Droits de scolarité des personnes étudiantes internationales : un fardeau à repenser

Les étudiantes et étudiants internationaux ne devraient pas payer de droits de scolarité différents.

20 janvier 2025
Photo courtoisie de : Pheelings Media

Pendant des décennies, j’ai entendu répéter — sur le campus et ailleurs — que les personnes étudiantes internationales devraient payer des droits de scolarité deux à trois fois plus élevés que leurs pairs du Canada. Ce raisonnement ne vise pas que les personnes du premier cycle, qui doivent souvent se faire aider à distance par leurs parents et accepter de petits emplois mal payés qui empiètent sur leurs études. Il vise également les étudiantes et les étudiants aux cycles supérieurs, qui contribuent aux réalisations de recherche des personnes qui les supervisent, de leurs partenaires et de leur département.  

 J’ai connu des étudiantes et étudiants internationaux aux cycles supérieurs qui passaient leurs nuits entières à dresser des inventaires dans des épiceries au salaire minimum, puis échouaient aux examens à cause du manque de sommeil et se voyaient forcés d’abandonner leurs études. Plusieurs retournent dans leur pays d’origine sans avoir réalisé leurs rêves et ceux de leurs parents, avec l’amère impression d’avoir fait honte à leur communauté.  

Dans bien d’autres pays, les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs sont financés par les universités et les agences nationales et n’ont pas à payer le moindre sou. Au Canada, ce financement passe, au moins en partie, par les bourses de recherche des superviseures et superviseurs. En quelque sorte, ce sont donc ces fonds — souvent déjà maigres — qui paient pour la hausse imposée aux étudiantes et étudiants étrangers des cycles supérieurs. Il serait préférable de s’en servir pour aider directement les travaux de recherche, par exemple en achetant du meilleur matériel ou en embauchant davantage de recrues étudiantes, y compris des recrues canadiennes. Dans le cadre de mes collaborations internationales, j’ai rencontré beaucoup d’étudiantes et d’étudiants d’autres pays (y compris des États-Unis) qui m’ont dit que le corps professoral n’avait pas à se soucier de les financer, dans la mesure où les universités s’en occupaient. Malheureusement, ce n’est pas le cas ici.  

  On justifie généralement la différence de tarif en arguant que les parents des étudiantes et étudiants au premier cycle ne paient pas d’impôts au Canada, alors que leurs enfants bénéficient du système éducatif public, parfois sans payer d’impôts non plus. Si l’on invoque la dimension économique, il convient de rappeler que les pays et sociétés d’origine ont déjà investi des sommes colossales, du temps et du capital social pour élever ces personnes, pour les amener à s’épanouir et pour les préparer à la réussite professionnelle. Cet investissement est, de fait, un transfert de fonds au bénéfice de la société canadienne et de ses contribuables ; il compense largement les pertes fiscales potentielles.  

 À l’instar des pays étrangers, le Canada investit dans ses enfants, de leur naissance à la fin de leur adolescence, pour en faire des professionnelles et des professionnels hautement qualifiés. Je n’ai pas de données concrètes, mais je suppose qu’environ 10 à 20 % de nos jeunes répondent à nos attentes ou les dépassent. C’est probablement aussi le cas à l’étranger ; et beaucoup de ces talents exceptionnels viennent étudier dans nos universités. Le processus de sélection des universités, qui n’accepte que les meilleurs profils, enrichit en fait le bassin de talents du pays. Il est temps de revoir les politiques de droits de scolarité, et peut-être même de songer à offrir des tarifs préférentiels aux étudiantes et aux étudiants internationaux. Les universités ont tout intérêt à accueillir à bras ouverts les jeunes qui ont du mérite et à leur offrir de bonnes structures scolaires et financières ; elles bonifieront ainsi leurs collectivités tout en procurant une certaine gratification. Tout le monde y gagne : les établissements, le corps professoral et la communauté étudiante. 

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