Être soi : un chemin vers le mieux-être
« Sois simplement toi-même! » est un conseil répandu. Mais que signifie-t-il exactement pour des personnes étudiantes en enseignement supérieur qui sont en pleine phase d’exploration identitaire?

L’importance du développement identitaire
Pour plusieurs jeunes adultes, la période 18-29 ans représente une période dédiée à la poursuite des études supérieures. Bien qu’elle soit riche en possibilités, cette période coïncide aussi avec une forte vulnérabilité aux problèmes de santé mentale : 62,5% des troubles mentaux apparaissent avant 25 ans et 33% des personnes étudiantes canadiennes rapportent des difficultés psychologiques pouvant nécessiter une prise en charge professionnelle.
Une partie de ces problèmes pourrait s’expliquer par l’inhabilité à accomplir certaines tâches développementales normative entre 18-29 ans, notamment la construction de son identité et la quête de sens. En effet, la caractéristique distinctive de cette période de la vie est l’exploration identitaire. Sans mission de vie claire pour motiver leur engagement dans des études qu’elles jugent enrichissantes les personnes étudiantes peuvent vivre leur parcours scolaire comme stressant, anxiogène ou déprimant. Ainsi, selon le professeur William Damon, le plus gros problème des jeunes aujourd’hui n’est pas le stress, mais l’absence de sens.
Le soi véritable comme guide vers le bien-être
Une façon d’accompagner ces personnes étudiantes dans la construction de leur identité et la recherche de sens est de les aider à découvrir leur soi véritable. Cette notion s’inscrit dans une métaphore de découverte intérieure selon laquelle l’individu doit explorer lui-même ce qui le définit vraiment. Le soi véritable renvoie aux véritables potentiels que possède chaque individu, c’est-à-dire ses talents, forces, valeurs, passions et objectifs personnels. C’est cette version de soi qui est authentique et qui reflète ce que l’individu est vraiment, indépendamment des apparences publiques et des facteurs extérieurs (ex. : pressions sociales).
Le soi véritable représente un idéal vers lequel l’individu doit se diriger et donc il peut servir de guide et de direction. Lorsque l’individu s’engage dans des activités qui reflètent son soi véritable, il devrait ressentir des sentiments agréables qui servent d’indicateurs qu’il se dirige dans la bonne direction. En effet, les personnes qui se laissent guider par leur soi véritable pour prendre leurs décisions rapportent des niveaux élevés de satisfaction, ce qui pourrait expliquer comment ce dernier peut favoriser leur bien-être.
Trois principes pour développer le soi véritable
Les connaissances scientifiques suggèrent que les stratégies pour favoriser le développement du soi véritable se regroupent en trois principes généraux.
Le premier principe consiste à « Découvrir, accepter et valoriser son soi véritable ». Il peut s’actualiser en faisant preuve d’introspection et de réflexions sur soi, par exemple en explorant ses valeurs, en découvrant ce qui donne un sens à sa vie et en explorant les réponses à des questions comme « Qui suis-je? » et « Pourquoi suis-je ici? ». Cette introspection serait facilitée par l’entremise d’exercices d’écriture et de discussions conduites dans la bienveillance. La pleine conscience serait un autre moyen de développer le soi véritable. Enfin, il serait même possible de réinvestir les événements difficiles de la vie pour favoriser les réflexions et la découverte de son soi véritable, par exemple en explorant comment ces événements influencent les réponses à des questions telles que « Qu’est-ce qui est important dans ma vie? ».
Le deuxième principe consiste à « Cultiver le courage d’être et d’exprimer son soi véritable ». Par courage, l’on entend des actions manifestées en faveur d’une cause significative en dépit de la présence de risques et de peur. Être véritablement soi-même comporte effectivement plusieurs risques : jugement, exclusion, représailles d’une personne en autorité, etc. Une étude a ainsi démontré que le courage favorise l’authenticité chez les personnes étudiantes. D’autres études ont trouvé que les personnes étudiantes qui font preuve de résilience ou qui s’offrent de l’autocompassion face à une situation adverse présentent des niveaux plus élevés d’authenticité. Ce deuxième principe pourrait aussi se manifester en cultivant son autonomie de manière à ce que ses actions soient guidées par des facteurs internes à soi-même plutôt qu’externes, en faisant preuve de liberté d’expression créative par les arts (ex. : écriture, théâtre, dessin) ou par l’entremise des expériences de vie, comme le début des études supérieures ou les voyages. En effet, le début des études supérieures et les voyages pourraient permettre à plusieurs jeunes de se redécouvrir de manière plus authentique en raison de la plus grande liberté que ces expériences leur procurent.
Le troisième principe consiste à « Développer un environnement qui accepte, valorise et soutient le soi véritable ». Ce principe peut s’actualiser grâce aux relations sociales bienveillantes. L’ingrédient clé dans ces relations est la sécurité émotionnelle, c’est-à-dire le sentiment d’être accepté(e), soutenu(e), compris(e), valorisé(e) et protégé(e) quand l’on est véritablement soi-même. Une autre façon dont ce principe s’actualise est en bénéficiant de modèles d’authenticité, par exemple des personnes qui poursuivent leurs activités sans se soucier exagérément de l’opinion des autres, qui adoptent des passe-temps non conventionnels, qui s’émancipent des normes de genre traditionnelles ou qui surmontent des difficultés pour s’offrir une meilleure vie. Enfin, il est possible de manifester ce principe en cultivant une culture académique qui valorise l’authenticité, par exemple lorsque les personnes étudiantes reçoivent des messages qui soulignent l’importance de leur identité et de leurs valeurs, ou lorsqu’elles sont encouragées par des personnes en autorité à être elles-mêmes, à exprimer leur opinion et à poursuivre leurs intérêts et passions (ex. : dans leurs projets de recherche).
Ainsi, accompagner les personnes étudiantes à découvrir leur soi véritable pourrait favoriser leur santé mentale et leur persévérance académique au cours d’une période de vie marquée par l’exploration identitaire. Les deux premiers principes pour développer le soi véritable suggèrent une responsabilité individuelle, c’est-à-dire découvrir, puis manifester son soi véritable. Le troisième principe suggère une responsabilité commune à nous tous à l’effet d’offrir un environnement où il est sécuritaire et valorisé d’être son soi véritable. Alors, la prochaine fois qu’on vous recommandera d’être véritablement vous-mêmes, vous sentirez-vous maintenant un peu plus outillé(e)?
Pour aller plus loin :

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série d’articles mensuels sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur portée par l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (OSMÉES) et l’Initiative sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (ISMÉ).
Postes vedettes
- Médecine vétérinaire - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint ou agrégé (chirurgie des animaux de compagnie)Université de Montréal
- Sciences de l'éducation - Professeure suppléante ou professeur suppléant (didactique des mathématiques au secondaire)Université du Québec à Trois-Rivières
- Finance - (2) Professeures adjointes/agrégées ou professeurs adjoints/agrégés (compabilité)Université Laval
- Systèmes d’information organisationnels - Professeure réguliere ou professeur régulierUniversité Laval
- Chaire d’excellence en recherche du Canada en sciences sociales computationnelles, en intelligence artificielle et en démocratie (Professeure agrégée ou professur agrégé ou titulaire)Université McGill
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