Doit-on diffuser en bloc les enregistrements de cours ou le faire chaque semaine?
Un professeur en sciences cognitives observe peu de différences entre la « méthode Netflix » et la « méthode Disney+ ».
J’enseigne un cours d’introduction de première année en sciences cognitives auquel assistent environ 300 étudiants en personne, et quelque 1 000 étudiants en ligne. Mes séances sont enregistrées, montées puis diffusées aux étudiants inscrits en ligne dans les jours qui suivent.
Je n’ai pas remarqué de différence notable entre les résultats des étudiants qui assistent en personne aux cours et de ceux qui y assistent en ligne. À titre d’exemple, à l’automne de 2018, les étudiants qui suivaient le cours en personne ont terminé avec une moyenne de 76,78 % tandis que les étudiants en ligne affichaient une moyenne de 74,21 %. Bien que l’écart puisse sembler intéressant d’un point de vue statistique, je n’y accorde pas d’importance puisque les deux moyennes équivalent à la note de B. À l’hiver de 2019, les étudiants présents en classe ont cumulé une moyenne de 76,04 % alors que leurs collègues en ligne affichaient une moyenne de 75,39 %. Le mince écart pourrait s’expliquer par le phénomène de l’autosélection : ceux qui ont tendance à procrastiner se sont retrouvés dans la section du cours en ligne puisque les places de la section en personne s’envolent rapidement.
Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, tous les étudiants ont basculé au mode en ligne, ce qui a évacué l’autosélection de l’équation. La moyenne des notes est passée de 69,21 % à l’automne de 2020 à 68,5 % à l’hiver de 2021, soit une baisse de six points de pourcentage par rapport aux trimestres précédant la pandémie. Parallèlement, j’ai entendu que d’autres classes affichaient la tendance inverse : les étudiants ont mieux performé lorsqu’ils sont passés au mode en ligne. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette tendance : l’apprentissage en ligne est parfois plus efficace, les professeurs proposent des évaluations moins exigeantes ou moins nombreuses, ou se montrent plus cléments à l’égard des étudiants.
Au moment de passer entièrement en ligne, j’ai réutilisé la plupart de mes enregistrements de cours antérieurs, à l’exception d’un, que j’ai remplacé par un cours récent. Ainsi, les étudiants qui ont suivi mon cours à l’hiver de 2020 ont eu accès aux mêmes ressources, tests et évaluations que les étudiants ayant suivi mon cours durant la pandémie, à l’automne de 2020 et à l’hiver de 2021, soit quatre tests à choix multiples et un travail écrit. Cela a facilité le contrôle.
J’étais curieux de savoir si le fait de diffuser en bloc mes enregistrements de cours (la « méthode Netlflix ») différerait de les diffuser semaine après semaine (la « méthode Disney+ »). Cela aura-t-il une incidence sur les notes des étudiants? À l’automne de 2020, j’ai publié tous les enregistrements de cours dès la première journée du trimestre, tandis qu’à l’hiver de 2021, je les ai diffusés chaque semaine.
J’ai tenté, dans la mesure du possible, de garder les mêmes conditions lors des deux trimestres. Tant avant la pandémie que pendant celle-ci, les tests ont été réalisés en ligne lors d’une plage horaire définie. Lors de ces tests de trois choix par question, les étudiants avaient accès à leurs notes ainsi qu’à Internet. Les questions à choix multiples provenaient d’une banque de questions qui ne change pas vraiment d’un trimestre à l’autre. J’embauche généralement huit auxiliaires d’enseignement qui m’assistent dans la correction des travaux écrits. Bien que la plupart des auxiliaires étaient les mêmes lors des deux trimestres, il y a eu quelques changements. Toutefois, l’ensemble des auxiliaires ont suivi mes instructions quant à la façon de corriger, et nous nous sommes entraînés à corriger ensemble afin de favoriser une constance entre les correcteurs.
Mes résultats : moins d’un point de pourcentage séparait les deux moyennes finales, la moyenne de l’automne de 2020 étant de 69,21 % tandis que celle de l’hiver de 2021 était de 68,5 %.
Il faut toutefois noter que les étudiants qui suivent le cours à l’hiver en sont à leur deuxième trimestre et que les étudiants de l’automne sortent fraîchement du secondaire. On aurait donc tendance à croire que les étudiants du trimestre d’hiver performeraient mieux puisqu’ils ont une plus grande expérience universitaire. Pourtant, il n’y avait pas de différence entre les notes obtenues aux trimestres d’automne et d’hiver avant la pandémie, tandis que les étudiants qui ont suivi mon cours à l’hiver durant la pandémie ont cumulé une moyenne inférieure à celle de leurs pairs de l’automne précédent, toujours en pandémie. En observant le mince écart entre les trimestres d’automne et d’hiver, j’ai pu conclure que le fait de diffuser les enregistrements de cours en bloc dès le premier cours ou de les publier chaque semaine n’engendre peu ou pas de conséquences. Ainsi, je recommande donc la « méthode Netflix », car il est plus aisé de diffuser les enregistrements en bloc dès le début du trimestre. C’est d’ailleurs ce que je privilégie depuis.
Bien sûr, cette analyse ne s’applique pas à tous les types de cours. Certains professeurs n’ont pas de cours déjà enregistrés à leur disposition, par exemple, ou ont des classes moins nombreuses qui comprennent des discussions. J’espère tout de même que les professeurs qui sont dans une situation similaire à la mienne trouveront cette analyse utile.
Jim Davies est professeur à l’Institut de sciences cognitives de l’Université de Carleton et directeur du Laboratoire des sciences de l’imagination.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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