher à divers aspects du travail (éthique, méthodes de recherche, pédagogie, etc.), à des enjeux juridiques ou politiques (structures colonialistes, propriété intellectuelle, droits professionnels acquis, etc.), ou à des questions opérationnelles (mention d’auteur, répartition des tâches, etc.).

Ces conflits peuvent avoir lieu en public, dans des canaux officiels (pensez aux réunions départementales ou d’équipe), ou à mots couverts, lorsqu’on placote autour d’un café. Souvent, les conflits les plus hargneux ne sont pas les plus visibles. Il n’y a pas de débat enflammé, mais un froid; on ne se parle plus, on s’évite.

Alors comment peut-on mieux gérer les conflits?

Évoluer lors d’une situation conflictuelle

On ne montre pas uniquement aux pilotes à conduire dans des ciels dégagés : ces professionnels doivent être à leur meilleur malgré tout ce qui peut leur mettre des bâtons dans les roues – mauvais temps, imprévus, situations pressantes ou exigeantes, etc. C’est précisément lorsque ça barde que les valeurs, l’expérience et les compétences comptent le plus. Pourquoi, alors, le conflit fait-il si souvent ressortir le pire plutôt que le meilleur? En admettant que les conflits sont inévitables dans notre milieu, on peut se donner des moyens pour mieux se connaître soi-même, s’outiller et réagir dans les situations difficiles. Peut-on faire preuve de curiosité, d’écoute et d’empathie même lors d’un conflit avec quelqu’un qui présente des opinions et valeurs diamétralement opposées aux nôtres? À l’université, la capacité de détecter les conflits et de les gérer avec adresse est aussi essentielle que l’aisance à communiquer à l’oral ou à l’écrit. Lorsque le ciel s’assombrit, il peut être bon de se référer à des ressources sur l’art de tenir des conversations difficiles ou cruciales.

Ne pas oublier que la diversité alimente les conflits

Ce qui est ironique, c’est que ces conflits qu’on déteste reflètent souvent la diversité qu’on aime tant dans notre milieu. Compte tenu des différences de parcours, de disciplines, de philosophies, d’opinions politiques, de genres, etc., on devrait plutôt s’étonner que les conflits ne soient pas plus prévalents. La bonne entente devrait être l’exception plutôt que la norme.

Ce n’est donc pas le conflit qui pose problème, mais plutôt notre façon de le percevoir et de le gérer. Si on l’aborde dans une perspective axée sur la diversité, on se rend compte que nos différences ne sont que de riches manifestations des valeurs, des opinions et des passions propres à chacun. Cette nouvelle perspective nous rappelle tout ce que nous avons à apprendre des autres et l’importance d’écouter des voix différentes pour trouver la solution optimale à un problème ardu, que ce dernier soit de nature administrative ou scientifique. La diversité est mère de la créativité. Elle nous pousse à synthétiser un éventail d’opinions et nous aide à traverser les expériences difficiles.

La confiance jaillit de l’adversité

Même lorsque les conflits s’éternisent ou s’enveniment, ils peuvent quand même amener du positif. Pour ce faire, il faut chercher à bâtir la confiance, même au plus creux d’un différend.

La confiance est essentielle dans notre milieu. Sans elle, les actions les plus banales peuvent devenir problématiques. Elle est au cœur de chaque conversation, chaque interaction et chaque perception. Si l’autre ne nous fait pas confiance, même nos bonnes intentions peuvent se heurter à un mur d’incrédulité ou d’indifférence, voire d’hostilité. Mais si on se fait mutuellement confiance, on peut traverser presque n’importe quelle épreuve.

En matière de confiance dans le milieu universitaire, The Thin Book of Trust est un incontournable. Ce livre définit la confiance comme étant « la décision de risquer de rendre vulnérable face à l’autre quelque chose que vous valorisez ». En plus de proposer cette définition, il présente la confiance sous quatre angles : l’attention, la sincérité, la fiabilité et la compétence.

Lors d’un conflit, on peut toujours canaliser ses gestes et ses réactions dans au moins l’une de ces directions. La prochaine fois que vous vous trouverez dans une telle situation, que pouvez-vous faire pour que vos mots reflètent mieux votre ressenti? Pour montrer que vous vous souciez de l’autre?

Les conflits sont en réalité de précieuses occasions de bâtir la confiance sur des bases nouvelles et différentes, car ils surviennent lorsqu’on touche une corde sensible. Même si ça peut paraître difficile, et parfois au-dessus de nos capacités, il faut s’affairer à bâtir et à protéger la confiance.

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