C’est une vérité universelle : les universitaires manquent de temps. La pression de la réalité universitaire est constante, qu’elle soit liée aux activités de recherche, à l’enseignement, à la correction ou aux innombrables courriels et rencontres.
Le manque de temps alors perçu provoque un grand malaise, comme une vive claustrophobie rattachée au travail, un épuisement professionnel chronique et des problèmes familiaux. Il contribue aussi à de nombreuses frictions entre collègues et plombe la résilience de même que la santé mentale.
Le dilemme de la conciliation temps-travail en milieu universitaire
Ces obstacles découlent du dilemme de la conciliation temps-travail, qui lui est issu de l’éternelle coexistence du manque de temps et de la surcharge de travail. Les solutions habituelles se concentrent sur les deux aspects du problème : d’une part, souhaiter ou « créer » du temps, et d’autre part, aspirer à une charge de travail plus légère ou éviter les tâches supplémentaires.
Du côté du temps, nous nous plaignons sans cesse « d’en manquer » ou « d’en vouloir davantage ». Nous avons tendance à nous priver d’heures de repos pour travailler. Nous passons donc moins de temps à dormir, à faire de l’exercice, à socialiser ou à côtoyer nos proches. Nous imaginons des stratégies permettant de « gagner » du temps, une illusion produite par la poursuite de la productivité et de la maximisation du temps à l’extrême. Si seulement nous avions assez de temps…
Du côté du travail, nous rêvons de l’allègement prochain de notre liste de tâches ou du pouvoir rédempteur d’un congé sabbatique ou de vacances, pour enfin pouvoir récupérer. Les attentes personnelles et externes peuvent être irréalistes ou déraisonnables. Tandis que nous accomplissons nos tâches quotidiennes le plus rapidement et le plus efficacement possible, nous n’arrivons pas à nous détacher des tâches urgentes afin de mieux gérer le travail en amont. Si seulement le travail était différent…
La nature du temps et du travail universitaire crée un déséquilibre entre le temps potentiel et le travail potentiel, ce qui annule les solutions précédentes.
La nature du travail universitaire
Depuis plusieurs années, plusieurs ont écrit au sujet de la nécessité de concevoir le travail universitaire comme un travail intellectuel extrême – qui souligne le contraste entre les efforts consentis et les résultats obtenus, s’illustrant par des subventions refusées et des tentatives infructueuses d’améliorer la satisfaction des étudiants ou d’augmenter le recrutement de participants. Des semaines, voire des mois d’efforts peuvent être investis sans mener à des résultats tangibles. Les activités universitaires demandent beaucoup de créativité et d’autonomie, sans compter qu’elles offrent des possibilités presque infinies.
La nature du temps
Devant ce choix illimité, chaque petite tâche universitaire demande irrévocablement du temps. Même si nous désirons en avoir plus, le temps est immuable, de façon démocratique et indifférente. Peu importe notre âge, notre genre, notre ancienneté, notre poste, notre popularité ou nos compétences, nous disposons tous de 1 440 minutes chaque jour. Peu importe si notre journée est calme ou si la charge de travail prévue pour le lendemain est lourde – c’est là le temps dont nous disposons. À minuit, l’horloge se remet à 1 440 minutes.
Alors, comment mieux gérer la conciliation temps-travail?
1. Acceptez que vous ne disposerez jamais d’assez de temps pour venir à bout de votre charge de travail
En faisant un travail universitaire qui est presque infini de nature en un temps précis – la ressource la plus limitée –, vous vous exposez au surmenage. Pour vous libérer de ce stress, reconnaissez que vous n’aurez jamais le temps de tout faire et que ce n’est pas grave. Prenez une grande inspiration, renoncez à réclamer plus de temps et lâchez prise.
2. Définissez ce qu’est le succès
Concentrez-vous sur ce qui importe le plus dans votre travail. Cet exercice demande une connaissance aiguisée de votre définition du succès en tant qu’universitaire. Percevez votre travail non pas comme de simples tâches, mais comme une expression de votre savoir intérieur, de votre vision et de vos valeurs. Vous pourrez ainsi prendre des décisions en fonction de votre propre conception du succès.
3. Priorisez les bons choix
Puisque le temps ne peut être maîtrisé, axez votre énergie et vos efforts sur la gestion des priorités. Que devriez-vous faire en premier dans votre journée? Accordez-vous un temps suffisant aux tâches essentielles? Faites des choix conscients en allouant du temps à vos priorités.
4. Déjouez les voleurs de temps
Prenez les voleurs de temps au sérieux. Les courriels et les rencontres sont deux activités chronophages importantes chez les universitaires. Chaque courriel que vous écrivez et chaque réunion à laquelle vous participez consomme du temps irrécupérable. Une mauvaise gestion des courriels et des rencontres peut nuire à vos tâches plus importantes. Paradoxalement, les universitaires qui gèrent bien ces tâches consacrent plus de temps à leurs priorités, comme la recherche et l’enseignement.
Les cultures de travail universitaires sont remplies d’injustices et d’inégalités. La conciliation temps-travail n’arrête cependant pas la course inexorable du temps. Accomplir la vision et incarner les valeurs du travail universitaire à l’intérieur de vos 1 440 minutes quotidiennes ne se fera pas par magie – il s’agit d’une pratique quotidienne. Les attentes et les pressions sont infinies, mais votre apprentissage et votre progrès en matière de discernement des tâches universitaires importantes peuvent être un cheminement tout aussi long.